«Macron touch»«Il en train de nous refaire Chirac» - Macron est entré dans le débat sans crier gare
Barman Nicolas
24.1.2025
Défenseur des intérêts des Français face au gouvernement, des Européens face à Donald Trump : Emmanuel Macron est en quête d'une nouvelle posture pour redorer son blason et revenir dans le jeu politique après la débâcle de la dissolution de l'Assemblée nationale.
24.01.2025, 14:08
Barman Nicolas
Coup sur coup, le chef de l'Etat est entré dans le débat sans crier gare mercredi alors qu'il se montre très en retrait depuis l'arrivée de Michel Barnier puis François Bayrou à Matignon.
Macron a réagi sur TikTok
Deux influenceurs se plaignent d'avoir été verbalisés pour avoir payé un péage avec leur téléphone portable ? De grands champions déplorent le projet de raboter le budget des Sports après le sacre olympique de Paris en 2024 ?
A chaque fois, Emmanuel Macron a réagi, comme pris à témoin, sur TikTok ou au détour d'un article dans L'Equipe. «J'ai passé le dossier (péage) au ministre de l'Intérieur et on va collectivement régler ça», a-t-il lancé aux deux internautes, enflammant leur audience.
«On est dans une vision monarchique du président qui aide le citoyen pour corriger des injustices. C’est Saint-Louis sous son arbre (..) le roi thaumaturge», estime le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet.
Un «passeur», un «porte-voix des Français», un «relais de problèmes très concrets», préfère un proche du président, en rappelant son «lien direct» avec les citoyens de par son élection au suffrage universel.
«Je vais être dans le quotidien des gens»
«Je ne vais plus être l’initiateur des politiques publiques, administrer au quotidien. Mais je vais être dans le quotidien des gens, comme une instance d’appel au côté des Français», avait glissé le chef de l'Etat en petit comité en septembre.
Mardi, c'est au chevet du musée du Louvre qu'il se rendra. Le joyau du patrimone national est très dégradé, souffrant de nombreuses avaries et d'équipements obsolètes, de l'aveu même de sa directrice.
«Il en train de nous refaire Jacques Chirac»
Ses prédécesseurs ont aussi expérimenté le dialogue direct avec les Français lorsqu'ils étaient dans la nasse, au risque de se voir accusés de désacraliser la fonction.
«Il en train de nous refaire Jacques Chirac (après la dissolution ratée de l'Assemblée nationale de 1997, NDLR), de jouer sur des sujets assez populaires sur lesquels il sait qu'il peut être audible, de défendre une cause populaire contre le gouvernement», analyse le constitutionnaliste Benjamin Morel.
«Cela lui permet de se reconstruire une image à côté. C’est pas sûr que ca marche mais c'est plutôt intelligent», dit-il, en pointant chez lui le «culte du coup politique».
Lors de la cohabitation avec Lionel Jospin (1997-2002), cette stratégie s'était concrétisée par un rebond de popularité pour Jacques Chirac.
L'échange par médias interposés de François Hollande avec la jeune Leonarda, dont la famille venait d'être expulsée au Kososo, coûta en revanche très cher au président socialiste en termes d'image.
Des déplacements de terrain
Le chef de l'Etat, déterminé à renouer le contact avec les Français, va aussi reprendre ses déplacements de terrain le 30 janvier en Sambre-Avesnois (Hauts-de-France) sur des enjeux de la vie quotidienne (transports, santé...), après plusieurs mois d'absence.
Héraut de la souveraineté européenne, il multiplie aussi les discours offensifs sur la défense des intérêts de l'UE, commerciaux, industriels, de défense face aux coups de boutoir promis par le président américain Donald Trump.
«Plus d'unité, plus d'ambition et d'audace et plus d'indépendance des Européens», a-t-il martelé mercredi au côté du chancelier allemand Olaf Scholz.
La période d'incertitude qui s'ouvre en Allemagne, avec les législatives du 23 février - dont le chef de l'opposition conservatrice Friedrich Merz est grand favori - risque de compliquer la donne, pendant la formation notamment de la future coalition gouvernementale qui peut durer des mois.
«Macron n'attendra pas que l’accord de coalition soit signé pour commencer à prendre des initiatives. Il y a urgence (...) La France a un rôle à jouer», relève le proche cité.
«Macron touch»
Après les Jeux oympiques de Paris, la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris en présence de Donald Trump et du magnat américain de la technologie Elon Musk, le prochain grand rendez-vous international se profile déjà avec le sommet sur l'intelligence artificielle les 10 et 11 février à Paris.
«Macron garde un sens de la mise en scène et une capacité de rassembler des leaders de la planète. C’est un peu la french touch, en tout cas la «Macron touch» à l'international», note Philippe Moreau-Chevrolet.