«C'est la course la plus importante de l'année pour moi», répétait-il encore la semaine dernière. Après avoir vu la victoire lui échapper l'an dernier, le génie suisse du ski Marco Odermatt part en quête de son graal samedi: l'emporter enfin sur la légendaire Streif de Kitzbühel.
Le prodige de 27 ans répète à l'envi que la mythique descente autrichienne est son principal objectif de l'hiver - devant un quatrième gros globe et devant les Championnats du monde qui débutent dans deux semaines - et se sait donc très attendu à deux jours de la plus célèbre course du circuit.
«C'est un immense rêve pour moi de gagner ici», insistait-il mercredi. «C'est l'objectif le plus important qu'il me reste sur ma liste. Ce n'est pas que je n'ai pas d'autres objectifs mais le seul que je n'ai pas encore atteint, c'est Kitzbühel», a expliqué le triple vainqueur du gros globe, déjà champion olympique (géant) en 2022 et double champion du monde (géant, descente) en 2023.
Une revanche sans Sarrazin
Le natif du Nidwald, spécialiste du géant, était devenu en 2023 le champion du monde surprise de la discipline reine du ski mais a dû attendre l'hiver dernier pour s'imposer en descente en Coupe du monde, et décrocher son premier globe de la spécialité.
En 2024, il avait déjà fait de Kitzbühel un de ses objectifs. Troisième de la première descente au programme dans la station du Tyrol, il pensait avoir réalisé la manche de sa vie lors de la seconde descente pour s'assurer la victoire.
C'était sans compter sur Cyprien Sarrazin: déjà vainqueur de la première descente la veille, le Français s'était élancé juste derrière Odermatt et l'avait devancé de 91 centièmes, un monde.
Hébété en bas de la piste, Odermatt était resté quelques instants bouche-bée, les mains posées sur la tête, avant de réaliser que la victoire tant attendue venait de lui passer une nouvelle fois sous le nez.
Cette année, la revanche entre «Odi» et «Cyp» n'aura pas lieu. Sarrazin a violemment chuté à Bormio en décembre et souffre d'une grosse commotion cérébrale qui l'écarte des pistes au moins jusqu'à la fin de l'hiver.
Deux autres cadors de la discipline ne sont pas au départ: le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde -N.1 mondial en descente en 2022 et 2023- n'a pas remis de dossard depuis sa chute il y a plus d'un an et l'Autrichien Vincent Kriechmayr -champion du monde 2021- s'est blessé la semaine dernière.
«C'est vraiment dommage» (qu'ils soient absents), a regretté Odermatt. Mais notre job est d'être le plus rapide des soixante skieurs au départ. Qu'il en manque un, deux ou trois, ça ne change rien."
S'il n'a pas gagné l'année dernière, «c'est parce qu'il y avait Cyprien, sourit Xavier Fournier, le responsable du groupe vitesse de l'équipe de France. Peut-être que cette année, c'est l'année d'Odermatt mais il a ses collègues qui vont peut-être lui poser des problèmes.»
Sans les favoris habituels, les principaux rivaux du Suisse samedi risquent en effet d'être... les autres Suisses (Justin Murisier, Alexis Monney et Franjo Von Allmen). En quatre descentes cet hiver, le quatuor helvète s'est montré intraitable avec quatre doublés.
«Tester de nouvelles choses»
Pour être le meilleur samedi, Odermatt a mis les bouchées doubles: il a délaissé cet automne l'entraînement en géant pour se consacrer à la vitesse et a enchaîné les excellents résultats en descente (quatre top-5, dont trois podiums et deux victoires en quatre courses). Méticuleux, il a profité des entraînements officiels mardi et mercredi pour essayer du matériel et des nouvelles trajectoires.
«J'ai testé de nouvelles choses. Je dois analyser tout ça demain (jeudi) pour choisir le bon ski», a-t-il expliqué. «On ne fait Kitzbühel qu'une fois par an. Il faut faire avec les conditions, les courbes... c'est difficile de tester ces choses à l'entraînement.»
Pas tout à fait satisfait des ses deux entraînements officiels, Odermatt voit le super-G de vendredi comme une nouvelle occasion de reconnaître la piste avant la descente.
«Les deux entraînements n'ont pas été parfaits, donc je vais essayer de faire quelque chose d'autre sur le Super-G, a-t-il dit. Pour peut-être en tirer des conclusions pour la descente.»