Trois défaites et puis s'en va... Après un ultime revers contre les Pays-Bas (2-0) et une élimination express, le Qatar s'est retiré sans gloire du Mondial 2022 mardi, avec un triste record: celui du pays hôte au moins bon parcours de l'histoire du tournoi.
Rentrés au vestiaire la tête basse, sans un point et avec un seul but à leur compteur contre le Sénégal (1-3), les champions d'Asie 2019 pourront au moins se consoler d'avoir légèrement haussé leur niveau au fil de la phase de poule, dans la foulée d'un match d'ouverture perdu 2-0 contre l'Equateur et jugé «cauchemardesque» par la presse locale.
Moins inhibés à l'heure d'affronter les Néerlandais, ils ont montré des velléités intéressantes en contre-attaque, à l'image de cette frappe de loin du capitaine Hassan Al-Haydos captée par Andries Noppert (9e).
«Nous voulions être compétitifs et nous y sommes parvenus par moments», a plaidé le sélectionneur Félix Sanchez, préférant présenter le verre à moitié plein. L'Espagnol a assuré au passage, oubliant le discours tenu avant la compétition, que les huitièmes de finale n'avaient jamais été un objectif, «seulement voir ce dont nous étions capables».
Tout au long de ce tournoi écourté, le technicien catalan a expliqué les faiblesses de son équipe par la population restreinte du pays, avec moins de 3 millions d'habitants dont à peine 15% de Qataris, sans que ce soit suffisant pour convaincre ses détracteurs de plus en plus nombreux.
«Bonne expérience»
En décalage avec les excuses présentées aux supporters par le capitaine Hassan Al-Haydos à la suite de l'élimination des siens après deux matches seulement, le milieu Karim Boudiaf voulait retenir mardi «une bonne expérience» pour Al-Annabi (les Bordeaux).
«C'est une première Coupe du monde pour nous, on est quand même content. Ça va beaucoup nous servir pour le futur», a-t-il positivé. Ses regrets tiennent surtout à la défaite inaugurale. «On savait qu'il y avait beaucoup d'attentes, on n'a pas su gérer la pression et le stress», a admis Boudiaf.
Son Mondial précocement terminé sur le plan sportif, le Qatar va désormais regarder vers la défense de son titre asiatique à domicile en 2023. Mais le départ de Sanchez, arrivé dans l'émirat en 2006 pour former les jeunes talents et promu à la tête de l'équipe nationale en 2017, est réclamé par la presse et des figures locales du foot depuis l'élimination.
«Même si c'est lui qui a mené l'équipe à l'exploit historique en Coupe d'Asie (en 2019), cela ne veut pas dire qu'il n'a pas échoué de façon inattendue» au Mondial, a par exemple tancé le rédacteur en chef du quotidien Al-Watan. L'ancien international Raed Yaqoub a lui aussi exigé le renvoi du sélectionneur et l'infusion de sang neuf.
«Déraisonnable»
Comme l'entraîneur Salman Hassan, tous mettent en cause la décision «déraisonnable pour l'équipe nationale d'organiser des camps d'entraînement à huis clos six mois avant la Coupe du monde» plutôt que de continuer à évoluer dans le championnat qatari.
Payante pour la Corée du Sud, demi-finaliste en 2002, cette stratégie ne l'a pas été pour les Bordeaux. Elle a rendu plus pénible encore la révélation de leurs faiblesses au grand jour lors du match d'ouverture.
«Mon futur, c'était ce match, il n'y avait rien de prévu au-delà. Il faudra maintenant y songer», a répondu Sanchez mardi. «Une des bonnes choses avec cette équipe, c'est qu'il y a un plan à long terme qui ne dépend pas de moi ou de qui que ce soit, mais de tout le pays.»
Avant le petit émirat du Golfe, qualifié d'office pour son premier Mondial en tant qu'organisateur, seule l'Afrique du Sud en 2010 avait été éliminée au terme de la phase de groupes, avec un parcours autrement plus honorable.
Les Bafana Bafana avait débuté sur un nul face au Mexique (1-1), avant d'enchaîner sur une défaite contre l'Uruguay (3-0) et une victoire contre la France (2-1). Ils avaient terminé à la troisième place de leur groupe, à égalité avec le Mexique mais éliminés à la différence de buts.