Cette phrase était-elle raciste ? «Granit Xhaka est beaucoup de choses, mais il n'est pas Suisse»

ot, ats

24.10.2024 - 17:29

«Granit Xhaka est beaucoup de choses, mais il n'est pas Suisse» : cette phrase prêtée à un journaliste vedette de la télévision SRF au sujet du footballeur Granit Xhaka peut être considérée comme raciste, estime le Conseil suisse de la presse. Non pas au sens pénal du terme, mais parce qu'elle est de nature à exclure quelqu’un en raison de sa différence.

«Il est beaucoup de choses, mais il n'est pas Suisse», aurait déclaré Sascha Ruefer au sujet de Granit Xhaka.
«Il est beaucoup de choses, mais il n'est pas Suisse», aurait déclaré Sascha Ruefer au sujet de Granit Xhaka.
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L'affaire remonte au 6 avril 2023, rappelle jeudi le Conseil suisse de la presse dans une prise de position. La WochenZeitung (WOZ), dans un article, avait alors qualifié de «racistes» les propos présumés du journaliste Sascha Ruefer dans la version brute de la série documentaire «The Pressure Game» consacrée à la prestation de l'équipe de Suisse de football à la Coupe du monde 2022 au Qatar. Sascha Ruefer aurait dit: «Granit Xhaka ist vieles, aber er ist kein Schweizer.» (Granit Xhaka est beaucoup de choses, mais il n'est pas Suisse).

Dans la foulée, une plainte avait été déposée auprès du Conseil suisse de la presse au sujet de l’article de la WOZ. D’autres médias qui avaient pu visionner la version brute du documentaire ont confirmé lors de l'enquête que la phrase prononcée était bien de la nature de celle rapportée par le journal.

Les journalistes en question avaient cependant dû s’engager à ne pas citer directement les propos du journaliste pour avoir le droit de regarder les extraits du film dans leur version originale. La WOZ, elle, s'est vu refuser à plusieurs reprises l’accès à ces extraits.

Le Conseil suisse de la presse conclut que l'hebdomadaire zurichois «n’a pas enfreint son obligation de rechercher la vérité, car les propos relatés peuvent effectivement être considérés comme racistes». Certes pas sur le plan pénal, mais parce qu'ils peuvent induire à l'exclusion de quelqu’un en raison de sa différence.

Restriction «choquante»

L'instance de plainte pour les questions déontologiques a également délibéré sur le comportement de SRF, jugé «peu compatible avec la recherche de la vérité».

SRF a limité l’accès aux informations à des journalistes triés sur le volet et leur a prescrit ce qu’ils avaient le droit de publier ou non. «De telles restrictions ont de quoi choquer, en particulier lorsqu’il s’agit d’un média comme SRF, largement financé par la redevance», relève l'organe de recours.

La SRF a rejeté toute accusation de racisme contre son journaliste. Ce dernier ne s'est à aucun moment exprimé de façon raciste sur l'homme Granit Xhaka ni sur son origine. La télévision a estimé que les dires de M. Ruefer avaient été sortis de leur contexte dans la première version du film, de sorte qu'ils ont pu être mal compris. Pour cette raison, Sascha Ruefer a retiré tous ses propos concernant le passage litigieux.

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