19 février De favori à enfant terrible de la Reine: le prince Andrew a 60 ans

Silvia Kusidlo et Benno Schwinghammer, dpa

19.2.2020

Le prince Andrew (photographié avec sa mère, la reine Elisabeth) est considérablement encombré par son amitié avec Jeffrey Epstein.
Le prince Andrew (photographié avec sa mère, la reine Elisabeth) est considérablement encombré par son amitié avec Jeffrey Epstein.
Keystone

La reine a dû être très affectée par le retrait de Harry et Meghan de la vie publique. Pourtant, celui qui lui pose le plus de soucis est le prince Andrew: en effet, de graves accusations ont éclipsé son anniversaire à venir.

«Tic-tac, Andy, il est temps de parler!», a tweeté l’Américaine Virginia Giuffre. Sa remontrance est adressée au prince britannique Andrew, qu’elle accuse d’avoir abusé d’elle alors qu’elle était mineure. «Faites ce qu’il faut – et si ce n’est pas pour moi, faites-le pour les innombrables autres victimes [de Jeffrey] Epstein qui ont droit à la vérité!»

En dessous du tweet apparaît un avis de recherche avec une photo du membre de la famille royale et une question: «Avez-vous vu ce prince?»

Décrit comme le fils préféré de la reine Elisabeth II (93 ans), Andrew ne sera probablement pas d’humeur festive à l’occasion de son 60e anniversaire qui a lieu ce mercredi, en raison de son implication dans le scandale d’abus sexuels entourant Jeffrey Epstein.

En tout état de cause, le duc d’York n’a jamais fait partie des favoris du peuple. Ses aventures et ses maladresses sur la scène politique, comme par exemple lorsqu’il a défendu les bonus des banquiers en pleine crise économique, forment une sorte de fil rouge de sa vie. Mais sa popularité a désormais atteint de nouvelles profondeurs.

«Andy le tombeur»

Le prince, qui a autrefois servi au cours de la guerre des Malouines, a été pendant longtemps la cible des railleries de la presse britannique pour ses flirts et surnommé «Randy Andy» («Andy le tombeur»). Dès l’internat, Andrew aurait mené les assauts des garçons dans le dortoir des filles.



Plus tard, il a passé du bon temps avec des mannequins et des starlettes, notamment l’actrice américaine Koo Stark. Lorsque le public a appris qu’elle jouait également des scènes érotiques dans des films, la relation avec Andrew a rapidement pris fin.

Avec son grand amour, Sarah Ferguson («Fergie»), les choses se sont tout d’abord calmées autour du prince à l’image de playboy. Et avec la naissance de leurs filles Beatrice et Eugenie, leur bonheur semblait à son comble. Néanmoins, des aventures ont été attribuées à la joviale Fergie. Elle a finalement été photographiée alors qu’un homme – pas Andrew, mais un conseiller financier – lui suçait les orteils.

«Fergie» reste aux côtés d’Andrew

Après dix ans de mariage, le couple a divorcé. Cependant, tous deux sont toujours les meilleurs amis du monde et vivent même dans le même immeuble. Fergie défend également son ex-mari contre les allégations d’abus sexuels dont il fait l’objet. Ces derniers mois ont été difficiles pour elle et ses filles, a-t-elle confié. «Voir un homme aussi merveilleux souffrir autant… C’est le meilleur homme que je connaisse», a-t-elle déclaré au magazine «Vogue Arabia».

Virginia Giuffre affirme que Jeffrey Epstein l’a forcée à avoir des relations sexuelles avec le prince alors qu’elle était mineure. Andrew dément ces allégations. Après une interview catastrophique accordée à la BBC, à travers laquelle il espérait pourtant redorer son blason, le prince a suspendu ses fonctions royales pour le moment. Sa promotion au grade d’amiral est également en suspens.

Un détail particulièrement croustillant s’ajoute à cela: Andrew était encore ami avec Jeffrey Epstein alors que ce dernier avait déjà fait l’objet d’une condamnation. Une grosse erreur que le Prince a reconnue depuis. Jeffrey Epstein, qui aurait mis en place un réseau d’abus sexuels à New York et en Floride entre 2002 et 2005, s’est donné la mort en prison l’été dernier. Andrew affirme qu’il n’était pas au courant de ses agissements.



Aux Etats-Unis, les enquêteurs s’impatientent. Andrew avait certes annoncé en novembre son intention d’aider la justice américaine à faire la lumière sur les accusations portées contre son ancien ami Jeffrey Epstein et ses éventuels complices. Mais ces déclarations n’auraient été suivies d’aucune action.

Ainsi, le procureur américain Geoffrey S. Berman s’est présenté devant les caméras fin janvier et a accusé le membre de la famille royale de ne pas avoir tenu parole. «Le prince Andrew n’a, à cette date, apporté aucune coopération», a déclaré Geoffrey S. Berman, tout en reconnaissant qu’il était inhabituel pour lui de s’exprimer dans le cadre de procédures en cours. Dans ce cas, cependant, il était selon lui «juste» de faire part au public de cette promesse non tenue. Le FBI aurait contacté les avocats d’Andrew mais n’aurait reçu aucune réponse.

On ne sait pas exactement de quoi les enquêteurs veulent discuter avec le prince. Il est toutefois important de noter qu’il s’agit d’un interrogatoire formel en tant que témoin. Jusqu’à présent, aucune autorité américaine n’a officiellement accusé le prince de mauvaise conduite. Le nom d’Andrew ne figure pas dans l’acte d’accusation contre Jeffrey Epstein.

L’affaire Epstein n’est pas encore close

Après le suicide de Jeffrey Epstein, les procureurs de New York ont toutefois annoncé à plusieurs reprises que l’enquête se poursuivait. Il n’est pas exclu qu’elle débouche sur de nouvelles mises en examen. Et le comportement douteux d’Andrew pourrait bien renforcer les soupçons selon lesquels il pourrait être plus qu’un simple témoin.

Alors que la reine est d’abord apparue tout sourire en compagnie d’Andrew, notamment en l’accompagnant à l’église, il semble désormais avoir disparu de la circulation. Redeviendra-t-il un jour un membre de la famille royale à plein temps? C’est peu probable. Selon certaines sources, son frère aîné le prince Charles (71 ans), l’héritier du trône, prévoit de toute façon de moderniser la maison royale après la mort de la reine. La «Firme», comme se nomment les membres de la famille royale, devrait être rétrécie.

Il n’y aura pas de grande fête officielle pour le 60e anniversaire d’Andrew. Seules les cloches de l’abbaye de Westminster à Londres devraient sonner en son honneur. Il apparaîtra probablement en public à la fin du mois de mai, au mariage de sa fille Beatrice avec un homme d’affaires italien. Ce mariage sera toutefois relativement petit et ne sera pas retransmis à la télévision. Le palais de Buckingham ne souhaite pas s’exprimer sur les projets d’Andrew: «C’est une affaire privée.»

Affaire Epstein: le prince Andrew sommé de témoigner

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