William Besse «Ce sont des souvenirs qui sont heureusement ancrés en moi»

Gregoire Galley, à Wengen

12.1.2023

L’ancien skieur William Besse a subi une greffe de foie le 13 décembre dernier. Contacté par téléphone, le Valaisan de 54 ans a donné de ses nouvelles et a aussi évoqué la mythique descente du Lauberhorn qui se déroulera ce samedi à Wengen.

William Besse mise sur Marco Odermatt pour la victoire lors de la descente de Wengen.
William Besse mise sur Marco Odermatt pour la victoire lors de la descente de Wengen.
KEYSTONE

Gregoire Galley, à Wengen

William Besse, comment allez-vous depuis cette opération ?

«Tout se passe bien, tout va bien. Il n’y a pas eu de complications donc c’est super».

Comment avez-vous vécu cette expérience ?

«J’attendais depuis une année et demie cette transplantation. Maintenant, je dois récupérer dans l’espoir d’être de nouveau comme j’étais avant que la maladie ne se déclare».

Parlons de ski alpin. En 1994, vous remportez la descente du Lauberhorn. Quels souvenirs gardez-vous de cette victoire ?

«Ce sont des souvenirs qui sont heureusement ancrés en moi. C’était une belle journée ensoleillée. J’avais la “niaque” et tout s’était parfaitement déroulé pour que je sois le plus rapide ce jour-là».

En quoi cette descente de Wengen est-elle si spéciale ?

«Wengen, Kitzbühel et Bormio sont des mythes. Chaque compétiteur aimerait remporter ces courses une fois dans sa carrière. Gagner devant le public suisse la descente la plus longue de la Coupe du monde a été tout simplement fabuleux».

«Marco Odermatt est sur une lancée incroyable»

William Besse

Vainqueur du Lauberhorn en 1994

Deuxième l’an dernier, Marco Odermatt est-il mûr pour s’imposer une première fois en descente à Wengen ?

«Marco Odermatt a clairement les possibilités de le faire. Il a déjà montré cette année qu’il était très en forme. Maintenant, il y a quelques concurrents qui sont assez “chauds”. Je pense notamment à Kilde ou encore à Kriechmayr. Mais, il y a également d’autres coureurs qui peuvent lui mener la vie dure. Du côté suisse, je pense aussi que certains skieurs pourraient venir se placer tout devant».

Brillant aussi en géant et en Super-G, Marco Odermatt peut-il battre cette année le record de 2000 points de Hermann Maier au général de la Coupe du monde ?

«Si tout se passe bien et qu’il est épargné par les blessures, je vois mal comment on pourrait arrêter Marco Odermatt. Il est sur une lancée incroyable ! A mon avis, cela devrait continuer ainsi jusqu’à la fin de la saison donc il pourrait tout à fait battre ce record».

Un mot sur Beat Feuz. Le Bernois va prendre sa retraite après Kitzbühel. Comprenez-vous sa décision ?

«Oui, je comprends son choix. Quand tu as fait tant d’années au plus haut niveau et que tu sens au début de saison que certaines choses ne fonctionnent plus comme avant, les priorités changent au bout d’un moment. Je lui tire un grand coup de chapeau d’arrêter alors qu’il est encore au sommet de sa carrière. Arrêter quand on est encore tout en haut est peut-être l’un des trucs les plus dur à faire chez un compétiteur».

Que retenez-vous de sa magnifique carrière ?

«Il y en a beaucoup. Je me souviens de sa médaille de bronze décrochée lors de la descente des Mondiaux de Vail/Beaver Creek en 2015 lorsque son collègue Patrick Küng avait été Champion du monde. J’avais pu discuter avec lui ce jour-là après sa médaille. Ensuite, il y a eu ses victoires à Kitzbühel et bien sûr sa médaille d’or aux derniers Jeux olympiques. Beat Feuz est peut-être le meilleur skieur suisse de tous les temps. Avec son palmarès exceptionnel, il ne doit pas être très loin de Pirmin Zurbriggen. En tout cas, ils peuvent se disputer ce titre».

Parviendra-t-il à se mettre en évidence une dernière fois samedi dans la station bernoise ?

«La descente de Wengen convient bien à Beat Feuz. Elle n’est pas très difficile mais il faut avoir un très bon feeling avec la neige et un excellent matériel. Le Bernois est bien armé de ce côté-là. Il a aussi certainement l’envie de prouver encore une dernière fois qu’il est top. Je pense donc qu’il peut vraiment frapper un grand coup ce week-end».

Quel est votre pronostic pour la descente de samedi ?

«Je pense qu’il y a cinq ou six coureurs qui peuvent monter sur la “boîte”. Pour donner un pronostic, je vais dire que Marco Odermatt va gagner pour le petit côté chauvin. Ensuite, je vois Kilde deuxième et Feuz troisième».

Pour terminer, cette saison est passablement perturbée par les conditions météorologiques. Avec le réchauffement climatique, comment voyez-vous l’avenir du ski alpin ?

«Cette année, il y a vraiment un manque de neige, mais on l’a déjà vécu par le passé. Je me souviens qu’on avait fait deux descentes sprint à Kitzbühel afin de valider une descente. A Val Gardena, on ne pouvait pas s’échauffer avant la course, car il n’y avait pas de neige autour de la piste. Le ski alpin reste un sport d’extérieur qui est donc tributaire des conditions météorologiques. Il faut savoir gérer cela mais je pense que le ski a encore de belles années devant lui même si le réchauffement climatique pose des questions».