Le président français Emmanuel Macron a dénoncé dans la nuit de jeudi à vendredi l'"arrogance» du Rassemblement national, qui, selon lui, s'est «déjà réparti» tous les postes du gouvernement avant même les élections législatives. Le premier tour a lieu dimanche.
Les dirigeants du parti d'extrême droite affirment qu'en cas de victoire et d'accès au gouvernement, il leur reviendra de désigner le futur commissaire européen représentant la France et que le président ne sera qu'un chef des armées «honorifique».
«Je ne ferai aucun commentaire sur tout cela», a répondu le chef de l'Etat devant la presse dans la nuit de jeudi à vendredi à l'issue d'un sommet européen, renvoyant aux déclarations des membres de son gouvernement qui ont critiqué une distorsion de la constitution.
«Mais quelle arrogance», a-t-il lancé au sujet du RN. «Tous les postes sont déjà répartis. Ils sont déjà dans la place [...] Maintenant, il ne faudrait plus aller voter», a-t-il ajouté.
Alors qu'un député sortant RN a estimé qu'un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational et visé particulièrement l'ancienne ministre de l'éducation Najat Vallaud-Belkacem, Emmanuel Macron s'est aussi emporté. «C'est une dissolution des esprits et des consciences», «une trahison profonde de ce qu'est la France».
«Parole désinhibée»
Il a dénoncé «la parole désinhibée de ces derniers jours, le racisme ou l'antisémitisme désinhibé». «La France s'est construite par des grandes figures. Je rappelle que parmi les premiers élus de la République, il y eut des non-Français qui ont fait notre République», a-t-il ajouté, alors que le président du RN Jordan Bardella dit vouloir interdire certains emplois «extrêmement sensibles» aux Français ayant une double nationalité.
«Nous devons combattre avec force et on doit s'indigner de ces choses-là», a-t-il ajouté, prenant la défense de «Najat Vallaud-Belkacem, de tous les ministres et de tous les parlementaires, mais de toutes les femmes et des hommes qui, dans notre pays, sont français et ont une autre nationalité» en raison de «leur histoire familiale», «l'histoire de leur vie», «l'exil», «les choix d'amour ou de vie professionnelle».
Prié de dire s'il donnerait une consigne pour le second tour en cas de duels entre des candidats d'extrême droite et de la coalition de gauche Nouveau Front populaire, il a répondu: «J'ai demandé que les responsables politiques s'expriment avec la plus grande clarté. Et ils le feront».
Alors qu'il a pu donner l'impression ces derniers temps de mettre sur un pied d'égalité ce qu'il a désigné comme les «deux extrêmes», le RN et La France insoumise «et ceux qui les suivent», Emmanuel Macron a semblé à Bruxelles nuancer cette position.
«J'ai eu l'occasion de dire qu'à l'extrême gauche des gens avaient tenu des propos sur l'antisémitisme ou la violence, sur l'antiparlementarisme que je désapprouvais, qui sortaient de l'arc républicain, mais je ne fais pas une confusion générale avec l'ensemble d'autres formations politiques», a-t-il conclu.
Législatives en France : ce qu’il faut savoir
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25.06.2024
ATS