Malmenés pendant trois mois, les corps des marins du Vendée Globe sont soumis à d'importants changements autour du monde. Pour éviter d’être «fracassés» pendant la traversée, certains skippers misent sur une condition physique à toute épreuve.
«J'ai axé ma préparation sur le bonhomme, c'est moins cher que de faire évoluer le bateau», rigole le navigateur Maxime Sorel (V and B - Monbana - Mayenne) qui s'élancera le 10 novembre des Sables-d'Olonne pour son 2e tour du monde en solitaire (10e en 2020).
Ingénieur en génie civil de formation, ce marin de 38 ans, adepte de sensations fortes, a consacré une partie conséquente de son temps depuis sa dernière tentative à améliorer sa résistance à l'effort pour «garder l'esprit au clair, même dans la difficulté».
«On vit des choses difficiles sur le bateau»
Navigateur français
Monté au sommet de l'Everest en 2023, il a également participé à de nombreux trails, dont l'exigeante CCC (100 km pour 6.050 mètres de dénivelé positif) cet été, une des courses de l'UTMB reliant Courmayeur en Italie à Chamonix.
«On vit des choses difficiles sur le bateau, mais tant que ton corps va bien, tout est plus facile», résume le Malouin, arrivé sur le village du Vendée avec un motorhome tout équipé fourni par 321 Perform, souvent utilisé par le pilote de F1 Esteban Ocon.
Perte de poids
Renforcement musculaire, rameur, vélo, sauna infrarouge: Sorel passe près de trois heures par jour à s'entraîner depuis l'ouverture du village le 18 octobre pour «optimiser sa forme et son énergie au maximum» avant le départ.
Stressés par le danger et les enjeux de la course, en déficit de sommeil permanent et secoués par des chocs de plus en plus violents, les marins du Vendée Globe vivent trois mois «hyper traumatisants» pour le corps.
«Au bout de deux semaines, je devais déjà avoir perdu entre 4 et 5 kilos sur la dernière édition», se souvient Maxime Sorel, qui espère prendre un peu de poids d'ici le coup de canon pour se constituer des réserves d'énergie suffisantes.
«Il faut une bonne préparation, car il y a forcément une grosse perte de masse musculaire pendant la course», explique Yoann Richomme (Paprec Arkéa), l'un des favoris au départ, un marin calme au physique de rugbyman.
Lors d'une journée normale autour du monde, un navigateur peut passer «entre 7 et 20 heures» devant son ordi, selon lui: un mode de vie très sédentaire, renforcé par le manque de place dans des cockpits de plus en plus en fermés.
«Bon partout»
«Tu n'as pas d'autres endroits pour te poser. J'ai beaucoup amélioré mon gainage pour encaisser les vagues, ne pas souffrir du dos. Et j'ai une liste d'exos à faire pendant les accalmies pour garder la forme», raconte Richomme, qui travaille avec un coach.
A 23 ans, Violette Dorange (Devenir) a choisi d'axer sa préparation physique sur le plaisir et la variété pour affronter les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants.
Randonnée, surf, footing, sports de raquette, elle s'est programmée cinq séances par semaine depuis plusieurs mois, en plus de ses navigations. «Selon moi, il faut être bon partout, avoir du cardio, de l'endurance, des muscles», dit la benjamine des partants.
Mais même avec un bon entraînement et une volonté de fer, «on va forcément être tous fracassés à l'arrivée», prédit la Britannique Samantha Davies (Initiatives Coeur), qui prend le départ pour la quatrième fois à 50 ans.
Grande sportive, adepte de natation, de surf et de pilates, elle avait mis «plusieurs mois» à se remettre de son dernier périple autour du monde, terminé hors course en 2021. «C'est une épreuve unique, et c'est justement ça qui nous pousse à y retourner».