La Suisse entre en lice jeudi face à l'Angleterre dans l'Euro M21 en Slovénie. Un match qui prend une saveur particulière pour Alexander Jankewitz.
Expulsé après 80 secondes contre Manchester United avec Southampton en février, Alexandre Jankewitz a été dans l'oeil du cyclone pour ses débuts professionnels. Mais l'international M21 est prêt pour se relever dès le duel avec l'Angleterre à l'Euro jeudi.
Alexandre Jankewitz aurait dû attendre encore un peu avant d'être projeté sur le devant de la scène. Ou en tout cas, la manière devait être différente. Sauf que le Genevois a vécu un cauchemar, le 2 février dernier, à Old Trafford, le théâtre des rêves. Pour ce Manchester United – Southampton, l'international M21 suisse recevait sa première titularisation avec les Saints.
Trop beau pour être vrai: après moins de deux minutes, Jankewitz rentrait beaucoup trop fort dans un duel avec Scott McTominay et se voyait logiquement expulsé. Southampton allait perdre 9-0 et le gamin formé à Servette devenir la cible des réseaux sociaux, avec des menaces virant même souvent au racisme.
«C'était une erreur de jeunesse, confesse-t-il à la veille d'affronter l'Angleterre à l'Euro. J'avais un trop-plein d'excitation, je ne voulais pas le blesser. Je voulais gagner et sur le moment, j'ai même eu de la peine à réaliser ce qu'il se passait.»
«Je ne peux pas m'arrêter là»
Un apprentissage pour Alexandre Jankewitz, arrivé en Angleterre en 2018 pour «le projet sportif, vraiment centré sur moi». Mais depuis, le milieu de 19 ans n'a plus refoulé les pelouses avec la première équipe de Southampton. Il l'accepte: «Sans mentir, c'est quelque chose qui m'a motivé, assure-t-il. Je ne peux pas m'arrêter là et mentalement, je me connais, je sais que je peux passer à autre chose.»
Le joueur se veut sûr de lui, mais le jeune homme, comment a-t-il vécu les dérives que son geste a déclenchées? «Cela m'a un peu touché, confie-t-il. J'ai vu ces messages et j'ai surtout trouvé ça bête de m'arrêter sur ma couleur de peau. Mais dans le fond, je ne me suis pas plus posé de questions que ça.»
Il a aussi eu droit au soutien: de ses coéquipiers, de son club, de l'ASF aussi. Et puis, il attend patiemment de pouvoir refouler les terrains de Premier League: «Je ne pense pas avoir perdu la confiance du coach (réd: Ralph Hasenhüttl), parce qu'il m'a très vite parlé. Et j'ai senti qu'il ne voulait pas me casser. Je dois maintenant simplement travailler pour revenir dans l'équipe.»
En attendant, Jankewitz a un sacré exutoire avec cet Euro M21. «J'ai hâte de jouer contre l'Angleterre jeudi!» On peut lui faire confiance: cette fois, il saura maîtriser son emballement.