L'Espagnol Jorge Martin, couronné dimanche champion du monde MotoGP 2024, voit son opiniâtreté récompensée. Il prouve qu'il n'est pas nécessaire d'appartenir à une écurie d'usine pour remporter la récompense suprême.
Pilote de l'équipe satellite Ducati-Pramac, il a conquis son premier titre mondial au nez et à la barbe de Francesco Bagnaia, pilote de l'écurie officielle de la marque italienne. L'an dernier, Martin (26 ans) avait échoué derrière le même Bagnaia. Mais il ne s'est pas découragé. «I'll be back» (je reviendrai), avait-il annoncé. Pari gagné, qui justifie pleinement son surnom de «Martinator».
«J'étais peut-être plus rapide la saison dernière mais, celle-ci, je suis plus complet», avait-il affirmé début octobre avant le Grand Prix du Japon. Quatre fois vainqueur d'un GP en 2023, il l'a été trois fois cette année, mais s'est montré plus régulier en montant 16 fois sur le podium, contre seulement huit fois l'année précédente.
Loin du «gendre idéal»
Du haut de son mètre soixante-huit, avec son teint hâlé, ses yeux perçants et ses nombreux tatouages, il est aux antipodes de Francesco Bagnaia ou encore de Marc Marquez, qui cultivent davantage le côté «gendre idéal». Les chiffres «8.8.21» sont tatoués sur son bras gauche pour commémorer son premier triomphe en catégorie reine au Grand Prix de Styrie en août 2021. Il en a ajouté sept autres depuis.
Avant cela, le natif de San Sebastian de los Reyes, près de Madrid, avait été champion du monde Moto3 en 2018 et vainqueur de la «Rookies Cup», le marchepied vers le MotoGP, en 2014 à 16 ans. Avant la moto, il s'était essayé aux arts martiaux et au tennis, mais le virus du deux roues l'a pris en se rendant tout petit sur les circuits avec ses parents Angel et Susana pour soutenir le pilote espagnol Alex Crivillé, champion du monde en catégorie-reine en 1999.
Exceptionnel
En dehors des circuits, le champion pratique aussi le cyclisme et le snowboard auquel il s'adonne près de chez lui en hiver. Il habite en Andorre, comme plusieurs autres de ses rivaux en MotoGP, à commencer par le Français Fabio Quartararo, champion du monde en 2021.
Le titre de Martin est exceptionnel, car c'est la première fois dans l'ère du MotoGP qu'un pilote n'appartenant pas à une écurie relevant directement d'une écurie officielle le remporte. Aujourd'hui, 8 des 22 motos régulièrement présentes sur le plateau de MotoGP sont des Ducati et Pramac est une écurie dite «satellite», qui dispose par contrat du même matériel que les pilotes d'usine, comme Francesco Bagnaia.
Mais la firme de Borgo Panigale aurait évidemment préféré voir l'une de «ses» motos remporter le championnat du monde pilotes d'autant plus que sa coopération avec Pramac, un fabricant de machines-outils transalpin, va s'arrêter cette année après 20 ans de collaboration.
Divorce à l'italienne
L'écurie de Gino Borsoi va désormais faire courir des Yamaha alors que Jorge Martin va lui rejoindre Aprilia. Si les raisons de ce divorce à l'italienne sont multiples, la décision de Ducati de recruter l'an prochain pour son écurie d'usine aux cotés de Bagnaia le sextuple champion du monde espagnol Marc Marquez – qui courait cette année pour l'écurie Gresini avec une Ducati aux spécifications de l'an dernier – plutôt que Jorge Martin a certainement pesé lourd.
C'est donc une sorte de pied-de-nez que l'Espagnol adresse à Ducati en remportant le championnat devant Bagnaia. Il lui reste maintenant à prouver qu'il peut aussi battre les motos bolognaises avec son Aprilia vénitienne...