Interview Yoann Provenzano:«On va aussi jouer avec les codes de la téléréalité»

D'Aurélia Brégnac/AllTheContent

19.7.2020

Jeune figure du stand-up romand, Yoann Provenzano multiplie les projets.
Jeune figure du stand-up romand, Yoann Provenzano multiplie les projets.
RTS/Jay Louvion

Jeune figure du stand-up romand, Yoann Provenzano multiplie les projets. De ses débuts sur les réseaux sociaux à sa première tournée récemment, l’humoriste a aussi fait ses armes à la radio.

Cet été, il renouvelle l’expérience à travers une série de sketchs dédiés aux joies du camping, diffusés sur YouTube et à écouter sur Couleur 3. Il sera aussi l’une des nouvelles recrues de la rentrée TV, aux commandes de l’émission «Cash». Bien occupé, il n’en oublie pas pour autant la scène et l’écriture d’un deuxième spectacle à découvrir fin 2021… Rencontre avec l’une des étoiles montantes de la nouvelle génération de l’humour suisse.

Pouvez-vous nous présenter le concept de votre prochaine série de sketchs, baptisée «Le Camping» et qui sera diffusée cet été à la radio et sur le Web?

En fait, j’adore faire du camping depuis toujours. Je serai donc avec Alexandre Kominek, qui n’aime pas du tout ça et qui est aux antipodes du campeur - Genevois, jet-set et mocassins. Et comme on ne peut pas trop partir loin en vacances cet été - ou du moins que c’est pas trop conseillé -, on va essayer de faire découvrir les joies du camping. Et ça ne va pas forcément se passer comme prévu…

On a réussi à trouver un camping sympa qui va nous accueillir, ce sera à Estavayer. Moi, je vais dormir sous la tente, et je vais tenter de convaincre Alex, qui préférerait aller à l’hôtel… Ce sera présenté sous la forme de neuf capsules vidéo, d’environ deux minutes.

C’est donc des scénarios entre fiction et réalité…

Oui, et on va aussi jouer avec les codes de la téléréalité. On va s’inspirer un peu de ce milieu-là, et du côté confessionnal, avec des problèmes qui n’existent pas vraiment. On aura par exemple un match de pétanque contre des pros. On sait pas trop jouer, on s’engueule à propos du cochonnet…

Vous vous êtes fait connaître en 2013 au Banane Comedy Club, puis à travers les réseaux sociaux et enfin sur scène avec votre spectacle «Seul(s) dans ma tête» il y trois ans. Parlez-nous de vos débuts, comment tout cela a commencé?

Lorsque j’ai commencé les vidéos sur Internet, ça a d’abord marché localement. C’était des potes qui partageaient. Et puis, plus j’en faisais et plus les potes de potes partageaient. En l’espace de six mois, pas mal de gens se sont abonnés à ma page Facebook (jusqu’à 100 000 abonnés, ndlr). Mais maintenant, j’ai un peu abandonné Facebook parce que l’algorithme est assez décourageant. Je me suis plutôt tourné vers Instagram.
L’idée du spectacle a germé en mai 2015. J’ai en fait rencontré Stéphanie Furrer qui s’occupe du Théâtre de Poche de la Grenette, à Vevey. Là, elle me dit «je t’ai booké cinq dates au mois de janvier 2016, donc t’es obligé d’écrire un spectacle». J’ai pris un coup de pied aux fesses et me suis mis à écrire…

Et l’inspiration est arrivée tout de suite?

Oui, c’est venu tout de suite. J’avais déjà des notes dans mon téléphone, je savais de quoi je voulais parler. Mais il fallait encore trouver une trame pour le spectacle, un fil rouge. L’idée étant qu’on a plein de personnages dans la tête, et qu’au lieu d’essayer de les combattre, il faut essayer de les faire cohabiter. Il s’agissait des personnages qu’on retrouvait déjà dans mes vidéos, et qui ont nourri le spectacle.

Et la tournée alors, vous avez apprécié remonter sur scène?

C’est mon premier amour, la scène. Et je pense que ce sera toujours comme ça. Je viens de la scène à la base, les vidéos ont aidé à monter le spectacle. Les cinq premières dates étaient complètes deux mois avant la première. Du coup, j’appréhendais, parce que c’était la première fois que je présentais un vrai spectacle. L’engouement m’a surpris. Les dates à Porrentruy, dans le Jura, étaient vraiment incroyables. A chaque fois, j’ai eu un accueil de fou! Pour un premier spectacle, c’est un peu surprenant, puisqu’on n’a pas forcément l’habitude de ça. Et puis, voir que les personnes te suivent et qu’elles sont là pour t’écouter… c’est trop bien!

Quelles sont les thématiques que vous voulez exploiter dans votre prochain spectacle?

Là, je suis en train de bosser sur le nouveau spectacle et, si tout va bien, j’entamerai une tournée à partir de septembre 2021. J’ai 28 ans, donc il y a les questionnements du jeune adulte, des enfants, de comment on perçoit la vie… En fait, tout autour de toi peut être marrant, il faut juste avoir le bon angle pour voir pourquoi c’est drôle.

Justement, vous avez récemment déclaré dans un article du «Temps»: «On peut faire de l’humour avec tout, à condition de trouver le bon angle». Qu’est-ce qu’un mauvais angle selon vous?

En tant qu’humoriste, notre métier n’est pas de trouver la première ou la deuxième blague sur un sujet, mais plutôt d’aller chercher là où les gens qui ne font pas ce métier n’iraient pas forcément, de porter un regard différent. Sinon, le travail d’humoriste n’est pas abouti. On essaie de proposer un angle ou une opinion différente. Voir si ce n’est pas trop évident ou tiré par les cheveux… C’est en tous cas comme ça que j’aborde les spectacles.

Quels sont les humoristes qui vous inspirent et vous ont donné envie de faire ce métier?

Je regarde beaucoup de spectacles anglophones, comme ceux de Sebastian Maniscalco par exemple. C’est un humoriste américain que j’adore, qui me fait beaucoup rire. Je m’inspire aussi de mes potes en Suisse romande, une belle génération, avec Thomas Wiesel, Alexandre Kominek, Marina Rollman…

Justement… ami, fan, grand frère, collègue, conseiller: quelle est votre relation avec l’humoriste Thomas Wiesel?

Avec Thomas, on a commencé en même temps. Il a gagné devant moi au Banane Comedy Club (rires). On est très proches. Au-delà de collègues, je pense qu’on est surtout amis. Il relis mes textes et inversement. C’est intéressant d’échanger nos avis.



L’an dernier, vous animiez la matinale de Couleur 3, est-ce vrai que vous avez arrêté à cause de l’horaire trop matinal et du manque de sommeil?

Il y a de ça oui. C’est une quotidienne, donc il faut être présent tous les jours à la radio. Alors c’est sûr que quand tu te réveilles tous les jours à 4h30 du matin, tu peux pas aller jouer à Bienne le soir et le lendemain, être à 6h à Lausanne… Cette émission m’a fait faire un pause dans le stand-up, mais c’était super enrichissant. J’ai pu apprendre à travailler en équipe, avec Laura Chaignat notamment, car j’avais plus l’habitude de travailler seul. Le fait de devoir écrire des blagues tous les jours, ça m’a entraîné, permis de mieux saisir mon écriture, le ton que je voulais avoir. Et aussi permis d’avoir une grande exposition… c’est quand même la Matinale de Couleur 3!

Scène, radio… vous allez aussi animer une émission TV à la rentrée?

Oui, je vais effectivement intégrer l’émission «Cash», sur RTS 1, deux samedis soir par mois. Le jeu consiste à aller dans la rue, dans des manifestations culturelles, et à poser des questions aux gens qu’on rencontre. S’ils répondent juste, ils gagne 1000 francs. Le concept m’a évidemment parlé tout de suite parce que j’adore aller à la rencontre des gens. Ça me donne aussi l’opportunité de faire un peu de télé. C’est un autre exercice que l’écriture de sketchs pure: il faut de la réactivité, il y a beaucoup d’impro. C’est tout dans l’interaction.

Dans une bio «non-officielle», vous racontez vos premiers déboires avec les filles, à l’occasion d’un premier slow en 2003 au camp de ski des Crosets, et de votre premier râteau qui s’en est suivi… Ça va mieux aujourd’hui de ce côté-là?

J’ai une copine depuis 8 ans maintenant! Elle était là avant les blagues. J’ai l’impression que c’est cette relation qui m’a permis de me lancer. De me dire que cette personne me fait confiance, me trouve marrant, que c’est possible qu’il y ait d’autres personnes qui puissent me trouver drôle. J’ai trouvé quelqu’un avec qui danser le slow… Donc sur ce côté-là, oui ça va mieux! (Rires).

Et vous projetez de construire une famille ou de vous concentrer sur vos projets?

C’est pas un truc auquel on songe particulièrement. Pour l’instant, elle vient de terminer ses études, elle travaille… Là, on vient d’emménager ensemble, donc c’est déjà un «big step». On prend les choses comme elles viennent. Si ça doit arriver, ça arrivera!

A découvrir

  • «Cash», dès le samedi 29 août sur RTS 1
  • «Le Camping», diffusé dès le 13 juillet sur Couleur3 et en vidéo sur YouTube
Retour à la page d'accueil