«Ils m'ont brutalisée et considérée comme un morceau de viande.» Alors que les deux rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou, inculpés de viol aggravé en Argentine, ont été autorisés mardi à quitter le pays, la plaignante a livré son premier témoignage dans la presse française.
Dans un extrait d'une émission d'Envoyé Spécial publié mardi, avant sa diffusion intégrale le 12 septembre sur la chaîne France 2, la plaignante de 39 ans a raconté sa version de la nuit du 6 au 7 juillet, où elle a rencontré Hugo Auradou dans une boîte de nuit à Mendoza.
«Quand il m'a proposé d'aller boire quelque chose dans son hôtel, j'ai dit oui», a-t-elle déclaré dans des messages vocaux envoyés aux journalistes d'Envoyé Spécial. Elle a ensuite expliqué qu'une fois arrivée dans la chambre d'hôtel, elle aurait demandé à partir.
Mais Hugo Auradou l'en aurait empêché: «Il m'a attrapé le cou. Il m'a mise sur le lit. Il m'a déshabillée comme une brute. Il m'a tirée hors du lit alors que j'étais nue et il m'a soulevée par le cou, à tel point que je n'avais plus d'oxygène. J'ai essayé de réagir en le giflant. Au lieu de l'arrêter, cette gifle l'a incité à continuer».
Selon la plaignante, Oscar Jegou est ensuite entré dans la chambre. Après avoir cru que le joueur allait l'aider, elle a expliqué qu'il «a abusé (d'elle)». «A ce moment-là, j'étais aphone. Je ne pouvais pas crier car j'avais les cordes vocales abîmées. Le blond m'a abusé sexuellement une fois. C'était sans préservatif», a-t-elle ajouté.
«Je ne serais peut-être pas en vie aujourd'hui»
Les deux joueurs eux nient toute violence et affirment que les relations sexuelles avec la plaignante étaient consenties. Les avocats des joueurs ont déposé la semaine dernière une demande de non-lieu, pour laquelle une date d'audience n'a pas encore été fixée.
«Tout le monde me demande aujourd'hui: ‘La porte était ouverte, pourquoi tu n'es pas sortie ?’ Je ne pouvais pas sortir, parce que Hugo restait toujours autour de moi. J'ai préféré me laisser faire après tous les coups que j'ai reçus. Si cela n'était pas le cas, je ne serais peut-être pas en vie aujourd'hui», a poursuivi la plaignante avant de lister ses blessures, joignant des photos à l'appui de son témoignage.
Lors de la publication d'images similaires dans la presse argentine la semaine dernière, Me Antoine Vey, avocat français des joueurs, avait rappelé que l'enquête «a établi postérieurement que la plaignante avait caché à la justice qu'elle était atteinte de la maladie de Willebrand», une pathologie hémorragique, trouble de la coagulation, qui peut prédisposer aux ecchymoses ou saignements.
Ce à quoi a répondu la plaignante: «Tout cela n'a rien à voir avec ma maladie. Nous allons demander une expertise judiciaire pour le démontrer».