Claudius Schäfer Claudius Schäfer : "Certains clubs ont le cul entre deux chaises"

bi, ats

22.2.2021 - 14:00

Après un an de pandémie, les clubs professionnels se bousculent pour obtenir un soutien financier de la Confédération. Les politiciens ont mis sur la table des prêts, des crédits-relais, des aides d'urgence et des aides à fonds perdu pour compenser le manque à gagner en raison de l'absence de public.

Claudius Schäfer n'est pas étonné que de nombreux clubs de l'élite se passent des aides à fonds perdu.
Claudius Schäfer n'est pas étonné que de nombreux clubs de l'élite se passent des aides à fonds perdu.
Keystone

Une chose est certaine: les clubs suisses sont loin d'être ingrats. Tous ne cessent de remercier les autorités (communales, cantonale et fédérales) pour leur soutien sans faille, sans lequel ils auraient fait faillite il y a longtemps. Mais pour nombre d'entre eux, le paquet d'aides n'est pas (encore) idéal.

Ainsi, seuls trois des neuf clubs suisses de la Super League de football ont demandé à bénéficier d'une aide à fonds perdu. En hockey sur glace, 11 des 12 clubs de National League flirtent avec ces contributions, l'exception étant le Lausanne HC. Mais les présidents des clubs, qui laissent généralement les coudées franches à leur CEO, se sont sentis obligés de se réunir la semaine dernière.

Résultat, le hockey sur glace demande également aux politiciens de reconsidérer les conditions d'octroi de ces subventions. Selon leur déclaration commune, aucun club ne pourrait satisfaire pleinement aux exigences (réductions de salaire individuelles). Il n'existe pas d'obstacle comparable dans les autres secteurs.



Le football et le hockey sur glace ont proposé des solutions, invitant le Conseil fédéral à agir rapidement. Avec les aides à fonds perdu, la Confédération veut compenser les deux tiers de la perte de revenus due à l'absence de spectateurs dans les stades. Il n'y a certainement rien à dire là-dessus.

Cependant, cette aide était conditionnée par une demande de réduction de 20 % de tous les salaires les plus élevés (plus de 148'200 francs par année), et ce pour les cinq prochaines années. Tout le monde ne pense pas de manière aussi pragmatique que Marc Lüthi, directeur du CP Berne, qui considère qu'il est «normal» que ceux qui distribuent de l'argent fixent également les conditions.

Pour Claudius Schäfer, PDG de la Swiss Football League, il n'est pas étonnant que de nombreux clubs de l'élite s'en passent: «Quand on voit les conditions, il n'est guère surprenant que seuls trois clubs aient demandé de l'argent. Certains clubs ont le cul entre deux chaises», image-t-il.

Rester compétitifs

Les raisons de cette renonciation sont multiples. Le FC Lucerne, par exemple, a obtenu de nombreuses réductions de salaire de ses joueurs et ne veut pas s'engager à ne pas pouvoir augmenter ses salaires pendant cinq ans. Le FCL a contracté des prêts, mais a renoncé à une aide à fonds perdu. Le FC Saint-Gall affirme qu'il devra laisser partir ses principaux joueurs s'il veut remplir les conditions. Or, les Brodeurs veulent rester compétitifs.

C'est d'ailleurs également l'objectif des clubs de hockey sur glace. Mais lorsqu'il faut gérer une perte de 7 millions de francs comme au HC Bienne, chaque contribution financière a son importance. Les clubs de hockey ont soumis des demandes d'aide à fonds perdu car ils remplissent actuellement les conditions requises, et surtout parce qu'ils souhaitent maintenir le dialogue sur les conditions-cadres. Le mot d'ordre: les conditions sont remplies pour le moment, et on verra bien dans un ou deux ans si elles le sont toujours...



Presque tous les petits clubs de l'élite ainsi que ceux de 2e division ont également demandé ces aides à fonds perdu. Mais les conditions sont également difficiles à remplir pour eux. Par exemple, le FC Aarau n'emploie qu'une seule personne dans le segment des salaires les plus élevés.

Des clubs comme Wil et Thoune sont gênés par le fait qu'ils ont reçu de l'argent venant du paquet de stabilisation au profit de la relève et ne sont plus pris en compte pour les aides liées à la perte de revenus des spectateurs. Le HC Viège est désavantagé parce que le Parlement n'a pas pris en compte le fait qu'un club a déménagé dans une nouvelle arène plus grande et plus chère par rapport à la saison de référence (2018/19).

Bientôt un compromis

Les ligues professionnelles recherchent sans cesse le dialogue avec les politiciens, qui veulent notamment s'assurer que l'argent des contribuables n'est pas utilisé pour payer des salaires excessifs. On peut s'attendre à un compromis. Les clubs seraient satisfaits si, en fin de compte, le calcul était basé sur la masse salariale totale au lieu de la moyenne des salaires les plus élevés.

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