La Suisse faisait partie des nations pionnières du beachvolley. La vision de ses dirigeants, qui ont rapidement voulu professionnaliser et féminiser la discipline, est devenue réalité grâce à la médaille de bronze conquise par Joana Heidrich et Anouk Vergé-Dépré.
Le beachvolley helvétique a longtemps brillé grâce à ses paires masculines, Martin Laciga/Paul Laciga, Sascha Heyer/Markus Egger et Patrick Heuscher/Stefan Kobel ayant fait partie du top 10 mondial au tournant du millénaire. Heuscher/Kobel lui avaient même offert une première médaille olympique en se parant de bronze en 2004.
La discipline est désormais pratiquée à un très haut niveau dans le monde entier, et les États-Unis et le Brésil ne sont plus autant dominateurs que dans un passé encore récent. Mais la Suisse demeure une grande nation du beachvolley européen, non plus tellement chez les messieurs mais chez les dames.
Doublement historique
La première médaille olympique d'un duo féminin suisse est doublement historique. Heidrich/Vergé-Dépré sont simplement la deuxième paire du Vieux continent à se hisser sur un podium olympique chez les dames, cinq ans après le sacre des Allemandes Laura Ludwig/Kira Walkenhorst. Etats-Unis, Brésil, Australie et Chine se partagent les 19 autres médailles olympiques.
Ancien entraîneur national et actuel patron du beachvolley au sein de la fédération suisse, Sebastian Beck explique l'exploit de la Zurichoise et de la Vaudoise notamment par «une vision» que la fédération avait eu à l'époque: tout entreprendre pour atteindre le même niveau avec les femmes qu'avec les hommes.
Bien sûr, Joana Heidrich et Anouk Vergé-Dépré doivent leur succès avant tout à leur talent, à leur travail et à leur force de caractère. Mais contrairement aux pionniers masculins de la discipline, qui s'en sont sortis (presque) seuls, elles ont pu bénéficier de structures fédérales bien plus performantes.
Gstaad, une force motrice majeure
Les duos sont désormais étroitement suivis au sein d'un Centre de performance professionnel à Berne, au siège de la fédération. Pour Philippe Saxer, directeur général de Swiss Volley, le centre – qui a ouvert ses portes en 2009 – fut «la première pierre pour que nous ne perdions pas le contact» avec l'élite mondiale.
Le fait que la Suisse soit capable de se maintenir au plus haut niveau et que de jeunes talents continuent à émerger doit aussi beaucoup au tournoi de Gstaad. Seule épreuve à avoir survécu depuis la première édition du World Tour en 2000, le tournoi bernois est un moteur pour le beachvolley helvétique et un facteur de succès.
Cinq années de travail
Joana Heidrich avait déjà frisé l'exploit en 2016 aux Jeux de Rio où, associée avec Nadine Zumkehr, elle avait manqué trois balles de qualification pour les demi-finales. Depuis, les athlètes et la fédération ont aussi beaucoup investi dans la préparation mentale. Un travail qui a certainement permis à Heidrich/Vergé-Dépré de garder tout leur calme après leur sèche défaite subie en demi-finale.
Le beachvolley s'est beaucoup développé ces dernières années, notamment chez les femmes. Ce n'est désormais plus un sport à la mode, rappelle Philippe Saxer. «Pour un petit pays comme la Suisse, cette médaille est donc d'autant plus belle», souligne le dirigeant d'une fédération qui a su évoluer et a également été récompensée vendredi pour son travail cohérent.