La ministre des Peuples indigènes «La jungle n'est pas un puits de pétrole, mais notre temple»

ATS

7.8.2023 - 22:25

La ministre des Peuples indigènes du Brésil, Sonia Guajajara, a qualifié lundi le sommet des pays amazoniens à Belem de «moment historique» pour les autochtones, qui espèrent avoir voix au chapitre pour revendiquer notamment leur droit à la terre.

A Belem, quelque 24'000 représentants des peuples indigènes ont participé à une conférence avant le sommet des pays amazoniens qui débute mardi.
A Belem, quelque 24'000 représentants des peuples indigènes ont participé à une conférence avant le sommet des pays amazoniens qui débute mardi.
ATS

«Nous, les peuples indigènes, nous ne pensons pas seulement aux quatre prochaines années (durée d'un mandat présidentiel au Brésil), mais aux quarante prochaines», a dit à l'AFP la ministre, elle-même indigène.

«La jungle n'est pas un puits de pétrole, ni une mine d'or. C'est notre temple», confie également à l'AFP Nemo Guiquita, dirigeante d'une organisation qui représente plus de 1500 communautés indigènes en Equateur.

«J'espère que le fruit de nos débats sera inclus dans la déclaration finale (du sommet), car si les décisions sont prises seulement au niveau des Etats, tout notre travail aura été en vain», prévient-elle.

COP30 en 2025

Nemo Guiquita et d'autres chefs autochtones de plusieurs pays ont participé ce week-end à Belem (nord) à une conférence intitulée Dialogues Amazoniens, qui avait pour but de discuter des solutions face à la crise climatique.

Plus de 24'000 personnes ont pris part à la rencontre, deux fois plus que prévu, selon Mme Guajajara.

Le sommet des pays amazoniens va rassembler mardi et mercredi des représentants d'une quinzaine de pays. La ville brésilienne de Belem n'a pas été choisie par hasard: située aux portes de l'Amazonie brésilienne, elle accueillera en 2025 la conférence sur le Climat de l'ONU COP30.

L'un des principaux défis du sommet sera d'obtenir un engagement commun sur une fin de la déforestation illégale de l'Amazonie, que le gouvernement du président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva a promis d'éradiquer d'ici 2030.

«Nous espérons au moins que les pays s'engagent à reconnaître les territoires indigènes», a déclaré ce week-end Toya Manchineri, de la Coordination des organisation indigènes de l'Amazonie brésilienne (Coiab).

Onze réserves

Au Brésil, «seules onze réserves avaient été homologuées en dix ans», avant le retour au pouvoir de Lula en janvier, rappelle Sonia Guajajara.

Le processus de démarcation était totalement à l'arrêt sous le gouvernement précédent, du président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).

Mais six nouvelles réserves ont été homologuées en avril, «et d'autres pourraient l'être d'ici la fin de la semaine», souligne la ministre.

«Notre combat n'est pas seulement pour les peuples indigènes, mais pour le monde entier, pour que les futures générations puissent survivre dans notre planète», conclut Nemo Guiquita.

ATS