Cancer du seinUn ancien médicament pour le cœur efficace contre les métastases
uc, ats
24.1.2025 - 10:41
L'un des plus anciens médicaments pour le cœur, la digoxine, pourrait aider à prévenir la formation de métastases dans le cancer du sein. Selon une étude de l'EPF de Zurich, il réduit en effet les amas de cellules tumorales qui circulent dans le sang.
Keystone-SDA, uc, ats
24.01.2025, 10:41
ATS
Des scientifiques de l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), des hôpitaux universitaires de Bâle et de Zurich ainsi que de l'Hôpital cantonal de Bâle-Campagne ont découvert que ce médicament cardiaque basé sur la digitaline – autrefois extraite de la digitale – pourrait également être efficace dans le contexte du cancer du sein.
Les auteurs de cette étude publiée vendredi dans la revue Nature Medicine ont effectué un vaste screening, testant systématiquement ces dernières années plus de 2400 substances différentes dans des cultures cellulaires afin de trouver des substances actives contre les amas de cellules cancéreuses provenant de la tumeur primaire et circulant dans le sang.
Ces cellules (en anglais: circulating tumor cell/CTC) peuvent se regrouper en petits amas (clusters) et s'implanter dans d'autres organes. C'est le point de départ de la formation de métastases.
«La formation de métastases dans le cancer du sein dépend des clusters CTC», indique le responsable de l'étude, Nicola Aceto, professeur d'oncologie moléculaire à l'EPFZ, cité dans un communiqué de la haute école.
Réduction significative
Une première étude clinique a été menée. Neuf patientes atteintes d'un cancer du sein métastatique ont reçu de la digoxine à faible dose et sans danger pendant une semaine. Résultat: le nombre de cellules par amas a diminué de manière significative, en moyenne de 2,2 cellules.
Compte tenu de la taille typique de ces clusters – jusqu'à une douzaine de cellules -, cela signifiait une nette réduction du risque de métastases. Plus ces amas sont petits, moins ils sont en mesure de produire des métastases avec succès.
Les experts ont également réussi à élucider le mécanisme sous-jacent: le talon d'Achille des clusters CTC sont les pompes à sodium et à potassium qui se trouvent dans les membranes des cellules tumorales et qui sont responsables du transport du sodium hors des cellules et du potassium dans les cellules.
La digoxine bloque ces pompes et supprime ainsi l'échange d'ions. Les cellules absorbent donc davantage de calcium depuis l'extérieur de la membrane cellulaire, ce qui affaiblit la cohésion des amas de cellules cancéreuses, qui se désagrègent.
Testé sur d'autres cancers
Des essais en laboratoire ont d'ores et déjà été lancés sur d'autres maladies cancéreuses qui sont particulièrement dangereuses en raison de la formation de métastases: les cancers de la prostate, du côlon, du pancréas ainsi que le mélanome.
«Cette étude doit être considérée comme une validation de principe montrant qu'il est possible d'interrompre les clusters CTC», a indiqué à l'agence Keystone-ATS Nicola Aceto. Pour vérifier si cette approche permet réellement d'empêcher les métastases, il faut d'abord développer des médicaments plus efficaces et plus faciles à doser.
La digoxine a été utilisée depuis 1930 environ comme premier médicament efficace pour le traitement de l'insuffisance cardiaque chronique. Entre-temps, les préparations à base de digitaline ne sont plus guère utilisées en raison des effets secondaires possibles.