«Confusion et chaos» Les faux soutiens de célébrités dans la campagne américaine

ATS

20.9.2024 - 07:46

Taylor Swift n'a pas apporté son soutien à l'ancien président américain Donald Trump; Lady Gaga et Morgan Freeman non plus et Bruce Springsteen n'a pas été photographié avec un tee-shirt «Gardons l'Amérique sans Trump». Pourtant, ces fausses informations ont été partagées sur les réseaux sociaux et polluent la campagne présidentielle américaine.

De fausses images montrent le chanteur de rock Bruce Springsteen avec un tee-shirt floqué «Gardons l'Amérique sans Trump».
De fausses images montrent le chanteur de rock Bruce Springsteen avec un tee-shirt floqué «Gardons l'Amérique sans Trump».
KEYSTONE

Ces soi-disant messages d'acteurs, de chanteurs et d'athlètes américains dévoilant leurs opinions politiques et avis sur la vice-présidente américaine Kamala Harris ou Donald Trump, souvent générés par l'intelligence artificielle (IA), se multiplient, selon des chercheurs.

Les réseaux sociaux, à l'image de X (ex-Twitter) détenu par Elon Musk qui fait tomber des garde-fous contre la désinformation, permettent à ces messages de se diffuser et leur potentielle influence sur les électeurs inquiète, à quelques semaines la présidentielle de novembre.

«Confusion et chaos»

Le mois dernier, Donald Trump a partagé des images manipulées montrant la chanteuse Taylor Swift, très populaire aux Etats-Unis, donner son soutien au candidat des républicains. Certaines de ces images portent les caractéristiques des images modifiées par l'IA, selon le spécialiste Hany Farid, alliant vraies et fausses images, ce qui rend le montage «particulièrement sournois», ajoute l'expert.

Les élections américaines de 2024

L'Amérique élit un nouveau président le 5 novembre. Mais il n'y a pas que le président qui sera élu, il y aura aussi 35 sièges au Sénat, la totalité de la Chambre des représentants ainsi que onze gouverneurs. blue News accompagne la phase chaude du duel pour la Maison Blanche non seulement avec un regard depuis la Suisse, mais aussi avec des reportages en direct des Etats-Unis.

Patrick Semansky/AP/dpa

Taylor Swift, qui compte des centaines de millions d'abonnés sur les réseaux sociaux, a en réalité soutenu la démocrate Kamala Harris la semaine dernière. Après l'annonce, Donald Trump a lâché sur son réseau Truth Social: «Je déteste Taylor Swift!»

Une base de données de News Literacy Project, une ONG américaine qui travaille sur la désinformation, a jusqu'ici répertorié 70 faux messages de personnalités apportant leur soutien ou leur rejet à un candidat. Et la liste s'allonge de jour en jour.

«En cette période de polarisation, les faux soutiens de célébrités peuvent attirer l'attention des électeurs, influencer leur vision, confirmer leurs préjugés et semer la confusion et le chaos», alerte Peter Adams, l'un des responsables de l'ONG.

Réseaux sociaux

Dans sa liste figure une image manipulée de la chanteuse Lady Gaga avec une pancarte «Trump 2024». D'autres affirment que l'acteur Morgan Freeman, critique des républicains, a dit qu'un second mandat Trump serait «bon pour le pays», ou montrent le chanteur de rock Bruce Springsteen avec un tee-shirt floqué «Gardons l'Amérique sans Trump».

«Les plateformes ont rendu cela possible», selon Peter Adams. «En faisant marche arrière sur la modération et en hésitant à retirer les fausses informations, elles sont devenues un moyen significatif pour les trolls, opportunistes et propagandistes d'atteindre un public de masse».

Surtout X (ex-Twitter), après avoir revu à la baisse sa politique de modération des contenus et rétabli des comptes diffusant de la désinformation. Son propriétaire, Elon Musk, qui soutient Donald Trump pour l'élection présidentielle, est régulièrement accusé de partager des mensonges électoraux.

Après avoir diffusé de fausses informations, des responsables américains chargés de superviser les élections ont demandé à Musk de corriger le chatbot de X, appelé Grok, qui permet aux utilisateurs de générer non seulement du texte, mais aussi des images.

«Facilitateur»

Lucas Hansen, co-fondateur de CivAI, qui lutte contre les dangers de l'IA, a montré à l'AFP la facilité avec laquelle Grok peut générer un faux message. Il suffit par exemple d'écrire comme consigne «image d'un rassemblement extérieur de femmes portant des tee-shirts 'Swifties pour Trump'» pour créer une fausse image de fans de Taylor Swift soutenant l'ancien président.

«Si vous souhaitez une situation plutôt banale où les personnes sur l'image sont soit célèbres soit fictives, Grok est un grand facilitateur» pour créer une manipulation visuelle, selon Lucas Hansen. «Je m'attends à ce qu'il soit une source importante de fausses images de soutien de célébrités».

Et, au fur et à mesure que les techniques se développent, ce sera «de plus en plus difficile d'identifier les faux», relève Jess Terry, qui travaille comme analyste chez Blackbird.AI.

«Le risque existe très probablement que des générations plus âgées ou d'autres groupes de personnes moins familières avec le développement de la technologie basée sur l'IA croient ce qu'ils voient», estime Jess Terry.

ATS