Un acrobate insolent, un colosse surpuissant, et l'Eiger pour témoin: l'étape de Wengen offrira un écrin de choix, dès ce vendredi, au duel entre Marco Odermatt et Aleksander Kilde en Coupe du monde.
La piste du Lauberhorn, mythique par sa longueur, ses passages clés et son décor de haute montagne, a longtemps été le jardin du champion olympique de descente Beat Feuz, passé à quelques centièmes l'an dernier d'une quatrième victoire.
Mais le Suisse de 35 ans prendra sa retraite après l'étape de Kitzbühel le 21 janvier et aborde en petite forme ses adieux à l'Oberland bernois, lui qui n'a pas fait mieux cette saison qu'une 5e place en descente à Lake Louise fin novembre.
Il devrait donc laisser la vedette aux deux leaders du classement général, qui comptent 17 succès chacun en Coupe du monde, sur les théâtres de leurs plus belles passes d'armes: un super-G vendredi et la traditionnelle descente samedi, confirmés malgré la météo maussade et neigeuse.
Car si Odermatt semble déjà filer vers un deuxième gros globe consécutif, avec 400 points d'avance sur Kilde, il le doit à sa suprématie en géant, encore éclatante samedi avec sa victoire à Adelboden.
Fluet mais hardi
Face au Norvégien, détenteur du globe de cristal 2020 et des globes de descente et de super G l'hiver dernier, la bataille est bien plus indécise en vitesse, où les deux champions se rendent coup pour coup avec des atouts bien différents.
Fluet pour un descendeur, le prodige suisse compense par une lecture des trajectoires, une audace et une capacité à se rétablir d'extrême justesse qui ont plus d'une fois fait frissonner concurrents et spectateurs.
Odermatt a déjà triomphé à six reprises en super-G, dont une dès sa première apparition l'an dernier sur la piste de Wengen, pourtant réputée difficile à dompter, ainsi qu'un chef-d'oeuvre fin décembre taillé à coups de courbes folles sur la glace de Bormio.
Sacré meilleur skieur du monde en 2020 grâce à sa régularité, Kilde empile lui les succès depuis son retour d'une grave blessure au genou droit à l'automne 2021, et plus aucune classique ne résiste à sa puissance.
A plus de 160 km/h
Avec son saut à l'aveugle entre deux rochers, sa chicane où s'envolent tant de secondes, son schuss à plus de 150 km/h (le record de 161,9 km/h établi en 2013 appartient toujours au Français Johan Clarey) et ses 4,5 km à tétaniser cuisses et neurones, le Lauberhorn peut aussi sourire à nombre de grognards de la vitesse.
A commencer par le champion du monde autrichien de la descente et du super-G, Vincent Kriechmayr, qui s'était imposé l'an dernier dans l'Oberland et sort d'un double succès en descente à Val Gardena puis Bormio.