Avant la descente de samedi à Wengen, la Suisse a réussi un carton plein dans la discipline reine depuis le début de l’hiver : trois courses et trois doublés ! Mais comment expliquer de tels résultats ? Pour Justin Murisier, plusieurs éléments sont à prendre en compte. «Il faut donner le mérite à Swiss-Ski», a notamment estimé le Valaisan.
Le ski alpin helvétique traverse actuellement une période faste. En 32 courses disputées - hommes et femmes confondus - depuis le début de l’hiver, la délégation du pays a déjà placé ses athlètes à 29 reprises sur un podium de Coupe du monde.
En descente masculine, le bilan est encore plus affolant. Sur les trois premières épreuves qui se sont déroulées, la Suisse a tout simplement signé trois doublés : Justin Murisier a gagné devant Marco Odermatt à Beaver Creek. Ce dernier a battu Franjo von Allmen à Val Gardena, tandis qu’Alexis Monney a à nouveau devancé le jeune bernois à Bormio.
Ces résultats exceptionnels permettent ainsi à ces quatre hommes de trôner aux quatre premières places du classement de la discipline avant la descente du Lauberhorn samedi à Wengen. Mais comment expliquer une telle réussite ?
«Il faut donner le mérite à Swiss-Ski et aux entraîneurs qui ont, depuis une bonne dizaine d'années, monté cette structure qui permet aux jeunes d’arriver au sommet, surtout en vitesse», a estimé Justin Murisier lors d’un point-presse mercredi dans la station bernoise. «On sent bien que ça porte ses fruits sur tous les jeunes qui ont été dans le groupe de vitesse avec Franz Heinzer en Coupe d'Europe à l'époque.»
«C’est plus facile d’avoir des talents qu’aux Pays-Bas»
Pour le Bagnard, la Suisse profite aussi de sa position et du grand intérêt pour ce sport. «C’est un tout. Le pays est principalement dans les Alpes, c’est donc un peu plus facile d’avoir des talents qu’aux Pays-Bas, par exemple. C’est le sport numéro un. Swiss-ski a travaillé de bonne manière pour avoir de bons sponsors et pour avoir une bonne base financière afin de pouvoir supporter les jeunes avec une base très large», a-t-il détaillé.
«On évite de perdre des talents. Il y en a qui prennent plus de temps que d’autres pour arriver au sommet, mais nous sommes tous très bien soutenus. Ce n'est pas le cas dans toutes les nations. Dans certaines d’entre elles, c'est plus strict. Quand ça ne marche pas une saison ou deux, tu es rapidement retiré des cadres et ça démotive finalement énormément de gens», a comparé le skieur de 33 ans.
Murisier rappelle toutefois que l’élément «chance» face à une concurrence actuellement affaiblie et le fait «d’avoir un gars comme Marco Odermatt» jouent aussi un rôle. «Il est toujours là. C’est vrai que ça nous permet de souffler quand on réalise de mauvais résultats. Personne ne s’occupe de nous, mais il ne faut pas non plus compter que là-dessus. Sur les dernières courses, les gars ont réussi à performer et à montrer que l'équipe de Suisse n’est pas seulement Marco Odermatt», a martelé le vainqueur de la descente de Beaver Creek.
Le retour en force du ski romand
Par ailleurs, il faut aussi relever que des skieurs comme Justin Murisier, Alexis Monney ou encore Arnaud Boisset ont permis à la Romandie de retrouver une place de choix dans les disciplines de vitesse. Depuis les départs à la retraite de Didier Cuche et Didier Défago, les bons résultats dans celles-ci étaient presque exclusivement l’œuvre d’athlètes venus d’outre-Sarine.
«Notre équipe est très forte, tant avec les athlètes romands qu’alémaniques. Notre origine ne change rien, nous sommes tous de bons amis et c'est cool que ça se passe ainsi», a ainsi remarqué Marco Odermatt.
Avec une telle densité de skieurs helvétiques capables de jouer les premiers rôles, le public peut rêver en grand avant la descente de samedi. Mais une question subsiste : quel côté du Röstigraben parviendra à tirer son épingle du jeu ? «J'espère qu’un Suisse-Allemand ou moi-même gagnera», a alors plaisanté un Odermatt quelque peu chauvin.