23 ans après Kernen... Von Allmen fait rêver tout le peuple de l'Oberland bernois

lemi, ats

15.1.2025 - 15:30

Après ses deux podiums décrochés cette saison, Franjo von Allmen est porté par les organisateurs de Wengen comme l'espoir de toute une région. Le Bernois de 23 ans met un frein à ces velléités.

Franjo von Allmen est porté par les organisateurs de Wengen comme l'espoir de toute une région.
Franjo von Allmen est porté par les organisateurs de Wengen comme l'espoir de toute une région.
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Keystone-SDA, lemi, ats

Franjo von Allmen se sent un peu mal à l'aise lorsqu'on lui parle du fait qu'il fait partie du cercle des favoris en descente. Il se sent alors obligé de relativiser et de rappeler qu'il ne s'agit que de sa deuxième saison en Coupe du monde. Il lui manque encore l'expérience nécessaire, un facteur important sur un parcours comme le Lauberhorn pour faire partie des candidats permanents au podium.

Mais von Allmen connaît aussi les mécanismes du sport professionnel. Celui qui termine 2e lors de deux descentes consécutives (Val Gardena puis Bormio) est automatiquement au centre de l'attention du public. Dans son cas, ce ne sont pas seulement les médias, mais aussi les organisateurs des courses de Wengen qui attisent les attentes élevées. Peu après Bormio, ils ont envoyé un communiqué selon lequel l'Oberland bernois rêvait, grâce à von Allmen, de sa première victoire en Coupe du monde depuis 22 ans.

Franjo von Allmen, successeur de Bruno Kernen, le dernier Bernois à s'être imposé à Wengen le 18 janvier 2003 ? Von Allmen avait alors un an et demi... Cette comparaison va un peu trop loin pour lui: «Oui, on a eu de bons résultats ces derniers temps, mais s'attendre à de nouveaux podiums, et d'autant plus à la victoire, serait presque insolent», dit-il.

Le problème de la pression

Il est compréhensible que les jeunes athlètes souhaitent repousser la pression. Des attentes élevées peuvent certes confirmer un jeune skieur sur la voie qu'il a choisie, mais elles peuvent aussi le paralyser, comme l'a expliqué il y a quelques semaines le coéquipier de von Allmen, Alexis Monney, d'un an son aîné.

Il y a deux ans, Monney était considéré comme le plus grand espoir de l'équipe de Suisse de vitesse, mais comme les bons résultats n'ont pas suivi immédiatement, il a été de plus en plus éclipsé par von Allmen la saison dernière. C'est ainsi que le jeune Bernois est devenu cette saison le deuxième skieur à signer un contrat lucratif avec le groupe de boissons Red Bull, après le surdoué Marco Odermatt.

Pendant ce temps, Alexis Monney était content que l'attention se soit quelque peu déplacée, ce qui lui a permis de travailler sur lui-même loin des projecteurs. Et voilà que lors de la dernière semaine de l'année 2024 à Bormio, le Fribourgeois a arraché sa première victoire en Coupe du monde sur la Stelvio, avec 0''24 d'avance sur... von Allmen.

Franjo von Allmen n'a pas eu de mal à encaisser cette victoire manquée de peu à Bormio: d'une part, le succès de son coéquipier lui a fait plaisir, d'autre part, au vu de ses propres performances, il semble que ce ne soit qu'une question de temps avant qu'il ne monte lui aussi sur la plus haute marche du podium.

Chacun suit sa propre voie, a d'ailleurs souligné sagement Franjo von Allmen. «Je ne me mets pas la pression et je prends tout pas à pas», un mantra auquel il se tiendra dur comme fer cette saison.

Insouciance

Quoi qu'il en soit, von Allmen est resté fidèle à son insouciance et a profité de son temps libre à la fin de l'année, notamment lors d'un événement rétro au col du Jaun en tenue des années 80 et sur des skis en bois. Après cette petite pause, un programme chargé l'attend jusqu'aux Mondiaux de Saalbach. A commencer par Wengen, où il joue quasiment à domicile.

Franjo von Allmen a grandi à Boltigen dans l'Obersimmental, mais il a aussi des racines à Lauterbrunnen. En tout cas, le soutien ne manquera pas: son fans' club, qui connaît une croissance fulgurante, compte désormais bien 600 membres. Lors du super-G de vendredi, des élèves de Boltigen assureront en outre l'ambiance dans les tribunes.

L'année dernière, Franjo von Allmen a connu des hauts et des bas au Lauberhorn. Tout d'abord, il a été désigné numéro 36 lors de la descente sprint après la chute de Marco Kohler et a dû être ramené au départ par hélicoptère. Malgré cela, il s'est classé à une solide 14e place. Le lendemain, il a été éliminé en super-G, avant de se classer à nouveau 14e lors du troisième jour de course sur le parcours original de la descente.

Cette année, von Allmen vise une amélioration: «Une place dans le top 10 me rendrait déjà très heureux», affirme-t-il. Secrètement, il pourrait même espérer un peu plus, même si l'idée d'un podium lui semble «insolente». Mais à 23 ans, on peut aussi être un peu insolent.