Vers un référendum? Dépôt de déchets radioactifs à Stadel: le peuple doit se prononcer

kigo, ats

15.11.2024 - 11:56

Le projet de dépôt de déchets radioactifs en couches profondes à Stadel (ZH) doit être soumis au verdict populaire. Une commission composée de scientifiques et de personnalités politiques alémaniques estime que le peuple suisse a son mot à dire sur un projet de cette ampleur.

La commission «Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple!» a anticipé vendredi le dépôt mardi prochain par la Nagra des demandes d’autorisation concernant le dépôt en couches géologiques profondes pour les déchets radioactifs à Stadel (ZH).
La commission «Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple!» a anticipé vendredi le dépôt mardi prochain par la Nagra des demandes d’autorisation concernant le dépôt en couches géologiques profondes pour les déchets radioactifs à Stadel (ZH).
sda

La Société coopérative nationale pour le stockage de déchets radioactifs (Nagra) va déposer mardi prochain auprès de la Confédération sa demande d'autorisation pour la construction du dépôt. Dans ce cadre, elle lui soumettra treize documents basés sur 200 rapports scientifiques d'un total d'environ 30'000 pages.

Le Conseil fédéral et le Parlement doivent décider de son sort à partir de 2029. Le projet doit être soumis au référendum facultatif.

Menace de référendum

«Nous allons tout faire pour que le peuple suisse puisse s'exprimer dans l'urne», a déclaré vendredi la commission «Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple!» aux médias à Berne. «Une décision qui aura un impact d'un million d'années sur l'environnement doit impérativement être soumise à une votation populaire.»

«S'il n'y a qu'un référendum facultatif prévu, nous ferons tout pour en déposer un», a précisé Harald Jenny, d'un groupement d'experts spécialisés sur les dépôts en profondeur ("Unabhängiges Schweizer Begleitgremium Tiefenlager"). Plaidant pour une «opposition constructive», la conseillère nationale Martina Munz (PS/SH) a estimé important d'alerter déjà maintenant la population sur les interrogations liées à la sécurité du projet.

M. Jenny souhaite «anticiper un avenir extrêmement lointain ensemble». Si la commission dit comprendre qu'il faut protéger au mieux les déchets nucléaires qui existent aujourd'hui, elle demande de temporiser, en poursuivant dans l'intervalle l'effort de les rendre inoffensifs. «Enterrer et oublier n'est pas la solution.»

Pour Karin Joss, de l'association LoTI ("Nördlich Lägern ohne Tiefenlager», Versant nord du Lägern sans dépôt en profondeur), il est possible de prendre quelques décennies de plus de réflexion. «Nous devrions avoir terminé la sortie du nucléaire et savoir exactement combien de déchets ont été produits.»

Choix de l'endroit remis en question

La commission estime qu'une décharge de matériaux nucléaires hautement toxiques et hautement radioactifs est «un danger pour les générations futures, aussi bien pour les personnes que pour l'environnement». Mme Joss a déploré le choix de l'endroit, au milieu d'une commune rurale, proche de zones densément peuplées, de l'aéroport de Zurich, du Rhin et de l'Allemagne. Et de regretter le fait qu'un problème national doive être résolu localement.

Harald Jenny a ajouté qu'il n'y a actuellement pas de réponse à des questions «fondamentales» touchant à des éléments géologiques de l'endroit, comme les zones de faille, les sondes de chaleur, l'énergie géothermique ou encore les eaux souterraines. «La seule certitude, c'est l'incertitude.»

«Il n'est pas possible de s'assurer que toutes les générations futures connaîtront l'existence de ce dépôt», a encore relevé Mme Joss. Et même si les gens connaissent le danger des radiations, ils ne peuvent jamais y échapper complètement.

Pas de «plan B»

La commission a aussi souligné les risques liés à un tel dépôt et demandé davantage de garanties de sécurité. Il n'est pas possible de confiner absolument toutes les substances radioactives sur de très longues périodes, selon elle.

«Il n'y a aucune garantie que la géologie du sous-sol restera silencieuse aussi longtemps. Qu'aucune radioactivité ne s'échappe. Que ni le sol ni l'eau ne sont contaminés.» Mme Munz a encore mentionné la difficulté de récupérer les déchets nucléaires, en termes techniques et de coûts.

Thomas Feer, représentant de KLAR! ("Kein Leben mit atomaren Risiken», Pas de vie avec des risques nucléaires), a lui fustigé l'absence de «plan B» en cas d'échec. Il a demandé des alternatives et des options de sortie si le «mégaprojet de plusieurs milliards de francs» devait être abandonné.

Le choix, par la Nagra, d'un site à Stadel pour la construction du dépôt date de septembre 2022. Le début des travaux de construction serait prévu en 2045. Les premiers déchets faiblement et moyennement radioactifs seraient stockés dès 2050 environ. L'exploitation du secteur prévu pour les déchets hautement radioactifs démarrerait vers 2060.

kigo, ats