Transféré à New YorkLe tueur présumé d'un patron de l'assurance santé incarcéré
ATS
19.12.2024 - 23:28
Luigi Mangione, soupçonné d'avoir assassiné début décembre un patron américain de l'assurance santé pour se venger contre ce secteur, a été transféré jeudi à New York où il a comparu pour la première fois devant la justice fédérale.
Keystone-SDA
19.12.2024, 23:28
ATS
Le transfert a été soigneusement mis en scène par les autorités américaines et les chaînes d'information ont montré le jeune homme de 26 ans, vêtu d'une combinaison orange, escorté lentement par des hommes des forces de l'ordre casqués et mitraillette en bandoulière, après son atterrissage à New York à bord d'un hélicoptère.
Le maire de la ville, Eric Adams, qui dirige la police de New York, accompagnait le cortège.
Le diplômé d'ingénierie, ancien étudiant brillant et issu d'une famille aisée de Baltimore, a ensuite été présenté pour la première fois devant la juge fédérale Katharine Parker, qui lui a lu les charges, dont la plus grave, le meurtre en plein quartier des affaires de New York, à l'aube du 4 décembre, du directeur général d'UnitedHealthCare, premier assureur santé privé du pays, Brian Thompson, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
Selon CNN, sa défense n'a pas demandé sa remise en liberté.
«Terrorisme»
Dans la matinée, Luigi Mangione avait comparu devant un tribunal de l'Etat de Pennsylvanie proche de son lieu d'arrestation le 9 décembre. Il n'y a pas contesté son transfert à New York et il est arrivé dans le calme, contrairement au lendemain de son arrestation où il était apparu agité et véhément, lançant les mots «c'est une insulte à l'intelligence du peuple américain».
Les poursuites fédérales s'ajoutent désormais à celles décidées par le parquet local de Manhattan, notamment pour meurtre lié à un «acte de terrorisme».
Depuis le 4 décembre, l'assassinat a provoqué de nombreuses condamnations mais aussi un déluge de commentaires haineux sur les réseaux sociaux à l'encontre des programmes d'assurance santé américains, illustrant une colère profonde à l'égard d'un système accusé de privilégier le profit sur les soins et de refuser injustement des prises en charge médicales.
Luigi Mangione a reçu de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux. Jeudi, quelques manifestants ont fait le déplacement devant les tribunaux où il a comparu, certains portant un tee-shirt à son effigie, ou une pancarte proclament: «les pratiques de l'assurance santé terrorisent la population».
D'après un document judiciaire publié jeudi par la justice fédérale, les enquêteurs n'ont aucun doute sur le fait que Luigi Mangione avait planifié son acte.
Dans un carnet retrouvé sur lui lors de son arrestation, il écrit à la date du «8/15» (15 août) que «la cible c'est l'assurance», parce qu'elle «coche toutes les cases». Au 22 octobre 2024, il ajoute: «1,5 mois. Une conférence des investisseurs est une véritable aubaine». Le matin du 4 décembre, Brian Thompson devait participer à une conférence des investisseurs.
Pas de complice
Luigi Mangione portait aussi sur lui une lettre aux autorités, dans laquelle il prend soin de préciser qu'il n'a pas de complice.
Les louanges dont il a bénéficié ont été condamnées par les autorités et la police de New York s'est inquiétée dans une note interne que Luigi Mangione devienne un «exemple à suivre».
D'après le déroulé des faits décrit par la justice fédérale, Luigi Mangione a voyagé en bus d'Atlanta à New York une dizaine de jours avant le crime et s'est installé à l'hôtel, en utilisant un faux permis de conduire.
Le 4 décembre, il sort vers 5h35 du matin, et attend sa cible pendant une heure, dans la nuit noire, devant son hôtel, avant de lui tirer froidement dessus. Il prend la fuite sur un vélo électrique, puis en taxi et parvient à quitter la ville.
Mais cinq jours plus tard, celui dont le visage partiellement masqué est apparu sur des caméras de vidéosurveillance, est reconnu par un employé d'un McDonald's dans la petite ville rurale d'Altoona, à 500 km à l'ouest de New York.
Lorsque la police arrive sur place, Luigi Mangione fournit le même permis de conduire qui a été utilisé dans l'hôtel de New York et les policiers ont retrouvé sur lui une arme similaire à celle utilisée pour tuer Brian Thompson.
Devant la justice de l'Etat de New York, il encourt au maximum la prison à perpétuité sans libération conditionnelle.
Devant la justice fédérale, les faits sont passibles de la peine de mort.