Iggy Pop au Montreux JazzUn «fucking» iguane encore bien dans sa peau, fût-elle flasque
Valérie Passello
7.7.2023
Iggy Pop, 76 ans, tient toujours la forme. Il l'a prouvé sur la scène du Stravinski au Montreux Jazz Festival ce jeudi 6 juillet. Retour sur un moment de pur punk, avec les nombreux «plus» et les quelques «moins» de la soirée.
Valérie Passello
07.07.2023, 02:03
07.07.2023, 13:57
Valérie Passello
On a aimé
L'énergie: Quand même, ce monsieur est né en 1947! Et notre petit doigt nous dit qu'il n'a pas dû boire que de l'eau ni ne respirer que l'air pur des montagnes durant sa carrière... Et pourtant, à 76 ans, Iggy Pop se roule par terre, se relève sans que cela paraisse laborieux, descend de la scène, virevolte. C'est presque surnaturel. D'ailleurs, lors de son bain de foule, certains fans du premier rang lui passaient la main sur le torse, un peu comme on toucherait un messie. C'est sûrement ça, être une icône. Et lui, c'est l'une des dernières icônes du punk.
Le personnage: Iggy Pop, c'est un torse forcément nu, donc. Sans ça, ce ne serait pas Iggy Pop. Et même s'il a du bidon, la peau de plus en plus flasque, une posture qui donne à penser qu'il souffre d'une vilaine scoliose, il n'abandonne pas la tradition: il tombe inlassablement le gilet dès les premières notes. Et manifestement, ce que l'on peut penser de son apparence, il s'en fout! Ca, à l'heure du «body positive», ça fait toujours du bien. Même si c'est un rebelle, il manie très bien le deuxième degré, il est drôle et on sait bien qu'au fond, c'est un gentil. D'ailleurs, lorsqu'un jeune garçon est monté sur scène et qu'Iggy lui a tendu le micro pour qu'il chante «Lust for Life» avec lui, on a fondu.
Le public: À l'instar du plus célèbre des iguanes, son public n'a plus vingt ans. Mais voir cette jolie grand-maman au brushing impeccable, avec son T-shirt sans manches laissant apparaître ses bras tatoués, se trémousser sur de la musique punk, ça fait quelque chose. Tout comme ce papi qui s'est penché en souriant vers sa femme pour vociférer «I wanna be your dog». Et quand la foule a entonné en choeur les «la, la, la» de la chanson «The Passenger», c'était beau.
La première partie: En ouverture des feux, ce ne sont pas moins que Billy Idol, le bassiste Tony James, le batteur Paul Cook et le guitariste Steve Jones qui jouaient sous la bannière «Generation Sex», doux mélange des Sex Pistols et de Generation X. Même si ça sonnait souvent très faux, la bonne humeur l'a emporté rapidement. Les pépés punks ont su mettre une ambiance du tonnerre!
On a moins aimé
Les fausses notes: En la matière, Billy Idol avait donné le la (qui n'en était pas un donc). Et Iggy Pop n'a guère fait mieux. «I'm sick of you», par exemple, nous a quelque peu fait friser les oreilles. Si Iggy Pop fait partie des chanteurs de légende qui ont la chance de ne pas avoir complètement perdu leur voix avec le temps, la justesse elle, manque cruellement. Et, on l'avoue: toute une soirée comme ça, c'est un peu pénible.
Les «fuck» tous les deux mots: «We share a fucking good moment in that fucking Swizerland», «fuck», «fuck», «fucking»... Ce ne sont plus des mots, c'est de la ponctuation, à ce stade. D'accord, on fait du punk. D'accord, on veut montrer qu'on rejette le système. Mais au bout d'un moment c'est bon, Iggy, on a «fucking compris» le message. Passons à autre chose.
60.-- un minimum ? Quel est ton budget pour une soirée au Montreux Jazz ?
"C'est roue libre ce soir!" Quel budget pour bien faire la fête ? blue Music a osé poser la question "money money" aux festivaliers du Montreux Jazz Festival....