Learner Tien, Danielle Collins, Ben Shelton... exercice d'ordinaire convenu, la traditionnelle interview d'après-match donnée sur le court par le vainqueur a parfois pris une tournure inattendue à l'Open d'Australie.
Jeudi 16 janvier. La nuit est tombée sur Melbourne et l'Américaine Danielle Collins vient de battre la qualifiée australienne Destanee Aiava au 2e tour, au grand dam du public local qui la siffle copieusement après des gestes provocateurs de sa part.
«Danielle, félicitations. C'étaient de sacrées montagnes russes, ce match», la lance son intervieweur après sa victoire en trois sets. Après quelques secondes où elle reste silencieuse et affiche un sourire gêné, «Danimal» empoigne le micro sous les huées.
«Vous savez, je me disais pendant le match que je pourrais tout aussi bien prendre ce gros chèque» (les lauréates au 2e tour sont assurées de toucher au moins 174'000 euros) pour réserver «de bonnes vieilles vacances cinq étoiles», lance sur le ton du défi l'Américaine.
Les sifflets redoublent et l'interview tourne court, après une seconde question sur la prochaine adversaire de Collins, à laquelle elle livre une réponse usuelle avant de s'emparer à nouveau du micro et d'en remettre une couche: «Merci les gars, je vous aime!»
Au 2e tour toujours, mais cette fois dans le tableau masculin, Learner Tien a également connu une interview hasardeuse après son exploit contre le Russe Daniil Medvedev, finaliste de trois des quatre dernières éditions de l'Open d'Australie éliminé en cinq sets par le jeune Américain.
«On n'est pas censé être aussi bon à 19 ans», commence l'ancien joueur australien John Fitzgerald, chargé de l'interviewer. «Je ne sais pas trop quoi dire», lui répond le vainqueur. «C'est la première fois qu'un match s'est conclu au super tie-break cette année» à l'Open d'Australie, le relance Fitzgerald. Vainqueur au bout de cinq sets et d'un combat de 4h48, Tien cherche à nouveau ses mots.
«Tu ne sais pas comment répondre à ça non plus, pas vrai?» le titille l'intervieweur, qui conclut un peu plus tard l'échange par une remarque un brin paternaliste: «Tu peux être fier de toi, et ta famille peut l'être aussi. Bravo, jeune homme.» Les deux hommes se serrent ensuite la main et Tien savoure les applaudissements du public.
«Pas respectueux»
Mercredi en conférence de presse, l'Américain Ben Shelton a jugé que Fitzgerald avait manqué de respect à son compatriote. «J'ai trouvé l'interview gênante», a commenté le gaucher de 22 ans après sa qualification pour les demi-finales à Melbourne.
«J'ai été un peu choqué cette semaine par la façon dont les joueurs sont traités par les diffuseurs (qui ne sont toutefois pas toujours responsables du choix de l'intervieweur, parfois désigné par les organisateurs)», a-t-il ajouté en conclusion de sa conférence de presse, sans répondre spécifiquement à une question d'un journaliste.
«On m'a fait des commentaires en interview d'après-match, du genre +Monfils pourrait être ton père. D'ailleurs c'est peut-être ton père+», a-t-il soupiré en référence aux remarques de l'ancien joueur australien Roger Rasheed après sa victoire contre le vétéran français Gaël Monfils (38 ans) en huitièmes de finale.
«Encore aujourd'hui (mercredi) on m'a demandé «+Ben, qu'est-ce que ça fait de savoir que quel que soit ton adversaire au prochain tour, personne ne te soutiendra dans le public?+», a-t-il poursuivi, avant que le tenant du titre Jannik Sinner ne le rejoigne dans le dernier carré grâce à sa victoire contre l'Australien Alex De Minaur.
«Tout ça est peut-être vrai, mais je ne juge pas le commentaire respectueux de la part d'un type que je n'ai jamais rencontré auparavant», a cinglé Shelton.
L'exception
Les dérapages restent cependant l'exception, la plupart des interviews d'après-match se déroulant sans accroc et n'étant d'ailleurs pas nécessairement centrées sur le tennis. On a ainsi demandé à Aryna Sabalenka de faire quelques pas de danse, là où l'Italienne Jasmine Paolini et la Polonaise Iga Swiatek ont été interrogées sur leurs préférences en matière de café.