Guerre à Gaza Le Hamas dénonce l'idée de Trump de déplacer les Gazaouis

ATS

26.1.2025 - 15:43

Le président américain Donald Trump a proposé samedi de déplacer les Gazaouis vers l'Egypte et la Jordanie pour «faire le ménage», selon lui, dans la bande de Gaza. Une proposition vivement critiquée par le Hamas et son allié le Jihad islamique.

Samedi, un différend de dernière minute a bloqué le début du retour dans le nord du territoire palestinien de centaines de milliers d'habitants déplacés comme prévu par l'accord de trêve (archives).
Samedi, un différend de dernière minute a bloqué le début du retour dans le nord du territoire palestinien de centaines de milliers d'habitants déplacés comme prévu par l'accord de trêve (archives).
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Keystone-SDA

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'a pas encore réagi à la proposition américaine. Mais le ministre d'extrême droite Bezalel Smotrich l'a qualifiée d'«excellente idée», affirmant que les Palestiniens pourraient «établir une nouvelle et belle vie ailleurs».

Après plus de 15 mois de guerre à Gaza, un cessez-le-feu a débuté le 19 janvier. Mais Israël et le Hamas se sont mutuellement accusés dimanche d'avoir violé les termes de l'accord, au lendemain de l'échange de quatre soldates israéliennes par le mouvement islamiste contre environ 200 prisonniers palestiniens détenus dans des geôles israéliennes.

«Site de démolition»

Dans ce contexte, Donald Trump a comparé samedi soir la bande de Gaza dévastée par la guerre et plongée dans une grave crise humanitaire à un «site de démolition». Il a dit avoir parlé de la situation au roi Abdallah II de Jordanie, ajoutant qu'il allait faire de même dimanche avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Selon lui, un «ménage» devrait être fait parmi la population. «Je préférerais m'impliquer avec certaines nations arabes et construire des logements à un autre endroit où ils pourraient peut-être vivre en paix pour une fois», a ajouté le président, suggérant un déplacement «temporaire ou à long terme».

Pendant ce temps dans le territoire palestinien, des «dizaines de milliers» de personnes étaient empêchées par Israël de retourner dans le nord via le passage de Netzarim, qui coupe la bande de Gaza en deux, a indiqué à l'AFP la Défense civile. Des images tournées par l'AFP montrent une foule compacte à l'approche de ce corridor.

«Crimes contre l'humanité»

Les Palestiniens «feront échouer» la proposition de M. Trump «comme ils ont fait échouer tous les projets de déplacement (...) pendant des décennies», a réagi dimanche Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.

Le Jihad islamique a de son côté estimé que ces propos encourageent les «crimes de guerre et crimes contre l'humanité» à Gaza, où la grande majorité des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, souvent à plusieurs reprises.

Donald Trump a également confirmé avoir débloqué une livraison de bombes de plus de 900 kilogrammes pour son allié, décision saluée par Israël.

Echange de prisonniers

Le nouveau président américain avait exercé une intense pression sur les deux camps pour que soit conclu avant son investiture le 20 janvier un accord de cessez-le-feu.

Dans le cadre de cet accord, un premier échange de trois otages israéliennes contre 90 prisonniers palestiniens s'était tenu dimanche dernier, au premier jour de la trêve. Les trois femmes sont sorties dimanche de l'hôpital où elles avaient été prises en charge.

Samedi, quatre autres otages israéliennes, des soldates âgées de 19 à 20 ans enlevées le 7 octobre 2023, ont été libérées de la bande de Gaza en échange de quelque 200 prisonniers palestiniens. L'hôpital où elles ont également été transférées a indiqué qu'elles étaient dans un «état stable».

Tensions

La première phase de l'accord de cessez-le-feu doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 otages contre quelque 1900 prisonniers palestiniens.

Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la dernière étape portant sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts en captivité.

Samedi, un différend de dernière minute a bloqué le début du retour dans le nord du territoire palestinien de centaines de milliers d'habitants déplacés comme prévu par l'accord de trêve.

Israël a justifié dimanche son refus de les laisser passer en accusant le Hamas de deux violations de l'accord. Arbel Yehuda, une femme civile dont Israël réclamait la libération samedi, «n'a pas été libérée» et «la liste du statut» des otages – morts ou vivants – «n'a pas été soumise» par le mouvement palestinien.

Le Hamas, qui a affirmé samedi à l'AFP que l'otage serait «relâchée à l'occasion du troisième échange» prévu le 1er février, a de son côté accusé dimanche Israël de «violer» l'accord en empêchant le retour des habitants du nord de Gaza.

Quinze morts au Liban

Au Liban, où un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah était entré en vigueur le 27 novembre, le ministère de la Santé a fait état de quinze morts, dont un soldat et trois femmes, tués dimanche par des tirs israéliens, alors que des centaines d'habitants tentaient de rentrer dans des villages proches de la frontières toujours occupés par Israël. Des dizaines de personnes ont aussi été blessées.

En vertu de l'accord, l'armée israélienne devait achever dimanche son retrait du sud du Liban, mais Israël a annoncé vendredi que l'opération se poursuivrait au-delà de la date limite du 26 janvier.