Simonetta Sommaruga Son départ surprise arrange le PS, selon la presse

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2.11.2022 - 19:39

Le départ surprise de Simonetta Sommaruga intervient à une période délicate, à l'orée d'un hiver marqué par une possible pénurie d'énergie, relève la presse. Elle anticipe un brassage des portefeuilles après le 7 décembre, mais souligne la bonne affaire pour le PS.

Les journaux se penchent sur les conséquences politiques du départ de Simonetta Sommaruga, mais aussi sur ses dimensions humaines.
Les journaux se penchent sur les conséquences politiques du départ de Simonetta Sommaruga, mais aussi sur ses dimensions humaines.
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«Celui ou celle qui prendra la tête du DETEC (Département fédéral de l'énergie) devra être en mesure dès le 1er jour d’affronter l’une des plus grosses crises à laquelle la Suisse doit faire face depuis la 2e Guerre mondiale», souligne le «Tages-Anzeiger», dans un commentaire repris dans d'autres titres Tamedia.

Les éditorialistes se focalisent notamment sur les conséquences sur la composition future du gouvernement avec cette nouvelle donne. Le départ conjoint de Simonetta Sommaruga et d'Ueli Maurer marque «la fin d’un cycle au Conseil fédéral», estiment 24Heures et la Tribune de Genève. «Le grand enjeu se déplace sur la répartition des départements», notent les deux journaux.

«Au-delà des personnalités des nouveaux ministres, ce rebrassage des portefeuilles pourrait augurer une sortie des situations de blocage et relancer – enfin – (l'actuelle) législature» qui s'achève dans une année, ajoutent-ils.

Le Tages-Anzeiger souligne aussi le grand défi pour le PS, qui doit présenter des candidatures en seulement cinq semaines. Au sein du gouvernement, les envies d’un changement de département devraient également se renforcer, d’autant plus que le poste d’Ueli Maurer au Département des finances est également à prendre, poursuit le journal de Zurich.

Pas de «poker» des Verts

«Ce retrait, même s’il n’était pas prévu si vite, arrange grandement les affaires des socialistes», pointe Le Temps, qui relève que de nombreux camarades du parti espéraient que Simonetta Sommaruga se retire avant les prochaines élections fédérales de 2023.

Ce départ renforce les chances socialistes de conserver ses deux sièges quels que soient les résultats de 2023. Le risque que le parlement ne réélise pas un sortant demeure mince. La successeure pourrait bien être Eva Herzog, pronostique Le Temps, la Bâloise s'inscrivant dans l'aile centriste du PS.

Le site Watson relève lui aussi l'"effet secondaire agréable» pour les socialistes du départ de la Bernoise: ils ne doivent guère craindre pour ce siège au Conseil fédéral».

La NZZ s'étonne pourtant de l'annonce ce mercredi déjà des Verts de ne pas revendiquer le siège de la socialiste. Et même de ne pas «jouer au poker» un moment avec le PS, afin de lui soutirer quelques concessions. «La décision est surprenante. Probablement que les chances des Verts de faire enfin leur entrée tant attendue au gouvernement du pays n'ont jamais été aussi bonnes que maintenant», écrit le journal zurichois.

Bilan mitigé

Les commentaires s'arrêtent aussi sur le bilan de la ministre sortante, décrit généralement comme en demi-teinte. «Elle a souvent perdu, mais jamais en mauvaise perdante», soulignent 24 Heures et la TdG, citant l'initiative de l'UDC sur «l'immigration de masse», la loi CO2 ou la politique médiatique.

«Elle a aussi réussi à trouver des espaces pour faire sa politique à elle, sur l'égalité, le droit de la famille, les excuses aux enfants placés, sur l'énergie», ajoutent-ils. Et, «malgré la défaite mortifiante sur la loi CO2, elle a lancé dans la foulée – et avant même la guerre en Ukraine – un train de mesures et de projets législatifs qui lui permettent de s'en aller sans aigreurs d'estomac, malgré la crise énergétique.»

Le Temps abonde: «Certes, elle a insisté sur le fait qu’elle a siégé durant douze ans dans un gouvernement où elle était minoritaire. Mais cette membre de l’aile centriste du PS a essuyé deux des plus grands échecs gouvernementaux de ces dernières décennies: l’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse et la loi sur le CO2. Sans compter des problèmes à répétition du côté des CFF et des critiques toujours plus vives contre la SSR. Du côté des réussites, il y a notamment la grande réforme de l’asile, qui s’est faite sans psychodrame, la modernisation du droit de la famille ou encore l'égalité salariale».

«Les ministres sont des êtres humains»

Les commentateurs abordent aussi la dimension humaine de l'annonce de la ministre. «Avec humanité et humilité, elle arrête en raison de l’état de santé de son conjoint. Cette annonce surprise illustre parfaitement la femme qu’elle est: à la fois stricte et rigoureuse, mais aussi profondément humaine. Courageusement, elle a privilégié sa vie privée au détriment de la fin de sa carrière», constate Le Temps.

Si elle ne facilite pas les choses, la décision mérite le respect, ajoute le Tages-Anzeiger. «En temps normal déjà, et plus encore en période exceptionnelle, on attend d'un membre du Conseil fédéral qu'il se concentre à 100% sur sa fonction, en mettant de côté ses besoins personnels ou familiaux».

«Simonetta Sommaruga a réalisé qu'après l'attaque cérébrale de son mari, elle voulait fixer ses priorités différemment. Celle qui est souvent apparue comme inaccessible nous rappelle ce qu'elle nous a presque fait oublier par moments pendant son mandat: que les conseillères et conseillers fédéraux sont finalement aussi des êtres humains», relève encore le «Tagi».

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