Corps dans un fossé«Je l'ai frappé mais je ne voulais pas sa mort»
Gregoire Galley
20.1.2025
Deux hommes accusés de «l'enlèvement suivi de mort» de Philippe Charuel, cadre commercial dont le corps avait été retrouvé dans un fossé en Meurthe-et-Moselle, ont reconnu lundi leur implication, près de 22 ans après les faits.
20.01.2025, 13:29
20.01.2025, 13:30
Gregoire Galley
Le 20 février 2003, le corps sans vie de Philippe Charuel, qui était alors en recherche d'emploi, a été découvert dans un fossé, le long d'une route départementale à Gondreville (Meurthe-et-Moselle).
L'enquête avait permis de montrer que deux jeunes prostituées avaient déclaré avoir été importunées par M. Charuel, près de la gare de Nancy, dans la nuit du 19 au 20 février, entre minuit et une heure du matin, alors que ce dernier sortait d'un bar.
Il avait alors été embarqué dans une voiture, une BMW noire, par deux hommes, qui ont ensuite été identifiés comme étant Christian Rad et Vasile Ostas.
Après une longue cavale, les deux fugitifs, «impliqués dans le proxénétisme», selon la police espagnole, ont été arrêtés en août 2023 près de Barcelone. Ils résidaient en Catalogne depuis une vingtaine d'année, sous une fausse identité.
Faits reconnus
Questionné devant la cour d'assises à Nancy, Vasile Ostas, 52 ans, a assuré «reconnaître» les faits et s'est dit «désolé» à de nombreuses reprises. «Je l'ai frappé mais je ne voulais pas sa mort», a-t-il déclaré. «Je demande pardon à la famille de la victime» et «à la société française», a poursuivi l'accusé, de nationalité roumaine.
Dans la nuit du 19 février 2003, Vasile Ostas était avec son neveu, son co-accusé Christian Rad, et «deux filles», les deux prostituées dont ils sont soupçonnés d'avoir été les proxénètes. Ils ont «tous les quatre» frappé Philippe Charuel, a poursuivi l'accusé. Vasile Ostas a toutefois assuré lundi matin n'avoir jamais eu de lien avec le milieu de la prostitution.
Christian Rad, 40 ans, a abondé en ce sens, reconnaissant aussi avoir frappé la victime «avec les mains», en présence «des deux filles et de (son) oncle». «J'ai vu beaucoup de violence, ça a été un choc pour moi aussi, j'ai pensé beaucoup à la famille (de Philippe Charuel) toute la soirée», a-t-il dit. Tous deux se sont exprimés en français. «Un tuyau» a aussi été utilisé pour frapper la victime, selon M. Rad, qui nie l'utilisation d'un sabre, évoqué lors de l'instruction.
«Nombreuses plaies et lésions»
Après ces déclarations, une partie de la famille de Philippe Charuel a quitté la salle, quand d'autres membres se sont pris la main.
Philippe Charuel résidait à Toul, à quelques kilomètres de l'endroit où son corps a été retrouvé. Il était décrit comme «un homme sans histoires» qui fréquentait les boîtes de nuit, récemment séparé de sa femme et père d'un enfant en bas âge.
Son corps comptait une vingtaine de lésions au niveau de l'abdomen, plusieurs côtes cassées, ainsi que de «nombreuses plaies et lésions» sur le visage, avec même une fracture de la mandibule et la perte de dents, a expliqué la présidente de la cour, Thérèse Diligent.
Le jour de la découverte du corps, des traces suspectes ont aussi été découvertes dans un hôtel de Laxou, tout près de Nancy, avec une «importante tâche de sang dans le local poubelles», deux dents ou encore une montre appartenant à Philippe Charuel. Un sabre japonais était aussi retrouvé à proximité.
L'audience, qui a débuté lundi matin, devait initialement durer quatre jour, mais en raison du nombre important de témoins cités, une bonne vingtaine, le verdict n'est finalement attendu que vendredi. Les deux hommes avaient déjà été condamnés par défaut et en leur absence en 2011 à 30 et 26 ans de réclusion criminelle.