Accrochez-vous, ça va secouer ! Charlie Dalin et les autres leaders du 10e Vendée Globe, relativement épargnés par les conditions météo depuis le départ, s'apprêtent à croiser mercredi une première grosse tempête au nord de l'archipel des Kerguelen.
«On rentre à présent dans le vif du sujet (...) quand je vois ce que les premiers vont se prendre dans les dents», s'est alarmé lundi Alan Roura (Hublot), très loin de la tête du course et qui est encore à quelques jours de navigation du cap de Bonne-Espérance, porte d'accès à l'océan Indien que les premiers ont franchi vendredi en fin d'après-midi.
A plus de 2.000 milles devant lui, dans la direction où se dirige le trio de tête Charlie Dalin (Macif), Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) et Yoann Richomme (Paprec Arkea), la première véritable «prune» du Vendée Globe est en train de prendre forme.
Au menu: 35 noeuds de vent établi (65 km/h), des rafales à plus de 50 noeuds et une mer déchaînée avec des vagues pouvant atteindre plus de 7 mètres de haut. Largement de quoi casser les bateaux et mettre en danger les hommes.
«Il y a cette grosse tempête qui arrive. Tout ça n'a rien de simple, on ne sait pas trop où se mettre», explique Yoann Richomme, qui était légèrement plus au nord lundi que ses deux concurrents directs Dalin et Simon.
«Gagner du terrain»
«On essaye de gagner du terrain dans l'est avant son arrivée. Il ne faudrait pas qu'on s'arrête trop car il ne faut pas se retrouver au mauvais endroit. Il y a un enjeu», précise-t-il.
Le marin varois ambitionne aussi de progresser vers le nord, en direction des îles Saint-Paul et Amsterdam, pour éviter le gros du coup de tabac, quitte à sortir de la trajectoire la plus courte vers le prochain cap à mettre à bâbord.
«Tous les solitaires vont passer logiquement dans son nord. Plus bas en latitude, ils le subiraient beaucoup plus longtemps, mais aussi avec plus de vent et plus de mer», justifie Christian Dumard, consultant météo de l'épreuve.
L'option plein sud, quant à elle, est bloquée par la «zone d'exclusion antarctique», mise en place par l'organisation depuis 2016 pour protéger les skippers des icebergs et qui entraîne des pénalités de temps si on y rentre sans autorisation.
Derrière les leaders, l'heure est au positionnement pour s'en tirer sans trop de dégâts, dit Paul Meilhat (Biotherm), 9e à 920 milles de Dalin au pointage de 19h00. «Si on le fait bien, on sera impacté quand même, mais c'est surtout les leaders qui devraient subir le plus», ajoute-t-il.
Inspection des bateaux
«On va prendre 40-45 noeuds, ce qui est fort mais finalement un peu le tarif de ces navigations australes», abonde le skipper de Maître Coq V Yannick Bestaven, qui se prépare à prendre la première «patate» de son tour du monde.
«Aujourd'hui (lundi), c'est la journée inspection du bateau. La préparation au gros temps est en cours avec l'installation des voiles qui vont avec», indique le Rochelais, tenant du titre et pointé à la 7e place lundi soir, à un peu plus de 700 milles de la tête de course.
Dimanche, l'expérimenté Jérémie Beyou (Charal) a fait de même pour s'assurer que «tout était bien fonctionnel» à bord avant d'affronter le gros temps. «Je réfléchis déjà à la trajectoire à prendre, à la façon de la gérer», explique-t-il un peu inquiet.
Et même le gros de la flotte s'apprêtant à entrer dans l'Indien aura droit à des conditions musclées, mais quelques jours plus tard: «Je constate que tout le monde est un peu dans la même galère. Avec un petit décalage, on va tous prendre cher», résume Roura.