FranceComposition du gouvernement: Bayrou «en train d'effectuer les derniers réglages»
ATS
22.12.2024 - 22:00
Malgré des signes de l'imminence d'une annonce, la composition du gouvernement français ne devrait être connue que lundi ou mardi, après une journée d'intenses tractations et d'échanges entre le Premier ministre François Bayrou et le président Emmanuel Macron.
Keystone-SDA
22.12.2024, 22:00
ATS
Le gouvernement ne sera pas annoncé dimanche soir, a assuré à l'AFP l'entourage du président, sans préciser s'il serait annoncé lundi, jour de deuil national pour l'archipel français de Mayotte, dans l'océan Indien, après le passage dévastateur du cyclone Chido, ou mardi 24 décembre
Le centriste François Bayrou, désigné le 13 décembre, avait dit vouloir aboutir à des nominations au plus tard avant Noël.
Il est «en train d'effectuer les derniers réglages», a indiqué dimanche son entourage, alors que M. Macron est rentré dimanche matin d'une tournée qui l'a conduit à Bruxelles, à Mayotte et en Afrique de l'Est.
Les deux têtes de l'exécutif se sont parlé au téléphone dimanche en début de soirée, leur troisième échange de la journée. Une rencontre prévue à l'Elysée n'a finalement pas eu lieu.
«Cela avance (...) La structuration des grands pôles ministériels est fixée», avait assuré samedi soir le président des députés du parti de M. Bayrou, le MoDem, Marc Fesneau, confirmant que la liste complète du gouvernement devrait être présentée «en une seule fois» et «avant Noël».
M. Bayrou, âgé de 73 ans, a été nommé par Emmanuel Macron au terme de longues consultations pour trouver un successeur au conservateur Michel Barnier, dont le gouvernement minoritaire a été renversé le 4 décembre par des députés de gauche et d'extrême droite après seulement trois mois en poste.
M. Bayrou est le sixième chef du gouvernement depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017 et le quatrième en 2024, une instabilité que n'avait pas connue la France depuis des décennies.
Faible cote de popularité
Le nouveau Premier ministre doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par M. Macron en juin. L'hémicycle est fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite); aucun ne dispose de la majorité absolue.
M. Bayrou souhaite former une équipe resserrée et la plus ouverte possible. Il veut qu'elle comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences qu'affronte le pays, notamment budgétaires.
La première semaine de M. Bayrou à Matignon a été surtout marquée par le tombereau de critiques sur sa présence au conseil municipal de Pau, ville du sud-ouest dont il entend rester maire, en pleine crise à Mayotte.
Il a une cote de popularité historiquement basse pour une prise de fonction, 66% des Français se disant mécontents, selon un baromètre publié dimanche.
Parmi les noms évoqués pour son gouvernement, figurent ceux de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne ou de l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Parmi les sortants, Catherine Vautrin (Territoires), Rachida Dati (Culture) et Sébastien Lecornu (Armées) devraient rester, probablement aux mêmes portefeuilles.
«Consterné»
A gauche, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé être «prêt» à rejoindre le gouvernement, vantant sa «relation de confiance» de longue date avec François Bayrou.
Mais rien ne filtre ou presque d'autres personnalités, notamment issues de la gauche.
Le parti socialiste a formellement refusé de participer au gouvernement, et son chef Olivier Faure est sorti déçu de Matignon jeudi, se disant «consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé». Il n'a pas exclu de censurer le nouveau Premier ministre.
François Bayrou a accepté le principe d'ouvrir une réflexion pour revoir la réforme très contestée portant l'âge de la retraite à 64 ans. Mais sans suspension de cette réforme, les socialistes jugent le geste insuffisant.
Samedi soir, le chef des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a confirmé à ses troupes qu'il s'orientait vers une participation du parti de droite au gouvernement (mais sans y participer lui-même). M. Bayrou a annoncé son intention de maintenir le très droitier ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.