Les faillites se multiplient Pourquoi tant d'entreprises traditionnelles suisses disparaissent-elles?

Samuel Walder

28.10.2024

Les entreprises traditionnelles et les PME suisses se retrouvent de plus en plus souvent dans une situation financière difficile. Au premier semestre 2024, les insolvabilités ont enregistré une nette augmentation - les secteurs de l'automobile et de l'immobilier sont particulièrement touchés. Eclairage d'un expert.

3'006 entreprises ont dû fermer leurs portes en Suisse au cours du premier semestre 2024. (KEYSTONE/Martin Ruetschi)
3'006 entreprises ont dû fermer leurs portes en Suisse au cours du premier semestre 2024. (KEYSTONE/Martin Ruetschi)
Archivbild: Keystone

Il semble que les entreprises traditionnelles et les PME fassent de plus en plus souvent faillite en Suisse. Les chiffres et les experts le prouvent également. Mais pourquoi tant d'entreprises disparaissent-elles ?

La Confédération et le portail PME du Seco informent sur le nombre d'insolvabilités des entreprises en Suisse au cours des six premiers mois de 2024. Le nombre de procédures d'insolvabilité en Suisse ne faiblit pas. Au premier semestre 2024, 3006 entreprises ont mis la clé sous la porte, selon le cabinet de conseil Dun & Bradstreet, écrit le portail PME, ce qui représente une augmentation de 7% par rapport à l'année précédente.

Les secteurs de l'automobile et de l'immobilier souffrent le plus

C'est surtout en Suisse centrale (384, +27%), en Suisse orientale (336, +12%) et dans le canton de Zurich (552, +10%) que l'on a observé une augmentation particulièrement élevée des radiations du registre du commerce.

La région lémanique et la Suisse du Nord-Ouest présentent pour leur part une augmentation plus modérée des faillites, de 7% (694 et 397 cas respectivement). Au Tessin, la situation n'a que peu évolué (179, +2%), tandis que l'Espace Mittelland est la seule région où les procédures d'insolvabilité ont diminué (464, -11%).

Au premier semestre 2024, les entreprises du secteur automobile (+43%) et de l'immobilier (+38%) ont été fortement touchées par les insolvabilités. La fabrication et les services personnels ont également enregistré une hausse de 16% chacun des faillites.

C'est dans le secteur de la construction qu'il y a eu le plus de faillites. Par rapport à l'année précédente, ce sont toutefois les secteurs de l'automobile et de l'immobilier qui ont le plus dû fermer leurs entreprises.
C'est dans le secteur de la construction qu'il y a eu le plus de faillites. Par rapport à l'année précédente, ce sont toutefois les secteurs de l'automobile et de l'immobilier qui ont le plus dû fermer leurs entreprises.
Dun & Bradstreet

Comme souvent, il n'y a pas qu'une seule raison à la mort des entreprises traditionnelles. Felix Horlacher, expert en PME et économiste, explique: «Certains secteurs ont plus de mal aujourd'hui qu'autrefois. Mais un autre facteur est aussi la numérisation». La plupart du temps, ce sont différents facteurs qui mettent une entreprise à genoux. Horlacher observe constamment les branches et confirme qu'il y a eu une légère augmentation des fermetures. Néanmoins, de nouvelles entreprises ont également été créées.

Horlacher énumère: «Les raisons peuvent varier en fonction du secteur ou de l'industrie. Par exemple, pour les activités d'exportation, le taux de change est un facteur qui peut nuire à une entreprise». La numérisation est un facteur important qui peut faire la différence entre une faillite et des chiffres en hausse.

Une entreprise qui a investi tôt dans la numérisation peut ainsi réduire ses coûts et, le cas échéant, baisser ses prix dans le secteur des services, «ce qui rend l'entreprise plus attrayante pour les clients», explique Horlacher. Par exemple, les processus internes peuvent être simplifiés grâce à la numérisation. La numérisation est également importante pour les clients. Par exemple, les reçus ou les garanties numériques permettent d'économiser du papier. Il ne faut pas non plus sous-estimer la concurrence entre les entreprises.

La guerre en Ukraine peut être un des responsables 

Une autre raison pourrait également être la guerre en Ukraine et au Proche-Orient. «L'économie suisse a été principalement touchée par les guerres au niveau des prix de l'énergie. Certes, la situation s'est maintenant stabilisée. Mais cela va certainement coûter beaucoup d'argent à certaines entreprises», note Horlacher. Si l'on prend l'exemple d'une aciérie, la hausse des coûts de l'électricité ou de l'énergie peut rapidement mettre fin à une entreprise.

Felix Horlacher pense que le secteur industriel est plus touché par les fermetures que le secteur des services.

Une autre raison est la concurrence. Certains secteurs doivent se demander s'ils ne doivent pas repenser la stratégie, voire l'orientation de leur activité. «Une entreprise suisse qui produit du textile, par exemple, n'a aucune chance de rivaliser avec les grandes entreprises», relève encore l'expert. Les grandes entreprises textiles produisent en Asie. Le marché est épuisé et la production en Asie est nettement moins chère. «Une entreprise textile suisse ne peut donc pas du tout rivaliser», observe Horlacher.

Pour lui, une fermeture ne doit toutefois pas signifier quelque chose de négatif. «Si une entreprise ferme alors que la branche est bien occupée, cela ne doit pas forcément nuire à l'économie». Il en résulte un mélange naturel de la main-d'œuvre et d'autres entreprises peuvent éventuellement connaître un nouvel essor. «C'est peut-être un peu cynique, mais la concurrence est grande et ce n'est que de cette manière que d'autres entreprises du même secteur pourraient même avoir un nouvel élan».