En tout cas pas avant 18h...Bayrou voudrait bien un nouveau gouvernement pour Noël
ATS
23.12.2024 - 10:54
La composition du gouvernement français ne sera pas connue avant 18h00 lundi, en raison de la journée de deuil national pour Mayotte. Cela après un weekend d'intenses tractations et d'échanges entre le Premier ministre François Bayrou et le président Emmanuel Macron.
Keystone-SDA
23.12.2024, 10:54
23.12.2024, 10:59
ATS
Le centriste François Bayrou, désigné le 13 décembre, avait dit vouloir aboutir à des nominations au plus tard avant Noël.
Il est «en train d'effectuer les derniers réglages», a indiqué dimanche son entourage, alors que M. Macron est rentré dimanche matin d'une tournée qui l'a conduit à Bruxelles, à Mayotte et en Afrique de l'Est.
Les deux têtes de l'exécutif se sont parlé au téléphone à plusieurs reprises dimanche avant finalement de se retrouver dans la soirée à l'Elysée pour un entretien, a indiqué l'entourage du président.
Minute de silence
Lundi a été décrétée journée de deuil national par le président Emmanuel Macron pour Mayotte dévastée par le cyclone Chido. Une minute de silence doit être observée dans tout le pays à 11h00 en hommage aux victimes de la catastrophe, dont le bilan provisoire s'élève à 35 morts et 2500 blessés.
De nominations de Premiers ministres en remaniements, la classe politique s'est habituée à devoir patienter au gré des ajustements de calendriers de l'exécutif.
«Cette durée de ce casting par rapport aux urgences du pays, aux crises que l'on traverse, c'est insupportable», a critiqué le député RN (extrême droite) Jean-Philippe Tanguy sur BFMTV-RMC, dénonçant «toujours le même sketch».
Instabilité inédite
M. Bayrou, âgé de 73 ans, a été nommé par Emmanuel Macron au terme de longues consultations pour trouver un successeur au conservateur Michel Barnier, dont le gouvernement minoritaire a été renversé le 4 décembre par des députés de gauche et d'extrême droite après seulement trois mois en poste.
M. Bayrou est le sixième chef du gouvernement depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017 et le quatrième en 2024, une instabilité que n'avait pas connue la France depuis des décennies.
Le nouveau Premier ministre doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par M. Macron en juin. L'hémicycle est fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite); aucun ne dispose de la majorité absolue.
Des personnalités de poids
M. Bayrou souhaite former une équipe resserrée et la plus ouverte possible. Il veut qu'elle comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences qu'affronte le pays, notamment budgétaires.
La première semaine de M. Bayrou à Matignon a été surtout marquée par le tombereau de critiques sur sa présence au conseil municipal de Pau, ville du sud-ouest dont il entend rester maire, en pleine crise à Mayotte.
Il a une cote de popularité historiquement basse pour une prise de fonction, 66% des Français se disant mécontents, selon un baromètre publié dimanche.
Noms évoqués
Parmi les noms évoqués pour son gouvernement, figurent ceux de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne ou de l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Parmi les sortants, Catherine Vautrin (Territoires), Rachida Dati (Culture) et Sébastien Lecornu (Armées) devraient rester, probablement aux mêmes portefeuilles.
A gauche, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé être «prêt» à rejoindre le gouvernement, vantant sa «relation de confiance» de longue date avec François Bayrou. Mais rien ne filtre ou presque sur d'autres personnalités issues de la gauche qui pourraient être tentées de rejoindre François Bayrou.
Le PS refusé de participer
Le parti socialiste a formellement refusé de participer au gouvernement, et son chef Olivier Faure est sorti déçu de Matignon jeudi, se disant «consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé». Il n'a pas exclu de censurer le nouveau Premier ministre.
François Bayrou a accepté le principe d'ouvrir une réflexion pour revoir la réforme très contestée portant l'âge de la retraite à 64 ans. Mais sans suspension de cette réforme, les socialistes jugent le geste insuffisant.
Samedi soir, le chef des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a confirmé à ses troupes qu'il s'orientait vers une participation du parti de droite au gouvernement (mais sans y participer lui-même). M. Bayrou a annoncé son intention de maintenir le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure de la droite conservatrice et tenant d'une ligne dure sur l'immigration.
Le socle gouvernemental de François Bayrou serait finalement assez proche de celui de l'ancien commissaire européen Michel Barnier, renversé le 4 décembre par une motion de censure de l'Assemblée nationale, après trois mois en poste.