Ce dimanche, les Suisses devront dire s’ils acceptent ou non l’élargissement de six tronçons autoroutiers, dont l’un qui se situe entre Nyon et Le Vengeron. Ces projets, qui se chiffrent à près de 5 milliards de francs, donnent lieu à de vifs débats depuis plusieurs semaines. A quelques heures de cette votation brûlante, blue News fait le point sur la situation.
Albert Rösti : «50'000 heures de bouchons et trop d'accidents»
La fluidité et la sécurité sont deux piliers essentiels en matière de développement des autoroutes. Albert Rösti nous explique comment renforcer ces aspects dans les projets futurs.
09.10.2024
A l’image du dernier scrutin concernant l’augmentation du prix de la vignette qui avait eu lieu en 2013, les sujets qui touchent aux transports déchainent les passions dans notre pays. Et cette question de l’agrandissement de six tronçons autoroutiers ne déroge pas à la règle.
Pour le Conseil fédéral, il est temps d’agir puisque le trafic a plus que doublé sur les routes nationales depuis 1990, provoquant des embouteillages de plus en plus importants sur les grands axes routiers. «Cette forte augmentation du trafic a des répercussions dramatiques sur le réseau autoroutier suisse. En effet, 41% du trafic routier privé et 70% du trafic routier de marchandises sont absorbés par ces routes qui représentent à peine 3% de l’ensemble du réseau routier suisse», détaille le chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie, et de la communication (DETEC), Albert Rösti. Par conséquent, afin d’éviter les bouchons, bon nombre de camions et de voitures n’hésitent plus à emprunter des routes traversant des villages et des quartiers d’habitation ce qui réduit la qualité de vie et la sécurité de la population.
Concernant le financement de l’extension de ces autoroutes, le conseiller fédéral UDC ajoute que ces projets seront financés par le Fonds pour les routes nationales (Forta). «Ce fonds n’a aucun lien avec le fonds d’infrastructures ferroviaires. Autrement dit, ces projets routiers ne sont pas financés par des moyens liés au transport public et l’inverse», précise encore le Bernois de 57 ans.
«Avec ces six projets, la sécurité sur les routes sera renforcée»
Pascal Broulis
Conseiller aux Etats vaudois
Ardent défenseur d’un oui le 24 novembre, Pascal Broulis estime aussi que ces projets doivent être approuvés par le peuple. «Aujourd’hui, 75% du trafic passe par la route. Avec ces six projets, la sécurité sur les routes sera renforcée. Je pense à l’ouvrier, à l’employé qui se déplace chaque matin pour aller travailler. Les gens passent 48 000 heures dans les bouchons. Il faut leur faciliter la vie», argue le conseiller aux Etats vaudois PLR dans des propos relayés par nos confrères de «La Liberté».
«Anti-gouvernementale»
Des arguments qui font bondir l'Association transports et environnement (ATE), l'organisation actif-trafiC, le PS, les Vert-e-s, le PVL ainsi qu'une cinquantaine d'organisations et d'associations. Pour eux, cette extension des autoroutes est «inefficace et anti-gouvernementale». «Cette proposition à 5 milliards de francs pour élargir les autoroutes ne va faire qu’aggraver la situation avec plus d’embouteillages, plus de bruit, plus d’insécurité sur les routes et elle va accélérer le réchauffement climatique», fulmine la présidente des Vert-e-s, Lisa Mazzone, dans les colonnes du quotidien fribourgeois.
Le monde scientifique se montre également sceptique devant cette proposition du Conseil fédéral. «Je pense que ce projet de loi ne va pas résoudre les problèmes des bouchons puisque les sorties d’autoroutes resteront bloquées. Rajouter deux voies d’autoroute entre Genève et Lausanne, c’est donc carton rouge», s’emporte Stéphane Genoud, professeur à la HES-SO du Valais. Avant d’ajouter : «Cet élargissement des autoroutes va aussi à l’encontre de notre politique énergétique qui prône la décarbonisation des mobilités individuelles.»
Professeur à la HES-SO de Fribourg, Marc-Antoine Fénart met le doigt sur un autre aspect important : «Avec cette extension et l’achèvement du réseau des routes nationales cela implique une augmentation des coûts d’entretien ce qui pose la question de son financement.»
Alors que les deux camps continuent de croiser le fer, les opposants ont pris un léger ascendant selon un deuxième sondage SSR dévoilé la semaine dernière. Par rapport à la dernière enquête parue à la mi-octobre, ils ont gagné 6 points pour devancer de justesse les défenseurs du projet (51% contre 49%). Il reste maintenant quelques heures aux derniers indécis pour se décider et faire ainsi pencher la balance en faveur de l’un des deux camps.