Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance), à nouveau en tête du Vendée Globe depuis la veille, a repris jeudi un peu d'avance à l'approche du point Némo sur ses deux poursuivants Yoann Richomme (Paprec Arkéa) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil). Du côté des Suisses, Justine Mettraux est toujours aux portes du top 10, tandis qu’Alan Roura continue sa remontée.
Quasiment à mi-distance entre la Nouvelle-Zélande et le Cap Horn, Dalin compte 56 milles nautiques d'avance sur Richomme et 79 milles sur Simon au pointage de 19h00. «Je suis en pleine forme, content d’avoir retrouvé la tête de flotte. J’ai eu 24 heures sans manoeuvre et sans changement de voiles, donc cela m'a permis de me poser et me reposer un peu», a apprécié le navigateur normand.
Après avoir mis récemment un jour et demi à réparer une voile, son bateau a retrouvé toutes ses capacités, ce qui a permis au skipper de 40 ans de parcourir presque 600 milles sur les dernières 24 heures, la meilleure performance de la flotte des 36 navires encore en course.
A l'approche du point Némo, l'endroit du globe le plus isolé des terres et zone de passage, l'avarie est particulièrement redoutée par les marins car les secours mettraient une quinzaine de jours à les atteindre par la mer.
Le trio de tête a globalement creusé l'écart d'une centaine de milles sur ses poursuivants immédiats, à l'image de Thomas Ruyant (Vulnerable), en quatrième position, à désormais 817 milles de Dalin. Le Nordiste est talonné par Jérémie Beyou (Charal) et Nicolas Lunven (Holcim - PRB). Mais après avoir passé plusieurs jours dans une zone sans vent, le groupe Ruyant va «pouvoir accélérer à partir de cette nuit, avec plus de 20 noeuds de vent et une mer plate», a assuré Basile Rochut, consultant météo.
Yannick Bestaven (Maître Coq V) est de son côté provisoirement esseulé en 7e position, à 1’024 milles du leader, après quasiment trois jours à cravacher pour ne pas être rattrapé par une zone de vent fort, avec des rafales à 50 noeuds. «Il y a quatre ans, j'ai passé beaucoup de temps arrêté au Brésil... Il va se passer encore plein, plein de choses, rien n'est rédhibitoire, même pour ceux en tête», rappelle auprès de l'organisation le tenant du titre, qui, contrairement à ses concurrents, navigue actuellement en direction de la zone d'exclusion antarctique.
Mettraux «perd ses deux aériens»
Boris Herrmann (Malizia - Seaexplorer) s'est lui emparé de la huitième place aux dépens de l'Anglais Sam Goodchild (Vulnerable), 9e, et de Paul Meilhat (Biotherm) juste derrière. A la 11e place, on retrouve toujours Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef), qui accuse environ 150 milles de retard sur le top 10.
La Genevoise sort de plusieurs jours dans une grosse dépression, où les conditions n’ont pas été tendres avec elle. «Malheureusement, elle a perdu ses deux aériens, présents en tête de mât, qui lui donnent les informations de vent. Elle a donc dû mettre la tête dans la boîte à outils pour installer ses aériens de pont», a indiqué son équipe sur Instagram jeudi soir.
De son côté, Alan Roura (Hublot) poursuit sa remontée pour figurer au 17e rang jeudi soir, à 3’196 milles de la tête. Le Genevois a retrouvé des conditions «idéales pour aller vite».
«Dans notre petit groupe, c’est un peu le concours de celui qui ira le plus vite, en mode débiles ! Après des semaines à freiner pour préserver le matériel, on a le pied au plancher. Résultat ? J’ai fait 530 milles en 24 heures. Ce n’est pas mal du tout, il y a toujours moyen de faire mieux, mais je suis content de moi», a expliqué le marin de 31 ans sur son site, estimant qu’il allait basculer dans l’océan Pacifique «la nuit prochaine».
Troisième marin suisse en lice dans cet «Everest des mers», le Zurichois Oliver Heer (Tut Gut.) est 31e, à 4’676 milles du premier.