«Sur les vidéos, je suis un robot» Dominique Pelicot accusé par deux coaccusés de les avoir drogués

AFP

15.11.2024

De retour devant la cour criminelle de Vaucluse vendredi, après une journée d'hospitalisation, Dominique Pelicot, principal accusé au procès des viols de Mazan, s'est vu accuser par deux de ses 50 coaccusés de les avoir eux aussi drogués.

Le procès des viols de Mazan se poursuit en France.
Le procès des viols de Mazan se poursuit en France.

AFP

Pour Nizar H, 40 ans, et Christian L., 56 ans, il est clair qu'ils n'étaient pas dans leur état normal au domicile du couple Pelicot, où ils sont accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot, inconsciente, assommée d'anxiolytiques par son désormais ex-mari.

«Je me suis fait piéger», a insisté Nizar H., assurant que cette nuit du 9 au 10 octobre 2020 où il est filmé par Dominique Pelicot en train de violer son épouse, il n'était pas lui-même: «sur les vidéos, je suis un robot», a-t-il déclaré, persuadé d'avoir été drogué par le mari quand celui-ci lui a servi un verre d'eau.

Pour preuve, selon lui, cet accident qu'il aurait eu au retour de cette soirée, où il aurait cassé le pare-choc de sa voiture, et dont il n'aurait aucun souvenir.

«Moi j'y suis allé pour un couple libertin», où la femme ferait semblant de dormir, a-t-il maintenu, «jamais de la vie il m'a dit +viens violer ma femme+», a-t-il insisté, en colère.

«C'est le black-out total»

Pour Christian L., alias «Chris le pompier» sur le site coco.fr où il avait été invité par M. Pelicot, comme les 49 autres coaccusés à ce procès hors norme, la défense est la même: il a dû être drogué, sans doute quand M. Pelicot lui a servi un café, café dont il n'a cependant aucun souvenir.

«Ce jour-là (NDLR: Christian L. est un des rares à être venu chez les Pelicot en journée, le 15 janvier 2019) c'est le black-out total jusqu'à ce que je récupère ma Twingo», a-t-il assuré à la cour.

Et s'il a avoué les viols en garde à vue, c'est parce qu'il voulait que «tout cela s'arrête le plus vite possible»: «J'étais prêt à leur raconter tout ce qu'ils voulaient, et pourquoi pas que Kennedy c'était moi».

Dominique persiste: tous savaient qu'elle était droguée

Imperturbable, Dominique Pelicot a répété ce qu'il dit depuis le début de ce procès, entamé le 2 septembre: tous savaient que son épouse était préalablement droguée par ses soins, tous savaient qu'ils venaient pour la violer.

Seuls trois des sept derniers accusés ayant pu être interrogés sur les faits vendredi, les auditions de Nicolas F., 43 ans, Boris M., 37 ans, Philippe L., 62 ans, et Joseph C., 69 ans, auront lieu lundi, a annoncé le président de la cour Roger Arata en clôturant les débats.

Ce qui devrait repousser à mardi l'audition des deux fils du couple Pelicot, David et Florian, les deux seuls membres de la famille à ne pas encore avoir été entendus par la cour, à Avignon.

Une fois la parole donnée une dernière fois à Dominique Pelicot, le principal accusé, et éventuellement à son ex-épouse Gisèle, ce procès entrera alors dans une nouvelle phase, au plus tôt mercredi: celle des plaidoiries. La parole sera d'abord donnée aux avocats des parties civiles, puis aux deux représentants du ministère public, et ensuite aux avocats des 51 accusés.

Après avoir donné une dernière fois la parole aux accusés, la cour se retirera ensuite pour délibérer, pour un verdict attendu le 20 décembre au plus tard.