«Oh Canada»Au seuil de la mort : Richard Gere comme on ne l'a jamais vu
AFP
13.12.2024
Richard Gere comme on ne l'a jamais vu: l'acteur américain joue un homme en fin de vie dans «Oh, Canada», film crépusculaire de Paul Schrader en salles mercredi.
AFP
13.12.2024, 08:30
Gregoire Galley
La voix off du début ne laisse pas de place au doute: on assiste aux derniers instants d'un homme. Se déplaçant en fauteuil roulant, portant une poche urinaire, les yeux mi-clos par la maladie et la douleur, Richard Gere balaye le fantasme des années 80, habillé en Armani d'"American gigolo" (tourné par le même Schrader), ainsi que l'homme d'affaires sexy de «Pretty woman».
«C'était un peu effrayant de se voir vieillir, de me voir tel que je serai dans quelques années. C'est une chose très étrange», a-t-il confié lors de la conférence de presse en mai à Cannes, où le film était en compétition.
«Mon père est décédé quelques mois avant que Paul (Schrader) ne me présente le projet. Il vivait clairement ses derniers jours, et la façon dont son esprit était confronté à de nombreuses réalités différentes, c'est ce qui m'a beaucoup touché dans ce scénario», a expliqué l'acteur.
Plus de 40 ans après leur première collaboration, le cinéaste hanté par la rédemption et l'acteur, aujourd'hui âgé de 75 ans, se sont retrouvés pour ce film en forme de bilan, adapté d'un roman de Russell Banks.
«Oh, Canada», titre d'une chanson de Neil Young, est l'histoire d'un documentariste célèbre, Leonard Fife, qui a fait sa renommée en mettant le doigt sur des scandales et par son engagement politique.
Installé au Canada avec sa femme et ancienne élève jouée par Uma Thurman, il décide, se sachant condamné, de lever le voile sur les lâchetés passées et les blessures qu'il a infligées.
Filmé en gros plan par une équipe qui veut tout savoir de son mentor, Leonard se livre, se perd, invente peut-être... Il croit se souvenir de ce qu'il a été, jeune (incarné à l'écran par Jacob Elordi, vu dans "Priscilla").
Dans ce puzzle mémoriel, le passé et le présent s'entrechoquent, le Leonard du présent refait le film de sa vie, se souvient des femmes avec qui il a été. L'occasion de revenir sur sa décision déterminante de partir au Canada pour éviter la conscription pendant la guerre du Vietnam.
Paul Schrader fait de son film une dernière confession. Celui qui a longtemps été dans l'ombre de Martin Scorsese, en qualité de scénariste, avait déjà porté à l'écran un premier roman de Russell Banks, «Affliction» (1997).