Défi viral «Le premier qui bouge est gay»: ce «jeu» homophobe qui a envahi les cours de récré

Marc Schaller

11.12.2024

Depuis quelques mois, un «jeu» viral s'est imposé dans les cours de récréation. Son principe? Une phrase provocante, «Le premier qui bouge est gay», lancée pour figer les participants, sous peine de moqueries. Une tendance homophobe qui inquiète.

Parti des réseaux sociaux, ce jeu s’est transformé en une mode inquiétante, séduisant aussi bien les adolescents que les adultes, de l’Afrique du Sud au Japon (image d'illustration).
Parti des réseaux sociaux, ce jeu s’est transformé en une mode inquiétante, séduisant aussi bien les adolescents que les adultes, de l’Afrique du Sud au Japon (image d'illustration).
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Rédaction blue News

Le principe de ce jeu est basique: une personne lance la phrase «Le premier qui bouge est gay», et tout le groupe doit rester immobile. Celui qui bouge en premier devient la cible de rires ou de moqueries.

Popularisé sur TikTok, ce jeu s’est transformé en une mode inquiétante, séduisant aussi bien les adolescents que les adultes, partout dans le monde. Il a même été repris par des célébrités comme Zlatan Ibrahimović, dont la vidéo a enflammé les réseaux.

Le défi s'est vite imposé dans les cours de récréation. «On joue tout le temps, mais c’est juste pour rigoler», confie à «20 Minutes» Léonie, 12 ans, qui ne perçoit pas son comportement comme homophobe. «C’est juste un jeu entre camarades, on n’a pas de problème avec les couples gays», justifie-t-elle.

Son camarade Baptiste admet néanmoins la pression sociale qu’il impose: «On n’a pas envie quand même d’être le premier à bouger. Sinon, toute la classe se moque de toi».

«Le symptôme d'une homophobie ancrée dès la jeunesse»

Si le principe peut sembler enfantin, les conséquences sont loin d'être anodines, explique auprès du quotidien Stéphane Clerget, pédopsychiatre.

D'après lui, ce jeu est le reflet d'une homophobie plus profonde: «C'est difficile d'isoler ce jeu. C'est davantage le symptôme d'une homophobie ancrée dès la jeunesse», avance-t-il. Le spécialiste ajoute: «ça n’aide pas les enfants qui peuvent être gays à s’épanouir dans une classe ou une communauté s’ils sont pointés du doigt comme ça. C’est pourtant un âge où on se construit, socialement et sexuellement».

Ce type de jeu est majoritairement initié par des garçons, assure le docteur: «Les jeux moteurs sont masculins à cet âge-là. Les filles entrent déjà dans les jeux verbaux. Ils sont donc davantage lanceur de ces défis ‹on bouge, on ne bouge pas›. Qui plus est, les contenus homophobes sont relayés surtout par des garçons. Les filles se sentent moins menacées et plus tolérantes car une fille homosexuelle ne sera pas dégenrée contrairement à un garçon qui sera estimé moins masculin s’il est homosexuel».