En défiant l'Angleterre pour son entrée dans l'Euro M21 jeudi (15h00) à Koper, la Suisse va être confrontée à des joueurs rompus au plus haut niveau. Andi Zeqiri et Alexandre Jankewitz, qui jouent outre-Manche, ont la difficile responsabilité de transmettre leur expérience à leurs coéquipiers.
On peut y voir un eldorado. L'Angleterre, son championnat ultra-réputé, ses stars hyper exposées, ses clubs richissimes. Et depuis quelques années, sa propension à sortir des jeunes percutants, qui laissent entrevoir un avenir doré aux Three Lions. Parmi ceux-ci, Curtis Jones (Liverpool), Emile Smith-Rowe (Arsenal) ou Callum Hudson-Odoi (Chelsea) se dresseront face à la Suisse pour le premier match de l'Euro M21.
Le rêve anglais, certains membres de la sélection helvétique ont aussi cherché à le vivre par procuration. Ils sont deux dans les vingt-trois retenus par Mauro Lustrinelli à évoluer dans un club de Premier League: Andi Zeqiri à Brighton et Alexandre Jankewitz à Southampton. Auxquels on peut ajouter Miro Muheim, parti à seize ans à Chelsea, avant de revenir en Suisse où il porte désormais le maillot de Saint-Gall.
En Suisse, le choix de tenter l'aventure étrangère avant même d'avoir pu s'établir en Super League est souvent déprécié. Il n'est pas conseillé par l'ASF.
Même si, pour Lustrinelli, «chaque parcours est différent. Quand un Andi Zeqiri a l'opportunité d'aller jouer à Brighton en Premier League, je le comprends. Pour moi, il faut faire quelques saisons en Super League, pour en devenir un de ses leaders afin d'avoir un bagage. Puis, partir à l'étranger dans une équipe qui ne soit pas de premier plan. Mais parfois partir plus tôt peut aussi être une bonne expérience et permettre de grandir.»
Répercuter l'intensité en sélection
Au-delà du débat, il y a surtout des attentes. Notamment de la part du sélectionneur tessinois: «Il est important que les joueurs qui jouent à l'étranger avec une plus haute intensité l'amènent dans le vestiaire avec nous. Ce sont des exemples pour les autres, qui les regardent.»
Et c'est toute l'ampleur de la tâche, sachant que tant le Vaudois Zeqiri que le Genevois Jankewitz n'ont droit qu'à des miettes en Premier League: 116 minutes pour le premier, seulement trois pour le second.
«La clé, c'est la patience, considère l'ancien buteur du LS. Je n'ai bien sûr pas eu beaucoup de temps de jeu dans les jambes, mais j'ai fait en sorte d'être dans les bonnes conditions. A Brighton, l'intensité à l'entraînement change, tout demande beaucoup d'engagement. Après chaque séance, j'ai besoin de me reposer.»
Et comment la transposer en sélection? «Dans tout ce que je fais, dans la qualité que je mets, dans ce que je dis aux autres, je cherche à leur faire comprendre certaines choses que j'ai apprises à Brighton. Je m'efforce d'être un leader, de leur transmettre de la confiance et de leur faire confiance.»
A 21 ans, Zeqiri doit aussi assumer une certaine pression, plus que pour son cadet de deux ans, qui n'a intégré l'équipe que durant l'automne. Le Lausannois est le fer de lance de l'attaque suisse, lui qui a inscrit dix buts en dix matches de qualification. «C'est vrai que mes coéquipiers m'accordent une certaine confiance, mais c'est ensemble que nous pourrons réussir de grandes choses», répond modestement le no 11.
Jankewitz, qui pourrait débuter jeudi à Koper, est lui plus sur la retenue: «Je ne vois pas trop de différence à l'entraînement, parce qu'il y a ici des joueurs de très bon niveau: le coach nous demande de mettre de l'intensité, alors nous nous adaptons.» Le joueur est aussi reconnu pour cette qualité-là. Cela a pu lui coûter cher, lors de sa première titularisation en Premier League (expulsé après 80 secondes contre Manchester United en février). L'exemple par l'absurde?