Coronavirus La presse suisse tacle le Conseil fédéral

ATS

29.10.2020 - 08:09

La presse suisse n'est pas tendre avec le gouvernement après les annonces de mercredi pour tenter de freiner l'explosion des cas de coronavirus.
La presse suisse n'est pas tendre avec le gouvernement après les annonces de mercredi pour tenter de freiner l'explosion des cas de coronavirus.
Source: KEYSTONE/PETER KLAUNZER

«Enfin!«, «Il était temps»: au lendemain de l'annonce par le Conseil fédéral de nouvelles mesures pour endiguer l'épidémie de Covid-19, la presse tacle le gouvernement fédéral pour sa lenteur à reprendre le contrôle de la situation.

Pour La Liberté, le plan de reprise en main de la gestion de crise par le Conseil fédéral pourrait s'intituler «A la recherche du temps perdu».

«Plutôt que de prendre la tête des opérations pour gérer la plus grave crise sanitaire qui secoue le pays depuis cent ans, comme tout exécutif à la hauteur de ses responsabilités, il a préféré refiler la patate chaude à l'étage inférieur», souligne le journal fribourgeois. Cet avis est partagé par 24 Heures et La Tribune de Genève, qui relèvent que le gouvernement aurait pu prendre de telles mesures «il y a une semaine déjà».

La Liberté relève en outre que les mesures décidées mercredi sont «peut-être déjà dépassées». Et d'ajouter que si le gouvernement veut «reprendre le contrôle de cette flambée», il va falloir «des coupe-feu», à savoir un semi-confinement d'au moins deux semaines.

S'il s'étonne de la prudence de l'approche suisse et du fait que les mesures de cet automne soient «paradoxalement moins contraignantes que celles du printemps dernier», Le Quotidien Jurassien note qu'elles ont au moins le mérite d'harmoniser, en partie du moins, les consignes à l'échelle du pays. Cela permettra d'éviter «la cacophonie qui régnait en fin de semaine dernière.

«A nous de jouer»

S'il convient qu'il était temps que le Conseil fédéral prenne des mesures, Le Courrier avance, à sa décharge, que le gouvernement devait faire face à de fortes pressions. D'une part la population était encore échaudée par le premier semi-confinement, d'autre part, «les critiques – parfois à la limite du déni – du monde économique se sont faites insistantes». Le journal déplore que les salaires et l'emploi soient absents des mesures édictées.

Le Temps s'attarde lui sur les conséquences sur le sport professionnel. Le secteur doit désormais apprendre à vivre avec l'incertitude, «apprendre à jouer au football avec un ballon de rugby».

Si plusieurs journaux pointent la lenteur du Conseil fédéral, ils appellent chacun à prendre ses responsabilités. «Chaque individu qui ne sort pas masqué en public est un vecteur de plus vers des mesures brutales et liberticides. A nous de jouer», exhorte La Liberté. «Toutes les vis du monde peuvent être serrées, cela ne suffira pas si la population ne joue pas le jeu», renchérissent la Tribune de Genève et 24 Heures.

Même avis outre-Sarine

Le son de cloche est le même outre-Sarine. Le Tages-Anzeiger estime que le Conseil fédéral adopte une position trop prudente. Il donne plus de poids aux souhaits de l'économie. C'est une stratégie risquée et ce sont les plus faibles qui portent ce risque, note le quotidien. Le Conseil fédéral est pris dans la toile d'araignée du fédéralisme mais l'explosion des cas montre que la responsabilité ne peut pas être partagée, ajoute le journal, qui plaide pour que le gouvernement réintroduise la situation extraordinaire.

La NZZ souligne que si la Suisse veut maîtriser l'épidémie, tout le monde doit tirer à la même corde: la population, l'économie et la politique. Trop longtemps, l'impact de la deuxième vague a été sous-estimé. Pour le journal, les mesures du Conseil fédéral sont un signal d'alarme qui doit inciter chacun à réduire les risques d'infection pour soi-même et les autres.

Pour le Blick, ces mesures constituent la dernière chance de la Suisse pour réduire le nombre de cas et éviter une surcharge des hôpitaux. Et d'ajouter que ces dernières semaines ont représenté un échec total pour les gouvernements cantonaux et le Conseil fédéral.

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