Late Night USA Pourquoi les républicains ne laissent pas tomber Trump

Donald Trump fait tout pour mettre des obstacles sur le chemin de son successeur désigné, Joe Biden. D’après «The Daily Show with Trevor Noah», les républicains ont une bonne raison de le laisser faire.

Donald Trump fait tout son possible pour éviter de devoir quitter la Maison-Blanche le 20 janvier: bien que les enquêtes sur les élections ne puissent pas commencer avant l’officialisation des résultats, le président encore en exercice a ordonné au procureur général d’enquêter sur le scrutin.

Bien qu’il n’y ait toujours aucune preuve de fraude électorale, William Barr a accédé à sa demande. Le responsable du service en charge de ce dossier au sein de son département a tiré les conséquences de cette violation d’un principe «vieux de 49 ans»: Richard Pilger a présenté sa démission.

Donald Trump ne veut pas reconnaître sa défaite, affirme également Trevor Noah. «Si c’était juste [Donald] Trump qui se berçait d’illusions, cela n’aurait pas vraiment d’importance. Mais beaucoup de gens sont derrière lui.» Au bout de 24 secondes, son «Daily Show» montre ensuite les suspects habituels de Fox News et compagnie.

Lou Dobbs («Beaucoup essaient de voler l’élection au président [Donald] Trump»), Tucker Carlson («Le vrai problème, c’est qu’il y a eu fraude») et Sean Hannity («Je peux vous dire très clairement […] qu’on ne connaîtra jamais les résultats réels, justes et précis») se rangent derrière le président sortant, tout comme le pape de la radio de droite Rush Limbaugh («Je n’arrive tout simplement pas à y croire») ou encore Michele Bachmann («Je vous demande, Seigneur, de briser l’idée fausse selon laquelle Joe Biden est notre président»).

Présidentielle américaineBarack Obama: «Nos divisions sont profondes»

Bonté divine!

Et en voyant Kenneth Copeland à partir de 1’03’’, il y a de quoi perdre la foi: «Les médias disent que Joe Biden est président», lance-t-il avant de pousser un rire très glauque, qui semble beaucoup plus sadique que sarcastique. «Soit cet homme est le diable, soit il passe une audition pour incarner le prochain Joker», juge Trevor Noah en référence à l’ennemi de Batman, avant d’ajouter au montage des extraits du film qui rendent le tout encore plus glauque.

«Fox News» a déclaré Joe Biden vainqueur, avant toutefois de se contredire à travers ses commentateurs. «C’est comme un chien qui veut aller chercher la balle mais qui n’a pas envie de la lâcher», compare le présentateur sud-africain, né d’un père suisse. Trevor Noah n’est toutefois pas surpris que Lou Dobbs et Sean Hannity ne laissent pas tomber Donald Trump. Le fait que les républicains les plus exposés ne le fassent pas non plus est plus étonnant, reconnaît-il.

C’est ce que montrent les images à partir de 2’37’’: le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, souligne que le président a «tout à fait le droit» de se livrer à ces accusations et de demander un recomptage. «Je serai derrière le président [Donald] Trump. […] Nous ne laisserons pas les médias nous intimider», assure l’influent sénateur Lindsey Graham. Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo affirme pour sa part qu’«il y aura une transition en douceur vers une seconde administration Trump».

Late Night USA – Comprendre les Etats-Unis

blue News

50 Etats, 330 millions d’habitants et encore plus d’opinions: comment «comprendre l’Amérique»? Pour garder une vue d’ensemble sans s’échouer, il faut un phare. Les stars des late shows offrent probablement la meilleure aide à la navigation: ce sont de parfaits pilotes qui explorent implacablement les bas-fonds du pays et des gens et qui servent à notre auteur Philipp Dahm de boussoles indiquant sur le ton de l’humour l’état d’esprit des Américains

L’enjeu

Le fait que Bill Barr autorise désormais une enquête sur les élections n’irrite pas Trevor Noah. «Ce même Bill Barr qui a enquêté sur Obama [pour des faits de fraude électorale] et qui n’a rien trouvé, avec ce même Département de la justice qui a enquêté sur Hillary [Clinton] et qui n’a rien trouvé. Donc si vous voulez ne rien trouver, vous savez qui appeler.»

Mais pourquoi Mitch McConnell et Lindsey Graham soutiennent-ils cette méfiance envers la démocratie alors qu’il est clair que Joe Biden sera le prochain président? La réponse se trouve dans l’extrait à partir de 4’27’’: Lindsey Graham aurait reconnu qu’il était question d’élections qui auront lieu en janvier. En Géorgie, un second tour de scrutin est prévu pour deux sièges au Sénat.

L’issue de ce vote est d’une importance capitale pour les Etats-Unis: si les démocrates raflent les deux sièges, ils obtiendront la majorité au Sénat – et Joe Biden sera alors sera en mesure de gouverner de manière vraiment efficace. Si les républicains viennent désormais à douter de Donald Trump, Lindsey Graham craint des conséquences considérables sur l’issue du scrutin.

«C’est dangereux»

«C’est dangereux, prévient Trevor Noah. [Donald] Trump hurle des conneries inventées de toutes pièces qui mettent à mal la confiance dans la démocratie américaine, mais les républicains peuvent s’en accommoder car cela leur permettra de gratter quelques sièges au Sénat. […] Cela en vaut-il la peine?»

Et la Maison-Blanche empêche également le bon fonctionnement de la politique sur le plan pratique: après avoir été déclaré vainqueur des élections, Joe Biden dispose en principe de ressources pour contrôler le personnel et en engager le cas échéant – mais l’administration actuelle ne débloque pas les fonds. Et Donald Trump refuse également à son successeur désigné l’accès aux rapports quotidiens des services secrets américains sur la sécurité du pays.

«Avec toute la m**** qui se passe en ce moment, Joe Biden a besoin de chaque jour dont il peut disposer [pour se préparer]», fulmine le présentateur, qui s’attend à d’autres crasses de la part de Donald Trump. «Je parie que [Donald] Trump partira avec toutes les piles des télécommandes. Il remplacera le papier toilette par ce papier toilette très fin que l’on transperce toujours avec nos doigts. Et il changera la numérotation abrégée du téléphone.»