Un match pour l'éternité: dimanche à Doha, Lionel Messi tentera de mettre la dernière touche au chef-d'oeuvre qu'il est en train de réussir au Qatar pour offrir à l'Argentine sa troisième Coupe du monde et se faire une place de choix au panthéon du football.
Le débat est infini, mais en cas de sacre pour l'Albiceleste, il sera difficile d'argumenter que Messi n'est pas tout là-haut, accompagné des seuls Pelé et Diego Maradona. «On pourrait croire qu'on dit que Messi est le plus grand de l'histoire parce que nous sommes Argentins. Mais je crois qu'il n'y a aucun doute», a tranché le sélectionneur Lionel Scaloni mardi après le nouveau récital de son no 10.
Au-delà de son cinquième but du tournoi, le troisième sur penalty, Messi a étalé le même schéma que lors des matches précédents: la plupart du temps, il marche, il guide et il analyse; les quelques instants qui restent, il les utilise pour faire mal, très mal, comme l'a constaté le pauvre Josko Gvardiol, impérial depuis le début du tournoi et martyrisé par le génie sur le but du 3-0.
La plus belle passe décisive de l'histoire
Selon le quotidien argentin Clarin, le numéro «magique» de Messi sur cette action est «la plus belle passe décisive de l'histoire de toutes les Coupes du monde». On avait déjà pu penser ça de la précédente, offerte à Nahuel Molina face aux Pays-Bas en quart de finale.
Le journaliste radio Victor Hugo Morales, célèbre pour avoir dépeint Maradona en «cerf-volant cosmique» lors de son commentaire du fameux but du «Pibe de Oro» lors d'Argentine – Angleterre de 1986, était quant à lui encore au stade de Lusail mardi et l'action de Messi l'a de nouveau inspiré. «Arlequin merveilleux, serviteur de l'art du football, mime incroyable, capable en un seul geste de montrer la beauté du sport», a-t-il salué dans un nouveau commentaire enflammé.
Un génie
De fait, l'Albiceleste de 2022 ressemble un peu à celle de 1986, avec un génie posé au milieu des hommes, entouré de dix vaillants. «Carlos Bilardo (le sélectionneur de l'équipe de 1986) nous a dit pendant huit ans que la sélection était Maradona et dix autres. Cette équipe, c'est Messi et dix autres. Il est le meilleur du monde depuis 20 ans», a jugé Jorge Burruchaga, auteur du but victorieux de l'Argentine en finale du Mondial 86 sur une passe décisive de... Maradona.
Messi, lui, trace son chemin, de nouveau souriant mardi après être apparu sous un jour plus sombre après le quart de finale, en colère contre tous les Pays-Bas.
«Aider le groupe»
«Sur le plan personnel, je suis heureux sur ce Mondial. Je prends énormément de plaisir et j'ai la chance de pouvoir aider le groupe pour faire avancer les choses», a-t-il dit après le match.
«Aider le groupe», c'est peu dire... Avec son but et sa passe décisive de mardi, le no 10 en est à 170 matches, 96 buts et 52 passes décisives sous le maillot argentin, dont cinq buts et trois passes au Qatar.
L'ancien Barcelonais a aussi confirmé au quotidien Olé que le match de dimanche face à la France serait «sûrement» le dernier de sa carrière en Coupe du monde. «Finir comme ça, c'est ce qu'il y a de mieux», a-t-il assuré.
Dernière chance
Dimanche, le joueur du Paris Saint-Germain finira donc un parcours commencé en 2006 quand il était un gamin aux cheveux longs et qu'il avait Scaloni comme équipier. Il a aussi essayé en 2010, avec Maradona comme coach, en 2014, où il est passé tout près avec une finale perdue contre l'Allemagne, et en 2018.
«Le football doit une Coupe du monde à Messi», avait à l'époque estimé son sélectionneur d'alors, Jorge Sampaoli. C'est peut-être pour dimanche, c'est en tout cas la dernière chance.