InterviewSimon Romang: «Je suis un peu plus un sportif du dimanche!»
Aurélia Brégnac / AllTheContent
12.5.2020
On le connaissait humoriste. Il présente désormais une émission de sport. A cause de la crise sanitaire du Covid-19, Simon Romang a vu, comme la plupart d’entre nous, son agenda bouleversé. La télé a cependant fait appel à lui pour présenter «On se bouge!», un rendez-vous matinal quotidien pour motiver petits et grands à se dépenser.
Yoga, gym, Pilates… sous les directives d’un coach sportif professionnel, Simon Romang effectue les exercices – parfois intenses! – pour montrer l’exemple, non sans une pointe d’humour bienvenue. Une façon sympathique de joindre l’utile à l’agréable, pour se maintenir en pleine forme et garder le moral! Rencontre avec l’humoriste devenu coach (et cobaye)…
«Je ne suis clairement plus dans une forme physique exceptionnelle.»
On vous connaît d’ordinaire humoriste. Comment avez-vous accueilli cette idée de participer à ce rendez-vous quotidien de sport, avec des disciplines et des coaches différents chaque jour?
Ca m’a déjà rappelé de bons souvenirs de la période où j’étais prof de Pilates, à Genève et Nyon, il y a de cela 11 ans… On m’a aussi convoqué pour cela en se disant que j’avais quelques notions de mouvements. Mais je ne suis clairement plus dans une forme physique exceptionnelle. Je sais bouger un peu, mais comme je ne suis pas non plus un athlète, les gens peuvent s’identifier. Ils peuvent se dire: «Il galère aussi en faisant ça…». Je suis conscient d’être un peu rigolo quand je galère, je ne fais pas exprès d’ailleurs. Je ne fais pas non plus semblant de souffrir à certains moments car les exercices sont exigeants. J’ai trouvé que c’était un bon moyen de rigoler de moi et de faire rire les gens. Je suis naturellement énergique et de bonne humeur, et ça peut mettre une bonne ambiance pour commencer la journée.
Comment l’émission a pu se mettre en place aussi rapidement?
L’idée émerge de Martina Chyba, qui est l’une des productrices. C’est un peu le miracle des crises, quand on n’a pas du tout le temps de trop réfléchir: on trouve des solutions dans l’urgence. Martina Chyba a eu l’idée et Michael Borgognon a ensuite tout organisé. Il a trouvé l’espace et m’a appelé. Ils ont décoré la salle en un jour… La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, on prolonge l’émission jusqu’à fin juin. On est très heureux parce qu’on va pouvoir sortir du confinement avec le public. On aura ensuite peut-être de la peine à avoir des profs disponibles…
«Il y a de bonnes audiences, des retours très positifs des gens.»
Est-ce que vous prolongez en raison du succès de l’émission ou parce que l’on ne sait pas encore quand tout cela va se terminer?
Il y a un peu des deux. Il y a de bonnes audiences, des retours très positifs des gens. On a aussi adapté certains exercices aux seniors pour qui c’était trop difficile. Ca marche plutôt bien!
Concernant les seniors justement qui ne sont pas forcément connectés, vous pensez que cela offre une alternative aux vidéos de sport qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux et sur Internet? Est-ce un complément?
Oui, complètement. Mais il y a aussi un «emballage» humoristique, un ton léger… La production et le montage sont aussi plus léchés que ce qu’on peut trouver sur YouTube.
Il est question dans l’émission de booster la santé et donc le moral également. C’est dans cette optique que vous avez eu envie de participer? Pour participer à l’effort collectif tout en distrayant les téléspectateurs?
Il y a clairement ce double mandat. Et moi, j’ai peut-être plus la mission de distraire. Les profs qui interviennent, eux, donnent des exercices qui sont à la fois adaptés et exigeants pour motiver les gens.
Vous êtes aujourd’hui toujours assez sportif ou plutôt «sportif du dimanche»?
Aujourd’hui, je suis un peu plus un sportif du dimanche… on va pas se le cacher! (Rires)
Ce confinement vous a remis en forme finalement?
Oui! C’est gentiment en train de me remettre en forme!
«C’était un peu effrayant de voir l’agenda qui se vide complètement.»
On imagine que vos activités artistiques ont été annulées aux premières heures de l’épidémie, comme partout dans le monde… Comment l’avez-vous vécu?
C’était un peu effrayant de voir l’agenda qui se vide complètement. Sur mars et avril, on avait vraiment énormément de choses… je suis une des rares exceptions qui a commencé une activité pendant la crise avec cette émission. Mais ça a pris du temps pour réaliser l’ampleur des annulations: pour ma part, le spectacle, l’émission «La Puce à l’oreille», une intervention à l’EPFL…
Du point de vue personnel, comment vivez-vous cette situation exceptionnelle? Vivez-vous reclus malgré le tournage des émissions? Seul ou en famille?
J’habite avec ma copine dans son appartement à Yverdon. En dehors des émissions, on est principalement reclus, oui. De temps en temps, on prend la voiture pour aller en forêt tous les deux.
«Pendant les émissions, on fait très attention aux règles de distanciation, d’hygiène…»
Vous n’avez pas peur d’attraper ou porter le virus, pendant l’émission notamment?
Pendant les émissions, on fait très attention aux règles de distanciation, d’hygiène… On le souligne à l’image avec la présence des gels. Pendant ces deux jours de tournage, on fait attention. Mais c’est difficile d’être parfait. Je croise en général 4 ou 5 personnes et, le reste du temps, je ne sors pas trop.
Vous êtes originaire de la campagne vaudoise, vous avez grandi du grand air… Cela vous manque, serait-ce la période idéale pour y vivre?
Complètement, oui. J’ai l’impression qu’on va chercher le fait de pouvoir sortir loin des autres personnes. Donc on va chercher des endroits dans la nature où on allait plus, parce qu’on allait dans les parcs, dans les bars, dans les endroits sociaux. On choisit de se balader dans la nature, histoire de sortir mais de ne croiser personne.
Comment pensez-vous que cela va évoluer, quels résultats pour la société et plus particulièrement pour votre métier?
Je pense que les gens vont retourner aux spectacles, dans les bars et dans les événements sociaux. On se rend compte à quel point ça manque à tout le monde. Il n’y a pas de raison que les gens n’y retournent pas. Mais je pense que ça va plutôt s’articuler autour de septembre, une fois que les courbes seront vraiment redescendues. Peut-être que ça va aussi changer nos habitudes de consommation en se rendant compte qu’on peut vivre avec moins. C’est un espoir écolo de certains d’entre nous. J’espère que les cinémas rouvriront aussi bientôt, car ce sont ceux qui ont le plus peur, je crois. Les gens restent plutôt à la maison à regarder des films…
Comment voyez-vous la stratégie suisse face à cette épidémie?
C’est une stratégie assez helvétique, c’est-à-dire qu’on compte sur les citoyens et citoyennes pour bien se comporter, ne pas trop transgresser le confinement, sans être trop strict. C’est plus spectaculaire de prononcer le confinement total mais ce qui se passe ici n’est finalement pas si différent de ce qui se passe en France…
«Je pense qu’on va pouvoir en rigoler mais il faudra peut-être attendre un petit peu.»
Pensez-vous que plus tard, lorsque la crise sanitaire sera derrière nous, l’humour permettra de prendre du recul, de dédramatiser la situation, pourra-t-on faire des blagues sur ce thème compliqué, tragique?
Je pense clairement qu’on va pouvoir faire des blagues à ce sujet. Certains le font déjà. L’humour noir va venir… peut-être plus de Jérémy Ferrari ou de Gaspard Proust que de moi. Je suis plutôt dans un humour bon enfant. On avait déjà entendu des sketchs sur l’été 2003 et sa canicule mortelle. Je crois qu’on va y arriver parce que ça a touché toute la population, donc il n’y a pas de questions communautaires ou autres. Je pense qu’on va pouvoir en rigoler mais il faudra peut-être attendre un petit peu.
L’audience de l’émission est apparemment excellente. C’est une bonne surprise, et un projet que vous n’aviez jamais envisagé il y a encore quelques semaines?
Oui, je n’imaginais pas du tout ce projet. Mais j’espérais trouver un projet dans lequel je puisse travailler avec ce que je sais faire, avec entrain et bonne humeur. J’avais pensé que présenter une émission ou un jeu me brancherait bien. Mais la forme du sport, je ne m’y attendais pas trop, je vous avoue.
Et la télé est, du coup, un média qui vous intéresse davantage?
Oui, j’avais déjà la chance de faire des petites capsules dans l’émission «La Puce à l’oreille», mais assez tard le soir. Cette émission a amené une exposition plus large. Alors si ça pouvait grandir en dehors du confinement ou aboutir à autre chose, cela me plairait beaucoup!
«On se bouge!», tous les matins à 8h05 sur RTS2. A voir et à revoir sur RTSPlay.
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