«Bötschi questionne» Katrin Sass: «Nous allons encore regretter Madame Merkel»

De Bruno Bötschi

14.11.2019

Katrin Sass à propos de l'amour: «Je ne crois pas que nous aimons pour être soi-même aimé. Je crois bien plus à certaines relations qui fonctionnent à merveille. Comme celle du couple qui habite juste à côté de chez moi. Ces deux personnes sont ensemble depuis 60 ans et vivent comme en symbiose.»
Katrin Sass à propos de l'amour: «Je ne crois pas que nous aimons pour être soi-même aimé. Je crois bien plus à certaines relations qui fonctionnent à merveille. Comme celle du couple qui habite juste à côté de chez moi. Ces deux personnes sont ensemble depuis 60 ans et vivent comme en symbiose.»
Thomas Lüders / T&T

Un après-midi ensoleillé d’automne à Berlin, dans un café avec vue sur la porte de Brandebourg, monument certainement le plus prestigieux de la ville.

Katrin Sass, 62 ans, native de Schwerin, dans l'ex-RDA, est de bonne humeur mais indécise. Ce ne sont pas les  questions du journaliste qui la déroutent, mais Lucky, son jeune chien. Il n’a vraiment aucune envie de prendre place sous la table.

Au bout d'un moment, irritée par cette situation, l’actrice ramène Lucky dans son véhicule. L’énervement causé par l’animal passé, elle s’accorde un morceau de gâteau pour accompagner sa tasse de café au lait.

Et l’entretien peut commencer, sur sa vie, son addiction, le mur et le retour de la série policière «Baltic Crimes» en novembre dans laquelle on pourra voir Katrin Sass endosser pour la dixième fois le rôle de l’ancienne procureur Karin Lossow.

Madame Sass, dites-nous sur une échelle de un à dix: à quel point le monde est-il fou actuellement?

Huit.

Donc plutôt fou?

Oui, mais cela peut encore empirer, certaines voix affirment tout simplement que notre monde se trouve dans un état «extrêmement alarmant». Mais je n’affirmerais jamais de telles choses. Si l’on s’en persuade, cela devient dangereux.

Et à quel point êtes-vous folle?

Je dirais trois sur votre échelle. Si quelqu’un d’autre venait à me juger, le résultat serait probablement de sept. Je n’arrive pas à me juger de manière objective.

L’année 2019 est sans doute une année extraordinairement belle pour vous car vous pouvez célébrer trois commémorations: les 30 ans de la chute du mur, 20 ans sans consommation d’alcool, et en novembre, la diffusion du  10e épisode de la série «Baltic Crimes» .

Je dois vous reprendre, cela fait déjà 21 ans sans alcool.

Le «Spiegel» évoquait récemment que vous fêtiez cette année vos 20 ans de sobriété.

Faux, c’était 21 ans le 22 juillet 2019.

On a encore pu lire dans le même magazine que vous auriez vécu la chute du mur «perdue dans l’alcool».

Vous l’affirmez de manière très claire et correcte. Il faut quand même que je fasse une remarque à ce sujet: je suis plutôt trouillarde face à certaines choses. Lorsque le mur a été ouvert le 9 novembre 1989, cela signifiait au début que celles et ceux qui l’avaient tout de suite traversé ne pourraient plus rentrer en RDA. J’ai pensé à cet instant: une minute, il faut que je m’y prépare d’abord. Mais, dans un premier temps, je n’arrivais peut-être pas non plus à réaliser complètement ce qu’il était en train de se produire. Dans tous les tous cas, je me suis rendue seulement après trois jours à l’ouest pour la première fois.

La chute du mur il y a 30 ans, 21 ans sans consommer d’alcool: laquelle de ces deux choses influence durablement votre vie?

Les deux ont influencé ma vie de manière égale. Je n’arrive pas à dire quel élément a le plus d’importance.

Katrin Sass sur le théâtre: «Quand je travaillais encore au théâtre, nous nous rendions le plus souvent tous ensemble après le jeu à la cantine. Il fallait y descendre d’une manière ou l’autre. On regardait de travers les deux ou trois collègues qui avaient leur boîte à pain et se rendaient directement à la maison. Je sais aujourd’hui que ceux qui avaient une boîte à pain avaient raison.»
Katrin Sass sur le théâtre: «Quand je travaillais encore au théâtre, nous nous rendions le plus souvent tous ensemble après le jeu à la cantine. Il fallait y descendre d’une manière ou l’autre. On regardait de travers les deux ou trois collègues qui avaient leur boîte à pain et se rendaient directement à la maison. Je sais aujourd’hui que ceux qui avaient une boîte à pain avaient raison.»
Thomas Lüders / T&T

Les drogues et l’alcool semblent faire partie de votre milieu, ou n’est-ce qu’une fausse impression?

Je n’ai heureusement pas connu les drogues. Si nous en avions aussi eu en RDA, je serais probablement morte. Je suis contente que nous n’ayons pas eu ce truc ... je remercie la République démocratique allemande pour cela (elle rit).

L’actrice Beatrice Richter racontait dans une interview de l’hebdomadaire «Die Zeit», qu’avant c’était toujours, «tu dois venir boire avec nous après le tournage, sinon tu n’es pas des nôtres».

J’ai vécu cela de manière analogue. Quand je travaillais encore au théâtre, nous nous rendions le plus souvent tous ensemble après le jeu à la cantine. Il fallait y descendre d’une manière ou l’autre. On regardait de travers les deux ou trois collègues qui avaient leur «boîte à lunch» et se rendaient directement à la maison. Je sais aujourd’hui qu'ils avaient raison.

Avez-vous aussi une boîte pour votre repas avec vous aujourd’hui?

Je n’avais pas de boîte avant et n’en possède toujours aucune actuellement. Et de toute manière, je ne fais plus de théâtre. La scène ne m’attire plus. Mais les sensations après un tournage de film restent semblables: on se demande où tous les autres sont et l’on passe à côté du vivre-ensemble. On tombe dans un trou.

Que faites-vous aujourd’hui dans de tels moments?

Je sors dans mon jardin et regarde le lac. Je fais en fait tout l’inverse de ce que je faisais auparavant. L’eau a un effet tranquillisant sur moi.

En 2001, un jour seulement avant de gagner le Prix du film allemand pour votre rôle dans le film «Heidi M.» , vous avez rendu public, dans l’émission  late-night show «Koschwitz» le fait que vous avez été alcoolique pendant des années ...

Mais vous savez également tout. Très appliqué ... je pensais que seuls les Allemands étaient aussi assidus.

Pourquoi avez-vous fait votre outing précisément à ce moment-là?

Lorsque j’ai fêté mes «20 ans de sobriété» dans mon jardin avec des amis en été 2018, j’ai également invité le présentateur Thomas Koschwitz. Il est effectivement passé, même si cela faisait des années que je ne l’avais plus vu. J’ai présenté Koschwitz à mes hôtes avec cette phrase: «Voici l’homme qui m’a "outée" car il a demandé durant son émission si j’avais été renvoyée de ma fonction de commissaire à la télévision à cause de mon addiction à l’alcool». Il est venu me trouver plus tard et a dit: «Cela ne s’est pas passé ainsi, tu ne te souviens pas tout à fait de l’histoire».

Comment cela s’est passé alors?

Il y a eu une pause pendant l’émission au cours de laquelle Koschwitz m’a demandé si j’étais d’accord d’être questionnée sur mon éviction de commissaire à la télévision durant son show. Je lui ai dit: «Demandez donc». L’émission s’est poursuivie, Koschwitz a parlé sans cesse mais n’a jamais posé ladite question, jusqu’à ce que je saisisse le micro à un certain moment et déclare: «Mais vous vouliez encore me poser une question». Oui, c’est bien moi qui ai évoqué la question – pas Koschwitz. J’avais oublié après toutes ces années d’avoir moi-même forcé mon outing.

Et la suite?

Mon agent a appelé après l’émission et a déclaré: «C’est fini Katrin, ta carrière s’arrête ici».

Que s’est-il passé le lendemain?

Mon agent s’est à nouveau manifesté et m’a dit: «Tu as eu de nouveau de la chance, de nombreuses personnes ont appelé et déclaré: "Chapeau bas, Madame Sass"». Il s’agissait probablement de tous les téléspectateurs assis devant leur écran, un deuxième verre de vin à la main, durant la diffusion de l’émission de Koschwitz.

Vous avez affirmé un jour dans une interview: «Si quelqu’un m’enchaîne, je perds mon sang-froid». N’avez-vous jamais eu la sensation avec l’alcool d’être comme enchaînée?

Quand je buvais, je ne le ressentais pas ainsi, mais aujourd’hui je sais que j’étais dépendante et, de ce fait, prisonnière. Cela a été une période épouvantable. La dépendance psychique s’est d’abord installée, puis celle physique. Quand je devais me priver d’alcool pendant une journée, j’espérais seulement pouvoir trouver un médecin à proximité. C’était l’enfer.

Chaque recours à l'alcool était littéralement un cri d'amour. Quel amour recherchiez-vous?

Que recherchent les gens? L’amour avec un grand A bien sûr.

Vous avez été mariée autrefois.

Et alors? Nous, humains, continuons pourtant à chercher des choses dans une relation. Je pensais que je devais tout faire pour mon mari car je voulais m’excuser en permanence pour mes problèmes d’alcool. En même temps, j’ai quand même estimé n’avoir rien reçu en retour. Mais cela prendrait bien trop de temps maintenant pour tout expliquer. Et je ne suis pas non plus thérapeute.

Avez-vous déjà extrêmement souffert en amour?

Mais à qui ce n’est pas arrivé? C’est la vie après tout. Je n’aimerais cependant plus revivre cela, vraiment plus du tout. Hélas, l’amour n’existe simplement pas, mais bon, je ne veux pas m’attarder là-dessus aujourd’hui.

D’accord, j’accepte.

Je ne crois pas que nous aimons pour être soi-même aimé. Je crois bien plus à certaines relations qui fonctionnent à merveille. Comme celle du couple qui habite juste à côté de chez moi. Ces deux personnes sont ensemble depuis 60 ans et vivent comme en symbiose. Elles ont 84 et 86 ans et vont se promener comme autrefois en se tenant la main. Que c’est beau! Vraiment formidable!

Katrin Sass à propos de sa dépendance: «Cela a été une période épouvantable. La dépendance psychique s’est d’abord installée, puis celle physique. Quand je devais me priver d’alcool pendant une journée, j’espérais seulement pouvoir trouver un médecin à proximité. C’était l’enfer.»
Katrin Sass à propos de sa dépendance: «Cela a été une période épouvantable. La dépendance psychique s’est d’abord installée, puis celle physique. Quand je devais me priver d’alcool pendant une journée, j’espérais seulement pouvoir trouver un médecin à proximité. C’était l’enfer.»
Thomas Lüders / T&T

Vous étiez une actrice de théâtre et de cinéma à succès en RDA, tout comme à présent dans l’Allemagne réunifiée. Comment y êtes-vous parvenue?

Je l’ignore et je ne veux pas non plus le savoir. Je ne souhaiterais vraiment pas m’étendre davantage sur la réponse à cette question. Pas plus que cela: on m’a proposé un script pour un film avant-hier. Le rôle m’a presque coupé le souffle ... Génial! La classe! Mais je garde un calme absolu dans de tels moments, je ne crie pas ma joie sur les toits car, comme je l’ai évoqué avant: j’ignore pourquoi les choses ont pris une telle tournure pour moi ces dernières années. L’alcool en a emporté d’autres, moi j’ai arrêté, et, en plus de cela, je me suis rétablie.

Votre succès professionnel vous a-t-il aidé à faire oublier l’alcool?

Je ne sais vraiment pas pourquoi j’ai réussi à renoncer à boire. C’est tout autant une énigme pour mes thérapeutes qui ne comprennent pas comment j’ai supporté à l’époque le sevrage complet sans suivi clinique.

Dans l’hebdomadaire  «Zeit Magazin» , vous avez raconté à ce sujet: «J’ignorais complètement qu’il s’agissait d’un sevrage à froid potentiellement mortel. Puis tout a commencé dans l’appartement de ma mère: nausées, tremblements, je ne savais pas si mon cœur allait ressortir par l’arrière ou l’avant de mon corps».

C’est exact, il y avait danger de mort, mais je ne l’ai appris qu’après coup. Et j’ai également appris plus tard que de nombreuses personnes séjournent en clinique durant trois ou quatre mois, ne boivent plus la moindre goutte d’alcool, et, dès qu’elles sont dehors, se précipitent dans le premier magasin acheter une bouteille de bière.

Dans la  série télévisée «Weissensee» vous avez interprété la chanteuse Dunja Hausmann, qui boit volontiers plus que de raison: avez-vous utilisé vos expériences avec l’alcool lors du tournage?

Oui, évidemment. Il y avait une scène, qui, d’après mon expérience, était globalement mal écrite. Friedemann Fromm, le réalisateur de «Weissensee», est une personne fantastique. Il était donc clair pour moi que je devais réfléchir très précisément à la façon dont j’allais exprimer mes réticences.

De quelle scène s’agissait-il?

La scène se déroulait dans l’appartement. Dunja Hausmann, ivre, s’effondre dans la cuisine et décide de jeter tout l’alcool qu’elle possède puis d’aller se doucher. Une personne alcoolique n’agirait jamais ainsi. Elle ne se débarrasse pas de tous ses remèdes. Un alcoolique tenterait d’en conserver une partie pour le matin suivant, et il devrait également en avaler une gorgée d’abord, au risque de ne pas émerger du tout sinon.

Comment le réalisateur Friedemann a-t-il pris vos objections?

Il les a acceptées et a modifié la scène. Sa réaction était géniale.

On vous retrouvera en novembre sur le petit écran dans la  série policière «Baltic Crimes». Vous y jouez le rôle de la  procureur Karin Lossow, libérée de prison pour le meurtre de son mari commis quelques années auparavant et qui n’arrive simplement pas à tenir en place. Elle aime provoquer, et vous, en faites-vous de même dans la vie réelle?

Oui, Lossow tient cela de moi ... allons donc, c’était une plaisanterie (elle éclate de rire). La série «Baltic Crimes» me procure énormément de plaisir car ce n’est pas un polar traditionnel où l’on a affaire au commissaire, à la police et aux auteurs du crime, mais qui traite également toujours le sujet de la famille.

Faut-il qu’il règne une ambiance positive sur le plateau afin que vous puissiez bien interpréter votre rôle?

Oui.

Que faites-vous lorsque vous vous sentez surmenée sur le plateau? On dit que vous pouvez être très impulsive ...

... euh, je n’ai pas envie d’en parler maintenant ...

Êtes-vous douée pour vous excuser?

Je m’excuse plutôt trois fois que pas du tout.

Katrin Sass à propos du secret de son succès: «Je l’ignore et je ne veux pas non plus le savoir. Je ne souhaiterais vraiment pas m’étendre davantage sur la réponse à cette question.»
Katrin Sass à propos du secret de son succès: «Je l’ignore et je ne veux pas non plus le savoir. Je ne souhaiterais vraiment pas m’étendre davantage sur la réponse à cette question.»
Thomas Lüders / T&T

Quelle réaction impulsive avez-vous eue lorsque vous avez appris que votre meilleure amie vous espionnait du temps de la RDA?

Je savais depuis longtemps que la Stasi m’espionnait, mais jamais je n’aurais cru qu’il s’agissait de ma meilleure amie. Le moment où j’ai appris cela, est … était … je n’arrive pas du tout à le formuler avec des mots ... – j’en ai eu d’abord le souffle coupé puis plus qu’une seule envie: pleurer. Lorsque j’ai parlé plus tard à cette femme au téléphone, le ton était houleux, très houleux. Pendant un long moment, j’ai eu comme l’impression de jouer dans un très mauvais film.

Expliquez-nous cela.

Au début, je ne pouvais pas croire ce qui était écrit à mon sujet dans les documents de la Stasi. C’était déjà ... bon, le fait que nous en parlions aujourd’hui encore, 30 ans plus tard, démontre combien cela a été violent.

Auriez-vous préféré frapper votre amie?

Non, non...

De quelle manière vos relations envers vos semblables ont-elles changé après cette rupture de confiance?

La plupart des gens font ensuite davantage attention après de tels événements, d’autres se retirent complètement. Malheureusement ou peut-être aussi Dieu merci, ce n’est pas l’un de mes traits de caractère. Je trouverais terrible de constamment devoir surveiller ce que je dis et à qui. Bon, je commets des gaffes de temps à autre. C’est une partie de ma vie, je le sais.

Vous êtes-vous déjà sentie désavantagée en tant que femme?

Non, cela est probablement lié au fait que je me suis toujours défendue immédiatement si je me suis sentie traitée injustement. Pourquoi les femmes ne le font-elles pas? Sommes-nous toujours au Moyen-Âge?

Quand avez-vous été intimidée récemment par le vaste monde?

Vous voulez dire quand j’ai eu peur la dernière fois des évolutions politiques dans le monde? Le revirement à droite en Allemagne me pose évidemment un grand problème ainsi que la part élevée de suffrages en faveur du parti AfD (Alternative pour l'Allemagne). Je ne dirais quand même pas que cette situation m’effraie. Non, je ne veux pas transmettre ce sentiment à ces gens.

En Thuringe, dans la Saxe et le Brandebourg, plus de 20% des électeurs ont récemment accordé leurs voix à l’AfD. De nombreuses personnes ont prétendu qu’elles avaient agi ainsi en guise de protestation parce que les Allemands de l’Est ne seraient toujours pas pris au sérieux par la population ouest-allemande, qui se montrerait arrogante à leur égard.

Comment peut-on devenir simple électeur protestataire? C’est un non-sens total. Les électeurs protestataires ne choisissent manifestement pas leur parti en raison des contenus de son programme. Et que vais-je faire ensuite si ce parti arrive au pouvoir? Celui qui affirme que la liberté d’expression n’existe pas en Allemagne raconte des sottises. On trouve des journaux orientés à droite ou à gauche, et les politiciens de l’AfD sont régulièrement invités dans des débats télévisés.

Le «Spiegel» titrait récemment en première page: «So isser, der Ossi» (voilà comme il est, l’Allemand de l’Est).

Je n’apprécie guère cette tendance à tout généraliser, cela me met en colère. Je serais tout autant furieuse si un jeune homme me balançait au visage qu’en RDA, de toute façon, une personne sur trois faisait partie de la Stasi. Dans de tels moments, je me rebiffe et me défends: Halte! Stop! Oui, la RDA était ma patrie. On disait avant qu’une dictature ne peut pas être une patrie, mais la RDA était évidemment ma patrie. Et nous avions aussi, nous autres acteurs, nos créneaux.

Comment avez-vous vécu la réunification allemande de 1989/90?

Une grande chance réside dans le fait que les chars n’ont pas déferlé sur nous à l’époque. Il y a eu bien sûr quelques petits événements malencontreux et également beaucoup de tristesse. Mais comment la situation aurait-elle pu évoluer autrement? La RDA aurait-elle dû reprendre la RFA? Il aurait été naturellement possible, durant la phase initiale, d’améliorer de nombreux points et de mieux réfléchir à comment relier les éléments entre eux. Beaucoup de choses ont également dérapé sous l’égide du «Treuhandanstalt». Je souhaiterais que nous puissions tous revivre le 9 novembre 1989 afin de réaliser à nouveau combien cela a été grandiose. Sans coups de feu ni sang versé.

Avec Angela Merkel et Joachim Gauck, ce sont deux citoyens d’ex-RDA qui ont longtemps revêtu ensemble les deux fonctions gouvernementales en vue en Allemagne. Ne sont-ils pas tous deux perçus comme des figures d'identification?

Je m’interroge aussi. Une chose est sûre: nous allons encore regretter Madame Merkel. Je trouve grandiose la manière dont Angela Merkel laisse les critiques perler sur elle. J’admire cette femme. Je trouve ignoble comment les gens ont attaqué la phrase prononcée en 2015 par Merkel «Wir schaffen das» (ndlr, « nous y arriverons!»). C’est pourtant une phrase très humaine et chrétienne.

Quel projet avez-vous pour votre vieillesse?

Je n’en ai aucun.

Et pourquoi donc?

Ce qui doit arriver arrivera. De plus, je suis une très mauvaise planificatrice. Si des amis souhaitent organiser quelque chose avec moi la semaine prochaine, je leur dis toujours: rappelle-moi le jour J. Je sais que c’est un terrible trait de caractère mais je ne peux rien faire contre.

Katrin Sass sur les électeurs protestataires: «Comment peut-on devenir simple électeur protestataire? C’est un non-sens total. Les électeurs protestataires ne choisissent manifestement pas leur parti en raison des contenus de son programme. Et que vais-je faire ensuite si ce parti arrive au pouvoir?»
Katrin Sass sur les électeurs protestataires: «Comment peut-on devenir simple électeur protestataire? C’est un non-sens total. Les électeurs protestataires ne choisissent manifestement pas leur parti en raison des contenus de son programme. Et que vais-je faire ensuite si ce parti arrive au pouvoir?»
Thomas Lüders / T&T

Craignez-vous la mort?

Oui, c’est pourquoi je me suis mise à lire il y a quelques temps des textes et des ouvrages de personnes ayant vécu des expériences de mort imminente. C’est quelque part fou la manière dont nous, humains, nous accrochons à la vie. Nous n’existions pas non plus auparavant.

Croyez-vous à une vie après la mort?

Oui, mais seulement depuis que j'ai arrêté de consommer de l’alcool. Et je ne crois plus non plus aux coïncidences depuis lors.

Que seriez-vous devenue si vous n’aviez pas percé dans le cinéma?

Un chien.

… et pourtant vous êtes un être humain …

… oui, justement, alors j’aurais fait fabriquer des oreilles tombantes, j’aurais porté un masque de chien comme le  chanteur de rap Cro et j’aurais aboyé (elle rit).

Et sérieusement?

Je n’arrive pas à l’imaginer, je n’ai jamais rien connu d’autre. J’aurais probablement envisagé une activité en lien avec les animaux, peut-être responsable d’un chenil. Même si cela donne énormément de travail et qu’honnêtement, je n’en raffole pas vraiment.

Êtes-vous paresseuse?

Je ne sais pas si le mot paresseux convient ici. Pourtant je déteste travailler... même si je ne sais pas exactement ce que signifie travailler.

Le métier d’actrice n’est pas fait pour vous?

Non, en effet, il est parfois épuisant. C’est tout de même une chance énorme de pouvoir faire de sa passion un métier.

Le journaliste de «Bluewin» Bruno Bötschi s’adonne régulièrement à ce jeu de questions-réponses avec des célébrités dans le cadre de sa chronique «Bötschi questionne». Il dispose d'une grande expérience en matière d'entretiens. Il a écrit durant de nombreuses années la série «Traumfänger» (l'attrape-rêve) pour le magazine «Schweizer Familie». Ainsi, il a demandé à plus de 200 personnalités quels étaient leurs rêves d'enfant. Le livre compilant tous ces entretiens a été publié par Applaus Verlag à Zurich. Il est disponible en librairie.
Le journaliste de «Bluewin» Bruno Bötschi s’adonne régulièrement à ce jeu de questions-réponses avec des célébrités dans le cadre de sa chronique «Bötschi questionne». Il dispose d'une grande expérience en matière d'entretiens. Il a écrit durant de nombreuses années la série «Traumfänger» (l'attrape-rêve) pour le magazine «Schweizer Familie». Ainsi, il a demandé à plus de 200 personnalités quels étaient leurs rêves d'enfant. Le livre compilant tous ces entretiens a été publié par Applaus Verlag à Zurich. Il est disponible en librairie.
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