Les finales de l'Open d'Australie se sont jouées dans une Rod Laver Arena presque pleine avec des fans en partie non masqués, le Super Bowl devant 25'000 spectateurs. De tels événements suscitent en Suisse le désir de retrouver des émotions dans les stades.
Le public suisse attend cela depuis un an maintenant. Plus de 19'000 spectateurs avaient vibré devant un Saint-Gall – Young Boys le 23 février 2020 en Super League. Quatre jours plus tard, le FC Bâle se hissait en 8es de finale de l'Europa League devant 14'428 fans aux dépens de l'APOEL Nicosie.
Depuis lors, à l'exception de trois semaines d'ouverture partielle en octobre dernier, les sportifs professionnels évoluent devant des tribunes vides en Suisse. Et le sport suisse de haut niveau – et pas seulement le sport d'équipe – est en mode survie.
Les responsables de la Super League, de la Challenge League, de la National League et de la Swiss League partent du principe que tous les clubs survivront la première année. Mais après ? «Les prochaines années seront très, très difficiles pour de nombreux clubs», déclare Denis Vaucher, directeur de la ligue de hockey sur glace.
Personne ne sait ce qu'il adviendra ensuite. Les clubs ont contracté des prêts et des crédits-relais qui doivent être remboursés. Pour y parvenir, les clubs devraient pouvoir réaliser un bénéfice sur la saison 2021/22, qui débute en juillet pour le football et en septembre pour le hockey sur glace.
Mais personne ne peut encore dire dans quelles conditions il sera possible de jouer à l'automne. Pour passer cette crise sans trop de dommages, les clubs ne peuvent pour l'heure envisager qu'un seul scénario viable: évoluer devant des tribunes remplies à 100% de leurs capacités.
Koch: «Je m'attends à une évolution positive»
Ancien chef du département des maladies transmissibles de l'OFSP, Daniel Koch étudie actuellement tous les scénarios possibles. Depuis sa retraite, l'ex-«Monsieur Coronavirus» s'est engagé dans le sport, conseillant le CP Berne et participant à l'élaboration des concepts de protection.
Lors de la première vague, M. Koch fut le premier à s'exprimer en faveur d'un retour des fans dans les stades. Il a également fait pression en hiver pour que les stations de ski soient autorisées à ouvrir. Et il conseille actuellement l'UEFA, qui espère organiser un Euro avec des spectateurs dans douze villes cet été.
Daniel Koch s'attend toujours à des surprises avec cette pandémie, mais il reste confiant: «Je m'attends à une évolution positive vers l'été, similaire à celle de l'année dernière. Néanmoins, il reste difficile d'évaluer comment les choses vont évoluer par rapport aux grands événements», souligne-t-il.
«Et ce, pour deux raisons: premièrement, il est presque impossible de prévoir la situation épidémiologique en raison des mutations du virus. La deuxième variable est la politique. Nous le constatons tous les jours: dans les différents pays dont la situation est très similaire, nous voyons des politiques complètement différentes. L'humeur politique est aussi difficile à prévoir que l'humeur épidémiologique».
Il s'agit donc de poser différemment la question: est-il plus compliqué de laisser les fans revenir dans les stades en Suisse que d'organiser un Euro dans douze villes devant du public ? «C'est une bonne question, répond Daniel Koch. Je ne pense pas qu'il soit plus compliqué d'avoir des spectateurs dans les stades en été à l'Euro».
Parce que l'UEFA se montre extrêmement professionnelle dans tous les pays concernés. Cela aide. Mais au final, ce sont les pays et les villes qui décident de ce qui est possible ou pas. «J'affirme que ce n'est pas seulement un inconvénient que l'Euro soit organisé dans différents pays», glisse M. Koch.
En Suisse, le Conseil fédéral a fait naître certains espoirs mercredi dernier. Dès le mois d'avril, lors de la deuxième étape d'ouverture, les spectateurs pourraient à nouveau être admis – au moins à ciel ouvert. Avec masque et distance, uniquement en position assise, avec un nombre limité de spectateurs en intérieur et plus élevé en extérieur.
Combien de fans viendront ?
Les mots choisis par Guy Parmelin lors de la conférence de presse du Conseil fédéral s'appliquent également au sport. La lumière au bout du tunnel est visible, même si le tunnel semble encore long. Car lorsque les spectateurs sont autorisés à entrer dans les stades, cela ne signifie pas qu'ils reviennent immédiatement.
Ces dernières années, l'Open d'Australie de tennis avait par exemple vendu 60'000 billets par jour. Cette année, 30'000 billets par jour étaient disponibles pendant la première semaine du tournoi. Mais jamais plus de 21'000 ne sont venus... Cela a également pu être observé en Suisse. Lorsque les spectateurs ont été brièvement autorisés à faire leur retour en octobre, leur nombre est resté inférieur à ce qui était autorisé.
«Si tout le monde dit que c'est dangereux, dangereux, dangereux. Alors les spectateurs ne viennent pas», lâche Daniel Koch, qui s'attend toutefois à ce que le seuil d'inhibition baisse à nouveau rapidement. A quand un retour à la normalité ? «Dans un an au plus tard, nous aurons bien maîtrisé la pandémie. J'en suis tout à fait convaincu», conclut Daniel Koch.
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