«Bötschi questionne» Seven: «Ça ne pourra pas être pire»

Bruno Bötschi

20.2.2020

Seven: «La musique a toujours fait partie de ma vie. Je crois que pour cette raison, il n’y a aussi jamais eu ce fameux moment où j’ai décidé que j’allais devenir musicien. On est musicien ou on ne l’est pas.»
Seven: «La musique a toujours fait partie de ma vie. Je crois que pour cette raison, il n’y a aussi jamais eu ce fameux moment où j’ai décidé que j’allais devenir musicien. On est musicien ou on ne l’est pas.»
Marco Grob

Il possède la plus belle voix de Suisse: voici Seven. Le chanteur parle de sa relation avec Nena, il donne des explications sur «Sing meinen Song – das Schweizer Tauschkonzert» (chante ma chanson – le concert d'échange suisse) et indique pourquoi il chante en allemand depuis peu.

Il est deux heures et demie de l’après-midi dans la «Kaufleuten Lounge» à Zurich. La chaîne TV24 m’a invité à l’occasion de la journée des médias pour «Sing meinen Song – das Schweizer Tauschkonzert» . Une entrevue de 45 minutes avec le chanteur de soul Seven, l’hôte de l’émission, est confirmée.

Une agitation intense règne dans le lounge. On chuchote. Francine Jordi est au téléphone à l’instant, tout à coup elle rit bruyamment. Marc Storace et Ritschi donnent des interviews à deux stations de radio. Les trois, en compagnie de Stefanie Heinzmann, Steff la Cheffe et Loco Escrito, que l’on n’a pas vus cet après-midi, vont réinterpréter les chansons de chacun des autres.

La nouvelle émission télé débute le 21 février. C’est donc l’occasion de sonder l’hôte Seven.

Seven, nous allons nous livrer aujourd’hui au jeu des questions-réponses: je vais vous poser un maximum de questions auxquelles vous devez répondre le plus rapidement et spontanément possible au cours des prochaines 45 minutes.

D’accord.

Si l’une des questions ne vous convient pas, dites simplement «Je passe».

«Je passe» ... «Je passe» ... il s’agissait d’un essai (il rit).

Je dois tout d’abord vous dire que je trouve que vous avez la plus belle voix de Suisse ...

... oh, merci.

J’ai écouté un soir, il y a quelques années de cela, une de vos chansons à la radio et j’ai pensé l’espace d’un instant qu’il s’agissait de Michael Jackson jeune.

Je vous tire mon chapeau avec une grande plume, mais il est probable que vous avez simplement mal écouté (il rit).

Est-ce bien vrai que vous avez fait une imitation de Michael-Jackson à l’occasion d’une fête de mariage lorsque vous aviez douze ans?

C’est vrai, c’était d’ailleurs les 50 premiers francs que j’ai gagnés en tant que chanteur. Michael Jackson était ma première idole de musique, son disque «Off The Wall» m’a ouvert des portes. J’aimais déjà la musique auparavant, mais ce disque a tout changé. Peu après, je me suis rendu au Carnaval déguisé en Michael Jackson, avec chapeau et gants.

Et voilà qu’on la ressent pour la première fois, la passion du musicien, sa flamme.

Vous avez fait un blackface?

Non, je me baladais en Jackson blanc.

Combien gagnez-vous aujourd’hui par représentation?

J’espère que c’est davantage que 50 francs. Mais mes dépenses sont également bien plus importantes qu’avant. À l’époque, un ghetto-blaster me suffisait pour m’accompagner. Je suis aujourd’hui sur scène avec mon groupe.

Seven: «Michael Jackson était ma première idole de musique, son disque «Off The Wall» m’a ouvert des portes. J’aimais déjà la musique auparavant, mais ce disque a tout changé.»
Seven: «Michael Jackson était ma première idole de musique, son disque «Off The Wall» m’a ouvert des portes. J’aimais déjà la musique auparavant, mais ce disque a tout changé.»
Marco Grob

Qui a découvert votre voix?

Je chante depuis que je suis petit, et cela toujours et partout. C’est toutefois mon premier professeur de musique qui a remarqué que j’avais peut-être un peu plus de talent que les autres. Il pensait que je devais absolument chanter dans un chœur.

Qu’est-il advenu ensuite?

Je devais avoir huit ou neuf ans lorsque le groupe de mon frère de 14 ans recherchait justement un chanteur. J’ai pu aller à une répétition où l’on m’a remis un micro en main. Les autres membres du groupe, tous bien plus âgés, ont déclaré ensuite: «Tu chantes comme un noir». Cela a aussi été un moment décisif. Un autre grand cadeau est le fait que mon frère fait actuellement toujours partie de mon groupe. Nous faisons de la musique ensemble depuis plus de 30 ans.

Lorsque votre premier album est sorti en 2002 sous votre nom de Seven, on vous a présenté comme le premier chanteur suisse de soul. Vous avez déclaré un jour dans une interview que «pour certaines personnes, c’était comme si une tortue voulait jouer au basket». Comment était-ce pour vous?

Je n’y ai pas pensé exactement de cette manière. Je ne me suis jamais dit: hé, je veux faire quelque chose que personne n’a encore jamais fait en Suisse. Je l’ai simplement fait. J’ai fait ce que je sais faire, ce que j’aime par-dessus tout.

Seven est votre nom d’artiste. Que signifie le chiffre sept pour vous?

Le sept est mon chiffre porte-bonheur. Je me gare volontiers sur la place de parc numéro sept …

… et en avion vous réservez toujours la septième rangée?

Pas toujours, mais quand cela est possible, alors oui. J’avoue être un peu superstitieux. Le chiffre sept est à la fois très proche et aussi d’un autre côté un peu effrayant pour moi. Et, chose spécialement importante, ma chanson favorite de Prince s’intitule «Seven».

Vous avez grandi dans une famille de musiciens, votre mère est pianiste, votre père ténor. Était-ce une évidence depuis votre tendre enfance que vous vouliez devenir musicien?

La musique a toujours fait partie de ma vie. Je crois que pour cette raison, il n’y a aussi jamais eu ce fameux moment où j’ai décidé que j’allais devenir musicien. On est musicien ou on ne l’est pas. Mais c’est une tout autre décision que de faire de la musique sa profession plus tard et de pouvoir gagner de l’argent avec.

N’avez-vous jamais lutté contre la musique car vous n’aviez plus envie d’en faire?

Non. C’est peut-être dû au fait qu’à la maison, chez mes parents, je n’ai jamais ressenti la pression que je devais absolument devenir musicien. Quand j’étais un jeune homme, je me suis engagé dans les styles musicaux les plus divers: j’ai été batteur dans un groupe de rock, j’ai chanté avec mon frère dans un groupe de funk et j’ai fait partie d’un groupe chantant a cappella.

Dans quelle mesure votre famille est-elle particulièrement étrange?

Il est plutôt inhabituel en Suisse que toute une famille fasse de la musique et de surcroît qu’elle gagne encore de l’argent ainsi. Et nous les Dätwyler (le nom de famille civil de Seven, ndlr.) avons encore un passe-temps particulier: nous aimons déformer les mots. Nous trouvons très amusant les confusions de lettres. Qui sait, c’est peut-être lié au fait que notre famille est originaire du même lieu que le comique Peach Weber. Je crois qu’à Wohlen, en Argovie, à chaque table de cuisine, on trouve un peu d'ironie (il éclate de rire).

Les réponses de Seven sont sûrement trop longues pour pouvoir traiter toutes les questions en l’espace de 45 minutes. Le journaliste est déjà sous pression, mais il ne le montre évidemment aucunement.

Votre grand désir inassouvi lorsque vous étiez un adolescent de 14 ans?

Je voulais être le petit ami de Sheila E., la batteuse de Prince.

«C’est pourtant un fait: un directeur général d’une grande banque suisse doit affronter chaque jour de nouveaux problèmes. Et afin de pouvoir les résoudre, il doit faire preuve de créativité. Créativité qui n’est malheureusement que bien trop peu encouragée dans notre système scolaire.»
«C’est pourtant un fait: un directeur général d’une grande banque suisse doit affronter chaque jour de nouveaux problèmes. Et afin de pouvoir les résoudre, il doit faire preuve de créativité. Créativité qui n’est malheureusement que bien trop peu encouragée dans notre système scolaire.»
Marco Grob

Encourage-t-on assez la pratique de la musique dans les écoles suisses?

Non, pas du tout. Les branches créatives telles que la musique ou le sport sont surtout insérées comme des pauses entre les supposées branches importantes. C’est pourtant un fait: un directeur général d’une grande banque suisse doit affronter chaque jour de nouveaux problèmes. Et afin de pouvoir les résoudre, il doit faire preuve de créativité. Créativité qui n’est malheureusement que bien trop peu encouragée dans notre système scolaire.

Quelles chansons chantez-vous lorsque vous êtes dans un embouteillage?

Tout dépend de mon humeur.

Chantez-vous aussi vos propres chansons?

Sûrement pas, ma devise en voiture est la suivante: pas de blasphème pendant que je suis coincé dans le trafic.

Où votre femme Zahra préfère-t-elle chanter?

Elle chante partout. Ma femme chante presque plus que moi à la maison, et toujours du jazz, du jazz, et encore du jazz.

Votre épouse est-elle une bonne chanteuse?

Une très bonne chanteuse même.

Quelle partie du corps de votre femme est si belle que vous aimeriez y consacrer une chanson?

Son âme, et il existe déjà toute une série de chansons à ce sujet.

Laquelle vous plaît le plus?

«Immer noch», il s’agit du deuxième single de pré-sortie de mon nouvel album «Brandneu», qui sortira fin février.

Votre chanteuse préférée de tous les temps?

Whitney Houston, pour toujours et éternellement.

Et votre chanteur préféré de tous les temps?

Un mélange de Freddie Mercury et Prince.

Jusqu’ici, ce n’était qu’un échauffement. Et maintenant, passons aux questions relatives à la nouvelle émission télé.

Vous êtes l’invité de la version suisse de «Sing meinen Song», que l’on pourra voir à partir du 21 février sur TV 24. Avez-vous décidé tout seul quels chanteurs et chanteuses vont pouvoir participer et chanter à cette émission?

L'autorité unique, mon royaume personnel (il rit), oui, c’est moi qui ai décidé qui participera à la première saison.

Quels chanteurs et chanteuses ont décliné votre invitation?

Encore personne.

Cela signifie que lors de la recherche de candidats pour «Sing meinen Song», les chanteurs et chanteuses suisses les plus adulés étaient présents. Mais alors Luca Hänni aurait dû également être de la partie …

Vous avez évidemment raison, il y aurait dû y avoir encore beaucoup d’autres musiciennes et musiciens. Mais pour la première saison, Stefanie Heinzmann, Francine Jordi, Steff La Cheffe, Loco Escrito, Ritschi et Marc Storace étaient la sélection d’artistes dont j’ai rêvé. Et je peux vous dévoiler tout ça: ma formule magique a fait ses preuves.

Comment voyez-vous votre rôle d’invité?

Faire des passes mais ne marquer aucun but.

Le concept de «Sing meinen Song – das Schweizer Tauschkonzert» est complètement axé sur les reprises de chansons. Qu’avez-vous éprouvé dans le passé lorsque des chansons que vous avez composées ont été reprises?

C’est à chaque fois un grand honneur lorsqu’un artiste reprend l’une de mes compositions. Qu’y a-t-il de plus beau lorsqu’une personne met sa créativité, sa passion dans une de mes chansons. Je me sens complètement flatté à chaque fois.

Les critiques que se font les chanteuses et chanteurs entre eux font également partie de «Sing meinen Song» . Comment faites-vous pour bien gérer les critiques?

Je suis perfectionniste jusqu’au bout des ongles. J’ai seulement du mal à gérer les critiques lorsqu’elles sont fondées.

Et quand elles ne sont pas fondées?

Elles rebondissent sur moi.

Dans la version allemande de «Sing meinen Song», cela devient souvent très personnel. Est-ce aussi le cas dans la version suisse?

Nous verrons cela quand l’émission sera diffusée. Les Suisses sont généralement considérés comme plus réservés. Je suis en tout cas extrêmement satisfait du résultat.

Qui a critiqué le plus gentiment, et qui a critiqué le plus durement?

Toute personne participant à «Sing meinen Song» a adopté les préceptes suivants: l’estime, le respect de la tâche à accomplir et l’humilité. Personne ne se bat à l’épée pendant l’émission car il ne faut briser personne.

Quelle chanson d’un autre artiste auriez-vous aimé écrire?

Waouh, la liste serait éternellement longue … «Fields Of Gold» de Sting … Mon Dieu, il y aurait encore des milliers d’autres morceaux, mais cette chanson de Sting est vraiment, vraiment très spéciale.

Vous avez déjà participé à la version allemande de «Sing mein Song», vous avez choisi le super hit de Nena «99 Luftballons» et vous vous êtes loupés à la première ligne. Auriez-vous préféré disparaître sous terre au moment où vous avez réalisé que vous aviez commis une erreur?

Lorsque je me suis trompé de ligne, j’aurais préféré rentrer directement chez moi. Avec le recul, j’ai toutefois réalisé que c’était la meilleure chose qui me soit arrivée. Il y a une année, Xavier Naidoo m’avait demandé si je souhaitais participer à l’émission. J’ai accepté, et ensuite le stress a augmenté mois après mois car je savais l’importance qu’une si grande tribune aurait pour mois. Mais la peur de pouvoir me louper s'est naturellement aussi intensifiée …

… et vous vous êtes loupé à la première occasion venue.

Tout-à-fait, et le pire de tout ce qui pouvait se produire est arrivé. Mais en même temps, toute la nervosité s'est estompée et je me suis senti tout à coup beaucoup, beaucoup plus détendu car je savais que ça ne pourra plus être pire.

Est-ce bien exact que Nena n’a pas remarqué que vous avez chanté une fausse phrase?

C’est exact.

Est-il également vrai que Nena ne voulait pas qu'une de ses chansons que vous interprétiez ne se retrouve sur l'album «Sing my song»? La raison: elle trouvait votre version trop bonne.

C'est une question à laquelle je ne peux répondre ni par oui ni par non.

Dans ce cas, je considère que la rumeur dit vrai.

Je ne peux pas non plus répondre par oui ou non à cette question.

La rumeur est-elle donc vraie? Le journaliste ne peut pas non plus répondre affirmativement ou négativement à cette question après l'interview, aussi s'il croit percevoir une tendance.

Qu'est-ce qui fait qu'une reprise de chanson soit bonne?

L'imitation n'apporte rien, il faut que j'adapte le morceau à ma façon

Doit-on avoir un certain état esprit lorsqu’on est sur scène?

Oui, être suffisamment reposé, éveillé, avoir bien mangé et n’avoir pas bu une seule goutte d’alcool.

Vos expressions faciales sont légendaires lorsque vous chantez, ou comme le disait un jour Annett Louisan: «Tout le corps participe au chant!»

Ou comme le déclarait le groupe TheBossHoss: «Des mimiques incontrôlées». Je trouve cette description encore plus cool (il éclate de rire). Je sais que quand je chante, j’ai souvent l’air de souffrir terriblement.

Seven: «Je devais avoir neuf ou dix ans lorsqu’on m’a offert mes premières baskets Michael Jordan. Mais cela fait bien longtemps que je ne suis plus autant accro qu'il y a quelques années. Je me rendais même auparavant à des conventions afin d’y acheter ou y échanger des chaussures.»
Seven: «Je devais avoir neuf ou dix ans lorsqu’on m’a offert mes premières baskets Michael Jordan. Mais cela fait bien longtemps que je ne suis plus autant accro qu'il y a quelques années. Je me rendais même auparavant à des conventions afin d’y acheter ou y échanger des chaussures.»
Marco Grob

Au fait, votre voix est-elle assurée?

Non.

Pourquoi pas?

Bonne question, il faut que je passe immédiatement un coup de téléphone. Peut-on faire une pause?

Y a-t-il de la musique que vous détestez?

Je dois tout d’abord téléphoner … Non, non, c’était une plaisanterie là. S’il y a de la musique que je déteste? Je ne crois pas. Peut-être je ne peux pas commencer grand-chose avec les personnes qui produisent les sons. Mais la musique n’y peut rien, ce n’est que de l’air en mouvement. En fin de compte, l'expéditeur est toujours décisif. Mais lorsqu’un artiste aime vraiment sa musique, ça m’est bien égal si la musique me plaît. Je trouve que l’authenticité justifie tout.

Portez-vous toujours les mêmes chaussures en concert?

Oh mon Dieu, non, non, j’ai tellement de paires différentes. Il m’est aussi déjà arrivé de n’avoir porté une paire de chaussures que durant un seul concert, de l’avoir remise ensuite dans son carton et d’avoir inscrit la date du concert sur la boîte.

La violoniste Anne-Sophie Mutter porte des robes sans manches afin de mieux sentir son violon sur la peau. Chantez-vous de préférence en T-shirt ou en costume?

Je fais partie de ceux qui trouvent que les vêtements confèrent la performance musicale et le lieu de concert confère le style vestimentaire. Si je donne un concert acoustique et que le public est assis, j’aime porter un costume. S’il s’agit d’un open-air en revanche, je me produis de préférence en T-shirt.

Quel est le sens de la musique? Pourquoi existe-t-elle au fond?

La musique est la langue la plus universelle existant au monde. Elle est la langue que toute personne ressent immédiatement, peu importe son origine et son âge. La musique nous montre encore toujours à quel point nous, les humains, sommes tous égaux.

Une vie sans musique serait pour vous …

… inimaginable.

Quelle autre chose est comparable à votre passion pour la musique dans votre vie?

Rien. La musique est mon premier amour. C’est un sentiment, une envie, une dépendance, un must, quelque chose d’inévitable, une obligation.

Et qu’en est-il avec votre collection de chaussures de sport Nike?

C’est mon gène de collectionneur. Je devais avoir neuf ou dix ans lorsqu’on m’a offert mes premières baskets Michael Jordan. Mais cela fait bien longtemps que je ne suis plus autant accro qu'il y a quelques années. Je me rendais même auparavant à des conventions afin d’y acheter ou y échanger des chaussures.

Vous avez déclaré en 2012 dans le magazine «Schweizer Illustrierte»: «Ma femme et moi avons certes un dressing commun, mais j’ai plus de chaussures qu’elle».

J’ai en définitive encore toujours plus de chaussures que ma femme.

Et cela fait combien de baskets Nike actuellement?

311 ou 312 paires.

Toutes numérotées?

Bien sûr.

Avec les quittances?

Non, car cela donnerait l'impression que je souhaiterais échanger mes chaussures un jour ou l'autre, chose que je ne veux faire en aucun cas. De nombreuses paires n’ont en outre jamais été portées et se trouvent dans leur emballage d’origine. Je dois cependant ajouter que cela fait dix ans que je suis sponsorisé par Nike, et qu'avant cela, j'ai vendu des chaussures Nike chez Jelmoli à Zurich pendant deux ans. Cela signifie que je me suis toujours trouvé à la source. Pendant mon adolescence, la situation était toutefois complètement différente: j’ai dû économiser des mois durant pour chaque modèle.

Seven: «Le nouveau CD est particulier dans la mesure où, à 41 ans, je publie pour la première fois un support sonore sur lequel je chante exclusivement en allemand. Un changement derrière lequel se trouve un long, très long processus.»
Seven: «Le nouveau CD est particulier dans la mesure où, à 41 ans, je publie pour la première fois un support sonore sur lequel je chante exclusivement en allemand. Un changement derrière lequel se trouve un long, très long processus.»
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Les pauses durant les entraînements rendent les sportifs meilleurs, les chanteurs aussi?

Oui.

À quelle dépendance êtes-vous particulièrement susceptible de succomber?

Au sport.

Devez-vous vous retirer pour écrire des chansons?

Je n’ai pas de recette pour écrire des chansons, et c’est bien ainsi. Ce serait sinon comme de la peinture par numéros. Et ce n'est définitivement pas faire de la musique pour moi. Il peut arriver que je me réveille le matin et que je doive annuler immédiatement tous mes rendez-vous car je sens qu'aujourd'hui, je dois écrire une chanson.

Ces jours-ci paraîtra votre nouvel album, intitulé «Brandneu». Si tout sera flambant neuf, cela signifie que Seven se réinvente totalement en tant que musicien?

Je l'ai fait à vrai dire sur chacun de mes albums parce que je n'ai jamais enregistré un disque qui sonnait comme le précédent. Le nouveau CD est particulier dans la mesure où, à 41 ans, je publie pour la première fois un support sonore sur lequel je chante exclusivement en allemand. Un changement derrière lequel se trouve un long, très long processus.

Chantez-vous désormais en allemand car vos chances de succès sont ainsi plus grandes en Allemagne?

Si l'on voulait m'accuser de faire des calculs, alors j'aurais dû déjà produire cet album il y a cinq ans, directement après mes apparitions dans «Sing meinen Song Deutschland».

Qu’est-ce qui est différent pour vous lorsque vous chantez en allemand plutôt qu’en anglais?

C’est beaucoup plus direct. J’ai joué les deux pré-singles «Seele» et «Immer noch» au cours des 18 derniers mois à peut-être plus de 150 concerts sans savoir si chacun des morceaux paraîtrait sur un album. Presque chaque concert a connu ses flambées d’émotions, les larmes ont coulé et il y a eu souvent des standing ovations pour deux chansons encore complètement inconnues du public. J’ai été particulièrement marqué par cela.

Pourquoi?

À la différence de quand je chante en anglais, les gens comprennent immédiatement les chansons chantées en allemand. J’ai dû d’abord m’habituer à cette «nudité».

Qu’est-ce qui est plus difficile: écrire des chansons en allemand ou en anglais?

L’anglais sonne moins vite plat. «I miss you so much» (tu me manques tellement) sonne bien, mais dans une phrase comme «Ich vermiss dich so sehr» il faut veiller à ce que cela ne sonne pas trop comme de la musique de variétés.

Vous partirez en automne en tournée à travers la Suisse et l’Allemagne. Il existe des groupes qui ont décrété une interdiction de téléphone portable lors de leurs concerts. Qu’en pensez-vous?

Je peux comprendre pourquoi des groupes appliquent cette règle. Je suis toutefois une personne qui n’aime pas se laisser dicter ce qu’il faut faire et autoriser, donc ce n’est pas une condition applicable à mes concerts. C’est aussi d’ailleurs une raison qui explique que pour mon nouvel album, j’ai fondé mon propre label et que je ne dépends pas d’une grande maison de disques. Je suis un esprit libre qui aime suivre sa propre voie.

En tant que musicien, vous avez un large public. Vous sentez-vous responsable de stimuler également vos fans en matière de réflexion politique?

Euh … je ressens une responsabilité vis-à-vis du public dans ce sens: si je paie pour voir un concert, alors je veux pouvoir ensuite dire en sortant: cela valait la peine. Mais clairement, si quelque chose m’énerve, je le verbalise alors sur scène. C’est pourquoi j’ai également enregistré le morceau «Die Menschen sind wir» avec Kool Savas et Nico Suave et eu des paroles dures face à l’extrémisme de droite. Lorsque qu’une chose me préoccupe, me bouleverse, je ne l’écris pas dans mon journal intime, mais j’en fais une chanson.

Oups, il s’agissait de sa première déclaration politique.

Avez-vous des rituels juste avant un concert?

Je suis une personne qui doit être très consciente de ce qu’elle veut faire sur scène. C’est pourquoi je répète aussi énormément avant une tournée. Une chose qui compte en outre énormément à mes yeux, ce sont les coulisses. Mais comme elles sont différentes sur chaque site, je prépare ma valise chez moi toujours de la même manière.

«La musique est mon premier amour. C’est un sentiment, une envie, une dépendance, un must, quelque chose d’inévitable, une obligation.»
«La musique est mon premier amour. C’est un sentiment, une envie, une dépendance, un must, quelque chose d’inévitable, une obligation.»
Marco Grob

Est-ce que vous déprimez après un concert?

Cela voudrait dire je tombe en dépression cent fois par année. Ce ne serait pas sain. Quand une tournée se termine, je me sens soulagé, ce qui est aussi un épuisement. Mais je suis resté intérieurement un si grand enfant que la prochaine idée me vient immédiatement à l’esprit et que je souhaite continuer à aller de l’avant. Non, je ne suis encore jamais tombé en dépression après une tournée.

Les concerts ont lieu la plupart du temps le soir, cela vous convient-il ou chanteriez-vous plutôt le matin pour votre public?

Le soir c’est bien, mais je suis content de pouvoir déjà jouer en général à 19h ou 20h. Certains groupes, qui ont un public différent du nôtre, ne jouent qu’aux environs de minuit, ce qui serait en définitive trop tard à mon goût.

Que regrettez-vous lorsque vous regardez votre parcours jusqu’ici?

Pour les personnes qui sont une bombe de table comme moi et qui suivent leurs idées saugrenues avec intensité et la tête haute, mieux vaut ne rien regretter dans la vie. Bien sûr, après coup, j’aborderais certaines choses différemment mais je n’ai aucun regret à cet égard.

Avec le recul, auprès de qui aimeriez-vous vous excuser?

Je n’ai pas de cadavre dans le placard.

Avez-vous peur de vieillir?

Pas encore, mais il y a deux ans, lorsque j’ai eu 40 ans, j’ai quelque peu réfléchi sérieusement à la question de l’âge. D’autre part, j’ai un fils de neuf ans et un autre de douze ans à la maison, les deux m’aident à rester jeune. En même temps, je suis conscient bien sûr que je vais vieillir comme tout le monde. C’est pourquoi je me réjouis de chaque jour que je passe où je suis en bonne santé et en forme.

Vous m’avez répondu ainsi à cette même question il y a quelques années: «Non. J’espère que j’aurai à 70 ans une maison au bord du lac, des dizaines d’enfants et petits-enfants et que nous ferons des grillades ensemble le dimanche».

Oh, je souscrirais aussi aujourd’hui encore à cette déclaration.

Et pour terminer, Seven saisit son portable: il souhaite maintenant passer un coup de téléphone.

«Sing meinen Song» a été diffusé le vendredi 21 janvier à 20h15 sur TV24. La fonction Swisscom Replay TV vous permet de regarder l’émission jusqu’à sept jours après sa diffusion.

Le journaliste de «Bluewin» Bruno Bötschi s’adonne régulièrement à ce jeu de questions-réponses avec des célébrités dans le cadre de sa chronique «Bötschi questionne». Il dispose d'une grande expérience en matière d'entretiens. Il a écrit durant de nombreuses années la série «Traumfänger» (l'attrape-rêve) pour le magazine «Schweizer Familie». Ainsi, il a demandé à plus de 200 personnalités quels étaient leurs rêves d'enfant. Le livre compilant tous ces entretiens a été publié par Applaus Verlag à Zurich. Il est disponible en librairie.
Le journaliste de «Bluewin» Bruno Bötschi s’adonne régulièrement à ce jeu de questions-réponses avec des célébrités dans le cadre de sa chronique «Bötschi questionne». Il dispose d'une grande expérience en matière d'entretiens. Il a écrit durant de nombreuses années la série «Traumfänger» (l'attrape-rêve) pour le magazine «Schweizer Familie». Ainsi, il a demandé à plus de 200 personnalités quels étaient leurs rêves d'enfant. Le livre compilant tous ces entretiens a été publié par Applaus Verlag à Zurich. Il est disponible en librairie.
zVg
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