Marco Odermatt saura se contenter d'un 6e rang dans la descente de Kitzbühel, son grand objectif de la saison. Le patron du ski alpin masculin n'a pas pu et n'a pas voulu prendre tous les risques.
Tous les voyants semblaient pourtant au vert pour le Nidwaldien de 27 ans, seul véritable favori samedi en l'absence de Cyprien Sarrazin, Aleksander Aamodt Kilde et Vincent Kriechmayr (tous blessés). Sa victoire vendredi sur la Streif, en super-G, aurait dû le libérer encore plus.
Mais Marco Odermatt a manqué son affaire samedi, échouant à 0''55 du vainqueur, le Canadien James Crawford, et laissant la place de meilleur Suisse à Alexis Monney (2e). Bien sûr, sa tâche était immense. Le fait que le doublé super-G/descente à Kitzbühel n'a plus été réalisé depuis 2010 (Didier Cuche) le démontre.
Son succès en super-G, une course qui lui tenait tout autant à coeur, a laissé plus de «traces» qu'on ne l'aurait imaginé. Il a d'ailleurs souligné vendredi que cette victoire était «la plus importante de (sa) carrière» dans cette discipline.
«Baisse de tension»
Après tout, il s'agissait de son premier succès sur la Streif, qui s'était jusque-là toujours refusée à lui. Son émotion était d'ailleurs immense vendredi soir à l'heure de la cérémonie de remise des prix: il avait les yeux vitreux à l'heure de soulever le fameux Chamois d'or, que seuls les vainqueurs de la Streif reçoivent.
«C'était tout simplement une journée magnifique et le soir, lors de la cérémonie, l'émotion était à son comble. Si l'on ajoute les nombreuses chutes qui ont émaillé le super-G, il se peut que tout cela ait provoqué une baisse de tension chez moi», a confessé Odermatt samedi.
«Je ne pouvais pas prendre de risques à 100, surtout pas à 110% aujourd'hui (samedi). Mais je ne me suis pas non plus levé le matin en me disant qu'une sixième place serait cool. Ce n'est certainement pas le cas», a-t-il poursuivi, alors qu'il tentait d'expliquer pourquoi cet échec ne le contrariait pas plus que cela.
En route vers un nouveau quadruplé
Marco Odermatt a d'abord qualifié sa course de bonne en zone mixte, mais un peu plus tard, sa course n'était déjà plus que solide. «J'ai quand même commis deux petites erreurs. Celle du Lärchenschuss en particulier m'a fait mal, car elle m'a fait perdre pas mal de vitesse», a-t-il analysé.
«Et pour gagner sur cette Streif plutôt facile en raison des conditions de neige, il aurait fallu prendre beaucoup de risques», a enchaîné le Nidwaldien, qui n'a tout simplement pas pu ni voulu prendre les risques nécessaires. Même pour atteindre son grand objectif de la saison.
Streif ou pas, sa saison est en effet encore longue, avec bien d'autres objectifs. Odermatt, qui a dépassé les 1000 points au général, est idéalement placé pour remporter le gros Globe de cristal pour la quatrième fois consécutive. Il est également en tête des classements de la descente, du super-G et du géant.
Pas d'impasse
«Je me sens bien, et en bonne santé. Le plan initial, qui consistait peut-être à faire l'impasse sur une course, n'entre pas en ligne de compte», a-t-il assuré. «Et je peux désormais très bien vivre avec une course dans laquelle je ne cours pas pour la victoire, mais seulement pour la quatrième, cinquième ou sixième place.»
Cette déclaration est peut-être valable pour le géant de mardi à Schladming et la descente de dimanche prochain à Garmisch. Mais certainement plus à partir du 4 février, date à laquelle les Mondiaux débuteront à Saalbach-Hinterglemm. La victoire, tout du moins le top 3, sera à nouveau au centre des préoccupations du double champion du monde 2023.