Cinéma fracturé Gérard Depardieu : six ans de témoignages explosifs et plaintes en série

Gérard Depardieu est jugé lundi à Paris pour agressions sexuelles sur deux femmes. Rappel des accusations et plaintes, qui se sont accumulées contre l'acteur depuis six ans :

Gregoire Galley

28.10.2024, 08:49

28.10.2024, 10:11

Gregoire Galley

Plainte pour des viols

La comédienne Charlotte Arnould, 22 ans, dépose plainte fin août 2018 contre Gérard Depardieu, 69 ans à l'époque, à la gendarmerie de Lambesc (sud). Elle dénonce deux viols qui se seraient déroulés au domicile parisien de la star, les 7 et 13 août. L'acteur conteste les faits. Le 4 juin 2019, l'enquête est classée sans suite, les faits paraissant insuffisamment caractérisés.

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Mais le 10 mars 2020, la comédienne, dont le nom n'est pas encore rendu public, dépose plainte avec constitution de partie civile à Paris. L'enquête est rouverte quelques mois après.

Mise en examen pour «viols» et «agressions sexuelles»

Gérard Depardieu est mis en examen pour «viols» et «agressions sexuelles» le 16 décembre 2020. Il en demande l'annulation, sans résultat.

Un an plus tard, Charlotte Arnould, choquée que Gérard Depardieu poursuive sa carrière «pendant qu'(elle) passe son temps à survivre», révèle son identité sur Twitter.

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Multiplication des témoignages

Sur le site Mediapart, treize femmes témoignent, le 11 avril 2023, de violences sexuelles. Le parquet de Paris indique alors n'avoir «été destinataire à ce jour d'aucune nouvelle plainte».

Deux jours plus tard, des manifestants, surtout des femmes, retardent à Lille (nord) la représentation «Depardieu chante Barbara». Idem à Lyon (centre-est) le 27 mai. Entre temps, Depardieu est écarté de la promotion du film «Umami».

En juillet, la radio France Inter recueille deux autres témoignages d'agression sexuelle, ceux d'une assistante mise en scène et d'une technicienne.

Carrière en pause

La comédienne Hélène Darras porte à son tour plainte le 10 septembre 2023 pour agression sexuelle sur le tournage de «Disco» en 2007. La plainte sera classée pour prescription.

Début octobre, dans le quotidien Le Figaro, l'acteur se dit «ni violeur, ni prédateur» et affirme que «jamais au grand jamais, (il n'a) abusé d'une femme». «Je l'ai vu le faire», répond Anouk Grinberg dans une interview au magazine Elle. «Tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu savent qu'il agresse les femmes.» L'acteur met sa carrière en pause.

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«Honte à la France»

Le 7 décembre, le magazine d'investigation «Complément d'enquête», sur la télévision publique France 2, dévoile une séquence tournée cinq ans plus tôt en Corée du Nord où l'acteur multiplie les propos misogynes et à caractère sexuel y compris envers une fillette.

Ces propos font «honte à la France» pour la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak qui annonce une procédure disciplinaire pouvant lui ôter la Légion d'honneur. L'acteur est radié de l'Ordre national du Quebec, perd son titre de citoyen d'honneur d'une commune belge, voit sa statue retirée du musée Grévin.

Mi-décembre, la journaliste et écrivaine espagnole Ruth Baza dépose plainte en Espagne pour un viol qui aurait eu lieu lors d'une interview le 12 octobre 1995 à Paris.

Le monde du cinéma français fracturé

Le 17 décembre, la famille de Gérard Depardieu, dont sa fille, l'actrice Julie Depardieu, dénonce «une cabale». Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron salue un «immense acteur» qui «rend fière la France» et évoque «une chasse à l'homme».

L'actrice Carole Bouquet, ancienne compagne de Gérard Depardieu, défend à son tour l'acteur «incapable de faire du mal à une femme», suivie d'une soixantaine de célébrités, qui dénoncent un «lynchage» le 25 décembre sur le site du Figaro.

En 48 heures, quelque 8.000 artistes signent une «contre-tribune». L'actrice Sophie Marceau, qui l'avait déjà en 2015 qualifié de «prédateur», enfonce le clou dans le magazine Paris Match.

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Tournage des «volets verts»

Le 9 janvier 2024, une ancienne assistante de tournage, qui souhaite rester anonyme, dépose plainte à Paris pour agression sexuelle lors du tournage du court-métrage «Le Magicien et le siamois» en 2014. Le parquet clôture l'affaire en avril pour prescription.

Le 23 février, une décoratrice fait de même pour des faits survenus sur le tournage des «Volets verts» de Jean Becker en 2021. Une autre femme, assistante réalisatrice sur ce même tournage selon Mediapart, dépose également plainte.

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Un procès programmé, un autre requis

Le 29 avril, Gérard Depardieu est placé en garde à vue puis convoqué devant le tribunal correctionnel pour agressions sexuelles sur ces deux femmes sur le tournage du film «Les volets verts». Le procès s'ouvre lundi.

Un autre procès pourrait se profiler, le parquet de Paris ayant requis le 14 août le renvoi de l'acteur devant une cour criminelle pour viols et agressions sexuelles sur Charlotte Arnould.

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