Cédric Doumbé Après l'épisode de l'écharde, «il a eu envie de tout arrêter»

AFP

25.10.2024 - 12:12

Tête d'affiche du MMA français, Cédric Doumbé a bien failli «tout arrêter» après le fameux épisode de l'écharde, mais l'amour de son sport l'a finalement décidé à retourner dans la cage, déclare-t-il dans un entretien à l'AFP.

En mars dernier, face à Baysangur «Baki» Chamsoudinov, une simple épine avait entraîné l'arrêt du combat et la défaite de Doumbé, la première de sa carrière en MMA. «J'étais dégoûté de subir une injustice. Et c'est à ce moment-là que j'ai eu envie de tout arrêter», explique-t-il à l'occasion de la sortie de son autobiographie «Poing à la ligne, KO 1er round» (éd. Marabout).

A la lecture de votre livre, on sent que vous n'avez toujours pas digéré la tournure des événements lors du combat contre «Baki»...

«Non, ça ne passera jamais. J'ai une règle au fond de moi, c'est la justice. Je ne pourrais jamais être injuste envers qui que ce soit, sinon, je ne pourrais plus me regarder en face. Et là, c'est de l'injustice. Si j'avais été à la place de mon adversaire, je n'aurais pas pris cette victoire. Mais ça me montre qui est vraiment l'adversaire. Et c'est assez rassurant en fait parce que j'ai combattu un mec qui avait peur, finalement. (Donc) non, ça ne passera jamais. Ce n'est pas que je n'oublierai jamais... Quand je dors, je ne pense pas à l'épine, je ne pense pas à Baki. Mais quand on me parlera de ce combat, je ne dirai jamais que j'ai perdu.»

Lors du combat suivant, vous avez réagi avec humour en entrant sur scène avec un aspirateur. Cela a-t-il été facile de rebondir avec cette autodérision?

«Oui, parce que c'est moi, ça. Je suis plein d'autodérision. Je suis plein de moqueries. J'aime me moquer des gens et j'aime qu'on se moque de moi. J'aime cette légèreté, ce manque de sérieux. Ce qui était difficile, c'était plus à la suite du combat, de réaliser que plus les jours passaient, plus le recours pour annuler cette décision allait être difficile. Ça me faisait mal parce que je réalisais que, malgré tout ce que j'ai apporté au MMA français, les gens s'en tapent. Quand je dis les gens, ce sont les instances du sport. J'étais dégoûté de subir une injustice. Et c'est à ce moment-là que j'ai eu envie de tout arrêter. J'avais envie de dire: ‹Si c'est comme ça, débrouillez-vous avec votre MMA de merde, avec votre ambiance de merde, vos combattants de merde. Il n'y a pas d'ambiance sans moi. Il n'y a rien, il ne se passe rien, c'est nul›. Après, j'aime tellement ce sport que j'ai décidé de remonter.»

A 32 ans, ressentez-vous toutefois une baisse de motivation pour votre sport?

«Ce n'est pas une baisse de motivation, c'est de la maturité. Quand on est jeune, on ne vit que pour sa passion. Et quand vient la maturité, la femme, les enfants, les impôts, les factures, on se rend compte qu'il n'y a pas que ça. On pense à l'avenir, à ce que vont devenir les enfants. On pense aussi à la santé. C'est vrai que c'est un sport assez dangereux mais quand on est jeune on n'y pense pas, on est téméraire, on se croit le plus fort du monde, ce que je fais toujours! Mais avec l'âge, le corps commence à nous rappeler ce qu'on lui a fait subir. Donc ce n'est pas une baisse de motivation, c'est une prise de conscience, (...) un détachement. Avant, c'était toute ma vie. Maintenant, je m'en tape. Je suis le meilleur, je le prouve. Mais demain, si ça s'arrête, je m'en tape. Ce n'est pas ma vie.»

Vous semblez parfois nostalgique de vos débuts...

«Je n'aurais jamais pensé dire ça parce que c'est une phrase de vieux, mais le temps passe vite. Aujourd'hui j'ai cette nostalgie, mais c'est une bonne nostalgie, je suis content de ce que je suis devenu et quand je me remémore les entraînements, les souffrances, les voyages, j'ai un sourire, mais aussi une petite larme à l'oeil qui est satisfaisante. Je me dis que j'ai galéré et aujourd'hui, j'ai tout ce que je voulais, j'ai pu acquérir ce que je chassais.»

Etes-vous déjà tourné vers l'après et la carrière d'acteur dont vous rêvez ?

«C'est un chapitre que j'ai hâte d'ouvrir, parce que le rêve que j'ai depuis petit, c'est d'être devant la caméra et de m'exprimer en tant qu'acteur. C'est quelque chose que je n'avais pas prédit, mais ma carrière de sportif m'a servi de tremplin pour ma carrière d'acteur. Donc j'espère qu'elle aura autant de succès, si ce n'est plus, que ma carrière de sportif.»

AFP