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«Bötschi questionne» Rüdiger Nehberg: «Je n’ai jamais été porté disparu»
De Bruno Bötschi
20.1.2020
Rüdiger Nehberg, 84 ans, a vaincu les forêts vierges et les océans. Au fil des années, l’aventurier s’est transformé en militant des droits de l’homme. L’occasion d’un entretien pour parler de la vie dans la nature sauvage, son combat contre les mutilations génitales et la mort.
Monsieur Nehberg, je dois avouer que je vous ai détesté lorsque j’étais jeune.
Pourquoi donc?
En 1989, vous mangiez des insectes et des vers au cours de l’émission ‹Eins zu Eins: Steinzeit-Survival› en direct à la télévision suisse alémanique. J’en ai fait des cauchemars.
Ah, c’est de ça qu’il s’agit.
Vous étiez à l’époque présent comme motivateur au studio de télévision et avez donné des conseils à distance aux candidats, trois femmes et trois hommes, sur la meilleure manière de survivre selon vous dans une forêt isolée du Jura. Vous avez raconté entre autres que les sauterelles avaient un goût de noisette. Pourquoi êtes-vous resté au studio à cette époque et n’étiez pas à la forêt en expédition?
Vous avez raison, je me suis posé la même question. J’aurais préféré me trouver à l’extérieur, dans la nature. Le concept de l’émission était malheureusement différent. Les candidats devaient être livrés à eux-mêmes et survivre durant deux semaines sans outils de la civilisation moderne.
On propose même désormais à la vente des criquets, des vers de farine et des larves de pyrale frits au supermarché comme aliment. En consommez-vous aussi?
J’étais récemment en Valais pour une conférence où j’ai rencontré un homme exploitant une ferme d’élevage d’insectes à Zurich. Il m’a fait goûter des biscuits à base de vers de farine.
Et?
J’en ai mangé 500 grammes d’un coup, tant c’était bon.
Quels insectes considérez-vous comme gourmands et quels autres recommanderiez-vous pour une consommation régulière?
Les vers de farines et les criquets sont mes préférés. Durant mes voyages en Amazonie, je me suis aussi souvent nourri de noix tombées des aiphanes (ndlr: palmiers au tronc fortement épineux). On y trouvait aussi parfois à l’intérieur des chenilles grosses comme le bout des doigts …
… que vous avez également mangées?
Oui, bien sûr, elles ont la même saveur exquise que les noix dont elles proviennent, seulement avec un goût plus délicat, crémeux, sucré et plus gras.
Quels aspects de la nature sauvage vous fascinent?
On remarque dans la nature comment tout fonctionne et est lié ensemble, des mouches aux baleines. C’est cela qui me fascine depuis mon enfance. Petit, les serpents m’attiraient particulièrement. J’étais impressionné par la façon dont ses créatures dépourvus de bras et de pattes se débrouillaient merveilleusement bien. Mon père a été la première personne à me faire découvrir les serpents.
Votre père vous a-t-il sinon également expliqué le fonctionnement du monde?
À vrai dire, plutôt non. Il était fonctionnaire alors que moi je préférais les escapades dans la nature. Si mon père avait pu décider, je serais devenu banquier. J’ai également effectué une période d’essai à la banque mais après une semaine déjà, j’ai eu une violente migraine et n’étais dès lors presque plus capable de communiquer. La comparaison de chiffres et la gestion de la fortune d’autrui ne me convenaient pas. Je me suis ensuite tourné vers le secteur agro-alimentaire et j’ai appris la profession de pâtissier.
Reprenons: qui vous a expliqué ce qu’est la nature?
J’allais souvent me promener avec mes parents. Mon père et ma mère m’ont dès lors expliqué l’une ou l’autre chose durant ces excursions. Je me suis véritablement penché sur la question de la flore et de la faune lorsque j’ai abordé le thème de la «survie» à l’âge adulte.
Vous avez travaillé en tant que pâtissier à Hambourg, vous étiez propriétaire d’une entreprise comptant 50 salariés. Comment en êtes-vous arrivé à traiter du thème de la survie?
Grâce à des livres que je m’étais procuré aux États-Unis. J’ai toutefois rapidement réalisé que les auteurs n’avaient souvent même pas testé leurs propres astuces. L’un d’eux avait recopié un autre auteur et n’avait pas réussi à dépasser les bases élémentaires de survie. Je ne voulais pas seulement lire des ouvrages sur le sujet, mais également mettre à profit tout ce que j’ai appris et explorer davantage. Je voulais savoir comment construire un igloo, et comment m’échapper d’une maison en feu ou combien de temps je peux survivre sans nourriture.
Que s’est-il passé ensuite?
J’ai commencé par m’entraîner seul. Je me rendais par exemple sur un lac gelé, je perçais des trous dans la glace et plongeais de trou en trou. En s’intéressant à certains sujets, on fait très vite la connaissance de spécialistes prêts à transmettre leur savoir. Je n’ai jamais été soldat moi-même mais j’ai pu prendre part à de nombreux entraînements de la Bundeswehr (ndlr:l’armée allemande). J’ai à chaque fois rendu la pareille en présentant des conférences sur la survie au cours desquelles j’ai par exemple raconté comment je me suis fait étouffer par un boa.
Qu’est-ce qui vous a poussé dans cette voie?
Je souffre peut-être d’un syndrome du sauveur. De surcroît, j’aime l’aventure et j’ai toujours voulu avoir une vie passionnante. Comme je l'ai dit au début, je ne suis pas le genre de personne faite pour être vissée sur sa chaise au bureau et regarder quelle garniture le voisin a sur son pain. J’ai toujours voulu entreprendre quelque chose, sortir dans la nature.
Votre carrière de «pape de la survie», surnom que le «Spiegel» vous a donné un jour, a débuté il y a près de 50 ans: vous parcouriez à l’époque le Nil bleu sur un radeau en Éthiopie. Vous avez été attaqué et votre caméraman abattu à l’occasion d’une autre expédition sur le fleuve en 1975. Ce tragique événement ne vous a-t-il jamais empêché de repartir vers de nouvelles aventures?
Non, à aucun moment. Nous étions partis à trois à l’époque et chacun était tout à fait conscient que de tels événements pouvaient survenir. Des accidents mortels de la circulation se produisent également chaque jour, et nous continuons pourtant à traverser les rues.
Vous semblez être un gars intrépide. Existe-t-il quand même des animaux, des plantes ou des événements météorologiques dont vous avez peur ou du moins qui vous inspirent du respect?
J’ai constaté au fil des années que les animaux et la météo sont pratiquement évaluables à 100%. Le seul facteur incalculable reste l’être humain, on peut seulement l’évaluer correctement lorsque l’on s’attend au pire et que l’on se réjouit d’une situation moins mauvaise.
Il n’existe donc aucun animal au monde que vous ne craigniez?
Je n’éprouve pas de la peur, mais du respect. Celui qui ignore la peur peut très vite être mort.
Avec le temps, vous êtes passé toujours plus d’un rôle d’aventurier à celui de militants des droits de l’homme. On pourrait affirmer que vous êtes un des prédécesseurs de Greta Thunberg. Êtes-vous également du même avis?
Oui et non. Greta est bien plus radicale que moi. C’est aussi dû au fait qu’elle se trouve dans une situation d’urgence différente. La jeunesse actuelle doit aujourd’hui subir les conséquences de ce que nous, l’ancienne génération, leur avons créé.
Êtes-vous fan de Greta?
J’aime Greta et je trouve sa détermination exemplaire. Elle devrait avoir valeur d'avertissement auprès de l’ensemble des politiciennes et politiciens qui discutent aujourd’hui en permanence d’objectifs climatiques quelconques pour les années 2030 ou 2050. Ces personnes ne vivront probablement plus à ce moment-là. C’est pourquoi elles ne peuvent plus être contraintes de rendre des comptes. Il est clair que notre monde ira plus rapidement à la dérive que les nombreux politiciens prêts à agir aujourd’hui. En tant que politique, on se retrouve intégré dans la lourdeur de la démocratie. Les problèmes majeurs à mes yeux viennent de la surpopulation et des excès des hommes. Cela contredit la nature de tout être vivant de ne pas s’améliorer, la survie du plus apte.
Que représente pour vous la jeune militante du climat suédoise, une icône ou une poupée télécommandée?
Comme je l’ai indiqué précédemment: je trouve formidable l’engagement de Greta. Et non, à mon avis elle n’est pas manipulée. En écoutant ses interviews, on remarque sa vivacité d’esprit. Greta est une jeune femme intelligente et consciente de ses responsabilités. Lors de son discours à l'ONU, j’ai applaudi debout, devant ma télévision.
Vous secouez encore toujours l’opinion publique en effectuant des actions spectaculaires. Vous avez ainsi traversé l’Atlantique en pédalo en 1989 afin de sensibiliser les gens au sort du peuple des indiens Yanomami d’Amazonie, au Brésil.
Après avoir découvert les Yanomami dans leur forêt gigantesque, j'ai constaté qu’ils étaient menacés, eux et leur habitat, par des chercheurs d’or. Je suis devenu le témoin oculaire d'une menace de génocide. J’ai réalisé à un moment donné que les populations indigènes ne peuvent s’aider elles-mêmes, elles ont besoin d’une assistance extérieure. En ne faisant rien, je m’abaisse au rang de complice. Suite à cela, j’ai écrit un ouvrage sur les Yanomami, mais qui n’a que peu touché les gens. Il me fallait davantage d’attention. Les échecs ne m’ont jamais déprimé. Ils ont au contraire stimulé ma créativité.
Le problème lors de la planification de votre traversée en pédalo, c’est que vous ne connaissiez rien à la navigation …
… mais comme bien souvent dans la vie j’ai eu de la chance. Un ancien capitaine qui habitait près de chez moi m’a tout expliqué. Comme le GPS n’existait pas à l’époque, on ne pouvait que naviguer au sextant. Et il m’a encore donné quelques autres conseils pratiques: il a jeté quelques morceaux de polystyrène dans les toilettes et a actionné la chasse d’eau. Lorsque l’eau s’était à nouveau immobilisée, les morceaux de polystyrène flottaient intacts à la surface. Il voulait dire que c’est exactement ainsi que mon embarcation devait fonctionner, rien ne devait couler.
Qu’est-ce qui vous a fasciné chez les Yanomami?
Les Yanomami ne connaissent pas le raisonnement progressiste et la recherche du profit. Il n’y a pas de surpopulation ni de déchets. Ils ne pensent pas constamment au lendemain. Ils vivent au jour le jour. Leur mode de vie m’a fasciné et c’est ce qui m’a valu ce coup de cœur pour eux.
En 2000, vous avez réussi à faire reconnaître et protéger les Yanomami, l’un des derniers peuples autochtones de la forêt tropical brésilienne. Et comment se portent-ils aujourd’hui?
Les Yanomami vivent toujours dans une paix acceptable. Il y a certes encore des chercheurs d’or dans la région mais sensiblement moins qu’au cours des années 1980. Les Yanomami ont un chef fort sage: Davi Kopenawa a reçu le Prix Nobel alternatif 2019 de la paix. Kopenawa est bien conscient du fait que la paix ne restera pas éternellement en vigueur car la cupidité continuera de croître depuis l’extérieur. Pour cette raison, il quitte également toujours la zone protégée, afin de connaître ses adversaires et se tenir prêt si ces derniers envisageaient à l’avenir de nouveau accroître leur pression.
En 2003, vous étiez en expédition en Amazonie et avez été porté disparu durant 25 jours. Était-ce tout simplement votre expérience extrême?
On prétend toujours que j’avais disparu. Il s’agit du sensationnalisme de certains médias et cela est très pénible pour moi. J’ai toujours su à l’époque où je me situais. Il n’y a pas de boîtes aux lettres dans mes régions préférées et je n’aime pas voyager avec un téléphone par satellite.
Mais encore?
Ce n’était pas une situation particulière pour moi, car je savais exactement où je me trouvais durant tout ce temps.
Vous êtes descendu en rappel dans la forêt vierge depuis un hélicoptère à 50 mètres et presque sans l’équipement nécessaire afin d’apprivoiser la forêt tropicale et tous ses dangers, tels que les plantes toxiques et les animaux venimeux.
Honnêtement, j’étais même content à l’époque d’avoir perdu un panneau solaire après quelques jours et que mon téléphone a donc cessé de fonctionner à un certain moment car mon objectif était de me débrouiller sans moyens techniques.
Et l’appareil photos que vous transportiez dans une sacoche en caoutchouc?
C’était toujours un compromis avec moi-même afin de pouvoir rapporter quelques documents à la maison.
Comment saviez-vous quels animaux et quelles plantes sont comestibles?
Je connaissais cela depuis la survie. La plupart sont comestibles. Les coléoptères en général pas vraiment, ils n’ont simplement pas bon goût alors que les mouches et les vers peuvent en revanche être mangés. La berge regorgeait de vers en retournant la boue, on aurait dit des spaghettis dans une assiette.
Depuis bientôt 20 ans, votre épouse Annette et vous-même vous battez avec votre association Target pour mettre fin aux mutilations génitales des femmes. Qu’est-ce qui vous a incité à relever ce combat?
Lorsque les Yanomami ont enfin connu la paix en Amazonie, j’ai eu besoin d’une nouvelle mission. En 1977, c’est-à-dire bien des années auparavant, je parcourais le désert Danakil avec une caravane. J’y ai rencontré en Érythrée une jeune femme qui m’a parlé ouvertement de ses mutilations génitales. Je ne pouvais pas imaginer à cette époque qu’un étranger puisse s’opposer à ce genre de tradition. Les choses ont changé avec les expériences vécues chez les Yanomami. J’ai appris que personne n’est trop petit pour changer le monde. C'est pourquoi j’ai osé faire campagne contre les mutilations génitales en l’an 2000.
Des traditions brutales sont aussi en vigueur auprès d’autres populations. Pourquoi n’arrivez-vous pas à accepter l’excision comme une coutume d’une autre culture?
S’il vous plaît, cela prend une tout autre dimension. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on dénombre entre 6000 à 8000 victimes. De nombreuses jeunes filles meurent d’infections, d’hémorragie ou de choc et celles qui les surmontent ont des douleurs toute leur vie et sont privées de leur dignité. Ce ne sont pas uniquement les musulmans qui excisent leurs filles, les chrétiens en font autant.
Quel est votre plus grand mérite en matière de mutilation génitale jusqu’à présent?
Nous avons organisé une conférence internationale d’érudits à l’université al-Azhar au Caire en 2006. Le grand mufti d'Égypte Ali Gum’a a même endossé le patronage à cette occasion. Le succès résidait dans le fait que ces hauts dignitaires religieux avait promulgué une fatwa, un avis juridique islamique: «Les mutilations génitales féminines sont un acte criminel punissable allant à l’encontre des plus hautes valeurs de l’islam». Cela ne s’est malheureusement pas propagé à travers le monde comme espéré. La gêne à parler du bas-ventre de la femme est demeurée plus forte que la raison. Nous avons documenté la conférence ultérieurement dans le «Livre d’Or», un projet de sermon destiné aux imams dans les mosquées.
La mutilation est également un thème important dans vos conférences.
Imaginez donc la scène: devant vous, dans une hutte, une mère et des tantes immobilisent une fille avec leurs mains alors qu’une mutilatrice traditionnelle, munie d’une lame de rasoir, procède à l’ablation des organes génitaux externes, sans anesthésie. Vous ne pouvez rien faire là contre car il s’agit d’une tradition millénaire inéluctable. Ma femme Annette s’est occupée du travail de documentation. C’était tellement horrible qu’elle est encore hantée aujourd’hui par des cauchemars. Elle a pourtant réussi à filmer cette tragédie, cette offense à l'islam. Et elle a été autorisée à présenter ce film en 2006 lors de la conférence internationale des érudits à l’université al-Azhar. Cela ne s’est jamais produit auparavant. Les images sont convaincantes.
Quel est votre prochain objectif?
Mon objectif ultime est de coopérer avec l’Arabie saoudite. Les femmes ne sont certes pas mutilées là-bas, mais si l’on annonçait à tous les pèlerins de la Mecque, le lieu de naissance du prophète et de l'islam que de mutiler leurs filles est une offense à la religion, à Allah, notre créateur à tous, cela serait d’une force incroyable. Mais seul le roi saoudien peut décréter cette proscription. Nous ne sommes pas arrivés à accéder jusqu’à lui avec notre demande. Et ceci malgré un soutien important.
Vous êtes-vous déjà rendu en Arabie saoudite?
Oui, nous avons même rencontré le secrétaire général du grand mufti et sommes parvenu jusqu’à l’OCI, l’ONU islamique. Néanmoins sans résultats jusqu’à présent. Qui sait, peut-être qu’une lectrice ou un lecteur de Bluewin est capable d’entrer en contact avec la maison royale.
Vous avez déclaré un jour que vous étiez un empoté qui a eu énormément de chance. Pourquoi vous précisément avez autant de chance?
En fin de compte, la chance en fait toujours partie. Cependant, j'ai préféré vivre une vie courte et animée plutôt qu’une existence longue et monotone. J'étais donc également prêt dans tous les cas à accepter une mort prématurée.
Vous allez avoir prochainement 85 ans …
… vous y arriverez aussi.
En regardant en arrière, qu’auriez-vous souhaiter faire différemment dans votre vie?
La vie d’aventurier m’a apporté de nombreuses satisfactions. Et si ce que je fais peut avoir un impact socialement acceptable, cela me rendra même heureux. Mais je ne m’en suis aperçu que trop tard. J’étais trop concentré sur ma profession d'origine au début. En tant que patron d’une pâtisserie, j’avais des responsabilités et ne voulais bien sûr pas non plus faire faillite. Je l’ai revendue en 1990. Elle existe toujours du reste, je l’ai cédée à un ancien collaborateur. C’est pourquoi j’affirme avec le recul que j’aurais dû faire cela 20 ans plus tôt, j’aurais ainsi pu mener une vie pleine de raison et de sagesse 20 ans de plus
Vous avez déclaré un jour que vous ne pouviez pas vous arrêter. Vous continuez à donner des conférences régulièrement. Comment faites-vous?
Je suis hélas déjà un peu esquinté. J’ai perdu de mes forces et je dois m’adapter à ce résidu organique. Je me suis récemment luxé une jambe, raison pour laquelle je marche avec une béquille. Lorsque je rentre à Hambourg, je devrai me faire opérer au genou.
Vous allez également publier un nouvel ouvrage prochainement.
C’est prévu pour le printemps 2020. Le livre s’intitule «Dem Mut ist keine Gefahr gewachsen» (Il n'y a pas de danger pour le courage). C'est un vieux dicton bédouin, et je pense qu’il me convient bien. Le livre sera une sorte de curriculum vitae.
Les personnes qui se lancent dans des expéditions aussi risquées doivent inévitablement faire face à leur mort. Comment imaginez-vous votre fin de vie?
Je veux donner le maximum aussi longtemps que possible afin que ma vision pour La Mecque devienne une réalité. Et un jour, espérons de manière inattendue et soudaine, mon temps sur cette Terre s’achèvera.
En évoquant votre propre décès, vous avez déclaré en 2014 que vous ne souhaitiez jamais résider dans une maison de retraite.
Et c’est toujours le cas.
Vous avez encore déclaré: «J’aimerais aussi pouvoir avoir une emprise sur la mort».
Stop! Je ne désire plus parler de la mort. Parlons de la vie, j’ai encore tellement de projets. Et si mon optimisme m’abandonne un jour, ma femme Annette arrive avec le sien et le remet à niveau, et tout rentre dans l’ordre.
Lors de vos conférences, on sent que vous avez encore beaucoup d’énergie. Où trouvez-vous cette force?
Ce projet concernant les mutilations génitales, ce crime abominable a déclenché en ma femme et en moi une colère, une impuissance mais également beaucoup d’imagination et de créativité. Nous avons juré aux filles mutilées que nous ne pouvions pas les sauver, mais que tant que nous vivions, nous nous battrions pour que leur enfants et petits-enfants n’aient plus à endurer un tel supplice. Ce combat me donne de la force. De plus, notre projet d’envergure d’«unité d'obstétrique» à Afar, en Éthiopie, un refuge pour les femmes victimes de viol, m’occupe beaucoup. Ce sont les missions pour lesquelles nous sollicitons le soutien de nos auditrices et auditeurs. Sinon, je serais depuis longtemps à la retraite à me demander probablement quand le nouvel horoscope et le prochain livret de mots-croisés seraient déposés dans ma boîte aux lettres.
Vous trouverez encore davantage d’informations sur la vie de Rüdiger Nehberg et des projets de son association Target en cliquant ici.
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