Quésaco La précrastination, ou quand on confond vitesse avec précipitation

Relaxnews

3.12.2024 - 15:20

On adore critiquer les procrastinateurs, ces maîtres dans l’art de tout remettre à plus tard. Mais leurs opposés, les précrastinateurs, ne valent pas mieux qu’eux. Leur goût pour le «tout, tout de suite» peut s’avérer tout aussi problématique.

Les précrastinateurs cherchent à se débarrasser au plus vite des tâches qui leur incombent dès qu'elles se présentent.
Les précrastinateurs cherchent à se débarrasser au plus vite des tâches qui leur incombent dès qu'elles se présentent.
thomas-bethge / Getty Images

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Précrastination signifie étymologiquement «avant demain». Il désigne le fait d’accomplir une tâche dès qu’elle nous est confiée, quelle que soit la date butoir. Cette notion a été théorisée pour la première fois par David Rosenbaum dans une étude, parue en 2014 dans la revue Psychological Science. Ce professeur en psychologie à l’Université de Californie avait conçu une expérience qui consistait à demander à des volontaires de transporter un seau d’eau d’un point A à un point B. Ils avaient le choix entre plusieurs sceaux, certains plus éloignés de la ligne d’arrivée que d’autres.

Curieusement, les participants optaient pour les seaux d’eau situés à proximité de la ligne de départ, malgré l’effort supplémentaire que cela leur demandait. «Ce choix d’apparence irrationnel reflétait une tendance à la précrastination, un terme que nous introduisons pour désigner l'empressement à accomplir des sous-objectifs, même au prix d'efforts physiques supplémentaires», écrivent David Rosenbaum et ses confrères dans son étude.

En d’autres termes, les précrastinateurs cherchent à se débarrasser au plus vite des tâches qui leur incombent dès qu'elles se présentent. C’est le genre d’individu qui répond à ses mails dans la minute, ou qui rédige l’ordre du jour de la prochaine réunion des semaines à l’avance. Les to-do lists? Très peu pour eux. Les précrastinateurs sont dans l’ultra-réactivité, quitte à s’en mordre les doigts par la suite.

Apprendre à apprécier la lenteur

Car, comme le dit le proverbe, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Envoyer un document à son n+1 sans l’avoir relu et peaufiné peut avoir des conséquences regrettables. Le principal écueil de la précrastination est l’immédiateté. À vouloir tout faire rapidement, on risque de commettre des erreurs et, surtout, de plus réussir à distinguer l’important du secondaire. En 2018, des chercheurs de l’université de Princeton ont découvert que le noyau accumbens, une zone cérébrale impliquée dans le système de la récompense, s’active fortement lorsque l’on achève une tâche demandant peu d’effort.

Autrement dit, notre cerveau favorise naturellement la simplicité. Les précrastinateurs préfèrent enchaîner rapidement plusieurs petites tâches, au lieu de s’attaquer à une mission complexe nécessitant davantage de temps et de réflexion. Ce qui peut, à la longue, freiner leur évolution professionnelle. Mais aussi provoquer des tensions avec leurs collègues. En effet, leur tendance à agir dans l’urgence agace ceux avec qui ils travaillent, tout comme leur côté «bon élève». De quoi nuire au collectif et, donc, à la performance globale de l’entreprise.

Pour éviter d’en arriver là, les précrastinateurs doivent apprendre à apprécier la lenteur. Au lieu de s’agiter dans tous les sens comme le lapin blanc des «Aventures d’Alice au pays des Merveilles», ils doivent comprendre que prendre son temps ne signifie pas nécessairement le perdre. Comme le rappellent les spécialistes, notre cerveau ne peut pas tourner à plein régime 24 heures sur 24. Il a besoin de moments calmes pour se régénérer. Il serait donc sage de suivre l’exemple du lièvre et de la tortue de La Fontaine, en se souvenant que «rien ne sert de courir; il faut partir à point».

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