On le mesure match après match. Lionel Messi poursuit bien au Qatar une quête messianique pour rejoindre El Pibe de Oro Diego Maradona dans la légende.
Porté par la ferveur extraordinaire de ses supporters, le no 10 de l'Albiceleste oublie ses jambes de 35 ans pour porter son équipe vers la victoire. Il fut décisif face au Mexique, lors du match qui était devenu celui de tous les dangers après la défaite contre l'Arabie saoudite, avec son ouverture du score. En quart de finale, il a réussi une passe aveugle magnifique pour permettre aux Argentins de prendre la main devant les Pays-Bas avec le 1-0 de Nahuel Molina.
«S'ouvrir les portes de l'éternité»
Lionel Messi n'est désormais plus qu'à deux victoires pour, selon les propos de son ancien coéquipier Javier Maschereano dans L'Equipe», «s'ouvrir les portes de l'éternité». Le poids de l'enjeu que seuls sans doute les Argentins peuvent mesurer pleinement explique sans doute pourquoi Lionel Messi affiche au Qatar un comportement que l'on ne lui connaissait pas.
«Qué miras bobo, qué miras? Anda para alla, bobo.» (réd: Qu'est-ce que tu regardes, abruti? Qu'est-ce que tu regardes? Tire-toi, abruti) Sur des images capturées par la chaîne argentine TyC Sports samedi soir, on a découvert un Lionel Messi inattendu et colérique face au buteur néerlandais Wout Weghorst.
Avant ce clash, Messi s'en était ainsi pris tour à tour au sélectionneur des Oranje Louis van Gaal, à son adjoint Edgar Davids, ou encore à l'arbitre espagnol Mateu Lahoz... N'en jetez plus, Lionel Messi le discret s'est mué en vrai dur au Qatar.
Il faut dire que le succès de 2021 en Copa America a conforté son statut de leader unique de l'Albiceleste et tout un peuple s'est rangé derrière le capitaine et son génie dans l'espoir de décrocher une troisième Coupe du Monde. Et de devenir enfin l'égal de Diego Maradona.
Alors qu'il est tout proche de son rêve, Lionel Messi a d'ailleurs fait mentir le «Pibe de Oro» qui, en 2016 lors d'une conversation qu'il pensait privée avec Pelé, avait fait part de ses doutes quant au caractère de son successeur."Leo est un gentil garçon, mais il n'a pas de personnalité, affirmait-il. Il n'a pas assez de personnalité pour être leader.»
Comme Roger Federer à Melbourne
Diego Maradona avait seulement oublié qu'un joueur peut être littéralement transcendé par un événement, comme il l'avait été lui-même d'ailleurs en 1986 au Mexique. Il faut entendre le public chanter sa gloire et saluer chacun de ses coups d'éclat comme s'il était un cadeau divin.
Les 40'000 supporters argentins présents à Doha sont également en passe de réussir une grande Coupe du monde. Peut-être sont-ils conscients, mais sans oser le reconnaître, que ce Mondial 2022 est celui de la dernière chance?
Même si le jeu des comparaisons est parfois absurde, cette quête de Messi au Qatar n'est pas sans rappeler celle de Roger Federer à Melbourne en 2017. Alors qu'il n'avait plus joué depuis six mois pour se retrouver à la 17e place mondiale, le Bâlois avait battu quatre joueurs du top ten – Tomas Berdych, Kei Nishikori, Stan Wawrinka et Rafael Nadal – pour cueillir son 18e titre du Grand Chelem.
Comme Messi aujourd'hui au Qatar, Roger Federer était âgé de 35 ans. Comme Messi aujourd'hui, tous les observateurs ne lui donnaient aucune chance d'aller au bout. Mais comme Messi aujourd'hui, le Bâlois a littéralement marché sur l'eau avec un public en folie derrière lui et cette force divine qu'il avait su puiser on ne sait où.
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